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A Cysoing, un jeune couple de vitraillistes allume la lumière dans une obscure usine

Rencontre à Cysoing avec un jeune couple spécialiste du vitrail.
Rencontre à Cysoing avec un jeune couple spécialiste du vitrail. (©Jean-Louis Pelon/Lille Actu)

Ce sont de vrais artistes. A Cysoing, près de Lille (Nord), un couple a investi une ancienne usine pour donner vie – couleurs, formes, lumières – aux vitraux et aux projets de vitraux de leurs clients.

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Maître-verrier

Thomas, maître-verrier originaire de Templeuve-en-Pévèle, s’est installé, avec son épouse Emma (« ma meilleure apprentie ! »), en 2015 dans la partie la plus au sud des ex-Établissements Bergerot, à l’entrée de Cysoing (en venant de Lille).

Désormais, si la moitié de l’activité professionnelle du ménage est consacrée à la création, l’autre est dédiée à la rénovation de vitraux anciens. En effet, l’une des caractéristiques de notre région, notamment la métropole de Lille, est la quantité, supérieure à la moyenne nationale, de vitraux décoratifs à l’intérieur de demeures privées, et ce depuis le XIXe siècle.

Tout en gardant une symbolique originellement sacrée, le vitrail est devenu un art aux usages de plus en plus profanes.

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Le verre, matière-lumière

Thomas a commencé par étudier à St-Luc (Tournai), à La Cambre (ENSAV Bruxelles) et au Centre International du vitrail (CIV Chartres), puis « s’est formé sur le tas », dit-il. Emma et Thomas ont bénéficié des conseils d’autres vitraillistes de diverses villes, notamment Paris.

Leur singulier atelier – environ 200 m2 au sein d’un immense entrepôt – est divisé en deux «cellules». D’abord, une salle au plafond surbaissé où se logent deux fours (pour petites et grandes pièces de verre), la « bibliothèque de verres » (certains fort rares), les outils à main (fers à souder à l’étain, diamants de coupe, pinces à gruger, ciseaux à 3 lames…), deux tables (découpe et mise en plomb), cabine de sablage, une étuve pour verres texturés et moules en plâtre, etc.

Aux murs sont accrochées réalisations en cours et photos de vitraux déjà posés. Un festival de figures et de coloris qui miroite d’inventivité !

Dans la deuxième pièce, stupeur ! Le plafond des sheds doit être à 10 m au-dessus de nos têtes ! « Oui, nous avons un atelier d’hiver et un atelier d’été, le premier chauffable, l’autre non ! », sourit Thomas. De beaux fauteuils et une sorte de balançoire, pour recevoir les client(e)s, un coin-atelier de ferronnerie-emboutissage (« Je travaille aussi le métal, mais sous-traite les soudures ») côtoient une graveuse laser pour découpe des cartons et gravure sur verre (en cas de motifs délicats), une grande table lumineuse (pour la peinture ou l’émaillage sur verre), un échafaudage de 8 m de haut !

Oui, si ce maitre-verrier travaille à 80% pour des propriétaires privés, il reçoit également environ 20% de commandes de mairies qui se soucient des vitraux de leurs hautes églises.

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Militants modernes de la Tradition

La clientèle ne manque pas : arrivent souvent des projets hors de l’ordinaire, par exemple les vitraux jamais entretenus d’une chapelle familiale XIXe au cimetière de Roubaix, des vitraux Art Nouveau à compléter dans un hôtel particulier en lien avec la « Maison Coilliot » à Lille, etc.

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Ils restaurent mais selon un strict protocole « réversible ». Ce métier d’art requiert un savoir-faire manuel autant qu’une expertise intellectuelle : recherches documentaires, observation approfondie des chefs d’œuvre légués par les Anciens, dialogue avec les autres formes d’art et d’artisanat… Au-dessus de leur réserve de baguettes, de vergettes de « plombs à âme en H », ils ont affiché un panneau : « Requiem for the lead (pour le plomb)».

Le « Syndicat français des vitraillistes » s’oppose en effet à une directive européenne leur interdisant ce métal déformable, pourtant traditionnel dans leur art depuis… 1000 ans !

Plus d’infos sur le site atelierthomasmasson.fr 

Jean-Louis Pelon

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