
Le 8 mars 2022, lors de la Journée internationale des droits des femmes, la Ville d’Alençon (Orne) avait lancé une démarche de féminisation de divers lieux et bâtiments publics sur la ville.
« Il s’agit de replacer les femmes dans l’Histoire et dans l’espace public », a annoncé Patrica Roussé, conseillère municipale en charge de la délégation à la lutte contre les discriminations, les exclusions et les violences faites aux femmes.
Cette initiative faisait notamment suite à l’interpellation du Collectif Droits des femmes de l’Orne, au printemps 2021, sur le fait que « 3 % des noms de rue d’Alençon portent le nom d’une femme ».
Une liste de 240 noms de femmes
Durant cette année 2022, les habitants ont été associés à cette décision publique, « en les invitant à proposer des noms de femmes ayant marqué l’Histoire par leur parcours, leurs engagements et leurs actions, locales ou non, afin de nommer à titre d’exemples, des espaces, parcs, établissements… »
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De la consultation (numérique ou lors de réunions publiques), il est ressorti « l’équivalent de 240 noms de femmes ».
Aussi, « tout au long de ce mandat », divers lieux et bâtiments publics de la ville seront nommés « grâce à cette liste produite par les habitants d’Alençon », a précisé l’élue d’Alençon lors du conseil municipal de lundi 6 février.
En ce début 2023, trois sont d’ores et déjà attribués.
La fondatrice d’une pouponnière
Le square de La Poste, situé rue du 49e Mobiles, est ainsi dénommé square Gisèle Halimi, du nom de l’avocate, militante et écrivaine franco-tunisienne, qui a œuvré pour la cause des femmes.
Pour le parvis de la gare, sans nom, car nouvellement créé dans le cadre du programme « 31, le Grand Projet », il a été retenu le nom de « parvis des Résistantes » en raison « du grand nombre de femmes résistantes proposées lors de la consultation et de la situation de ce parvis, place de la Résistance et à proximité de la stèle commémorant les 50 ans de la libération d’Alençon ». Un panneau sur lequel figureront les noms des résistantes locales sera apposé sur le parvis.
Enfin, le relais petite enfance, structure d’accueil et d’information pour les familles et les assistantes maternelles gérée par la Communauté urbaine d’Alençon et dont la construction a été achevée en 2019, n’avait, lui non plus, pas encore de nom. Il est dénommé relais petite enfance Andrée Né. Sage femme à Alençon, elle fut la fondatrice de la pouponnière de Lancrel en 1940.
Le collectif des Droits des femmes content
Cette décision du conseil municipal ravit le collectif Droits des femmes de l’Orne. « Ce projet remonte au printemps 2021 quand nous avions constaté que 3 % seulement des rues d’Alençon portaient le nom d’une femme. Nous avions alors lancé une balade féministe que nous avons réitérée lors des journées du matrimoine de septembre 2021 et 2022 », confie Christine Coulon, féministe de ce collectif.
Le collectif Droits de femmes avait alors proposé « soit d’accoler le nom d’une femme au nom de la rue, soit de changer le nom ».
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Le 7 mai 2022, le collectif des Droits des femmes de l’Orne avait mené une action militante au square jusqu’alors communément appelé « de La Poste » pour le rebaptiser square Gisèle Halimi, « une des femmes historiques du mouvement féministe qui s’est notamment battue contre le viol des femmes et pour l’avortement ! »
Les militantes du collectif s’affichent donc « fort contentes » de ce choix de nom.
Quand on a une volonté militante politique et un interlocuteur qui entend, ça donne ce genre de bonne nouvelle !
« D’autant que dans d’autres villes, des noms de femmes qui apparaissent comme non consensuelles ne sont pas retenus. Nous, on considère que ces femmes ont leur légitimité et nous sommes vraiment heureuses qu’elles soient retenues ! »
Angélique du Coudray pour le futur hôpital ?
Pour autant, elles restent mobilisées. « Ce n’est qu’une étape, nous sommes loin de la parité ! Et nous avons toujours des bâtiments publics sans nom. Nous avons proposé pour le futur hôpital, le nom d’Angélique du Coudray, sage-femme savante et enseignante, pour la future maison médicale de La Providence : Simone Iff, militante du droit à l’avortement et à la contraception et qui a œuvré pour le mouvement français du Planning Familial. Il faut inciter la municipalité à continuer et à penser aussi à des femmes autrices. L’une d’elles vient de décrocher le Prix Nobel ! Mais il y a aussi. La liste est longue ».
Celle des bâtiments publics d’Alençon sans nom, aussi.