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À Rouen, Lydie Turco crée une expo photo pour que la mémoire vive

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Lydie Turco devant son exposition à la bibliothèque Simone-de-Beauvoir de Rouen (Seine-Maritime) le 10 février 2023. (©JH/76actu)

L’histoire des réfugiés espagnols en France à la Retirada en 1939 est méconnue. C’est le sujet choisi pour le dernier projet de la réalisatrice et photographe documentaire rouennaise Lydie Turco.

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Son exposition, dont le dispositif allie photographies et récits, a été inaugurée le 10 février dernier à la bibliothèque Simone-de-Beauvoir de Rouen (Seine-Maritime) avant qu’elle ne tourne pendant trois ou quatre ans en France et en Espagne. Interview.

La photo pour raconter les réfugiés

Actu : Votre exposition est un travail documentaire sensible qui révèle, au sens photographique du terme, une histoire tue…

Lydie Turco : C’est l’histoire de l’accueil indigne en France de la communauté espagnole fuyant le fascisme en 1939. Un exil républicain d’après-guerre appelé Retirada. Les femmes et enfants sont séparés des hommes à la frontière. Les réfugié.es sont baladés de camps en centres d’hébergement…

L’idée est de mettre à jour ces espaces oubliés, complètement inconnus, et cette mémoire des déplacés passée sous silence.

Lydie Turco

Pourquoi ce mélange de photographies, d’archives et de récits est presque clinique ?

: Les récits sont très factuels et les photos très frontales. Je voulais que ce soit le plus brut possible pour créer ce choc de mémoire.

Comment avez-vous travaillé l’aspect historique de ce projet au long cours ?

: C’est un projet qui m’a pris un an et demi. Maëlle Maugendre, une historienne, m’a accompagnée sur ce projet, notamment aux archives départementales et avec les universités Paris 8 et 10. C’était important pour ne pas faire d’erreurs, pour reconstituer au plus juste cette histoire, être sérieux dans le travail de mémoire, au-delà du travail artistique.

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Près de 100 personnes sont venues au vernissage de l’exposition, parmi lesquelles les adjointes Laura Slimani et Marie Andrée Malleville, la conseillère municipale Elizabeth Labaye ou encore le conseiller culturel de l’Ambassade d’Espagne Roberto Varela. (©JH/76actu)

Un de vos personnages dit : « On se rend compte que l’exil coule dans nos veines ». C’est aussi votre cas ?

: Ça part effectivement de mon histoire personnelle : mes grands-parents ont fui l’Espagne, mon grand-père était un combattant républicain. Je pouvais relier les choses avec le passé. Tout se tient : mes engagements personnels sont le fruit de cette histoire transmise de manière inconsciente.

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Pourquoi avoir mélangé photo numérique et argentique ?

: Pour allier le fond et la forme : j’ai photographié en couleur et en numérique les traces des lieux d’accueil à notre époque et à la chambre photographique des années 50 les lignées. On a scénarisé les portraits de famille, travaillé sur la temporalité de la lignée familiale. J’ai laissé les descendants de réfugiés choisir comment poser : ils sont parfois peu, parfois beaucoup, montrent des portraits des disparus ou des objets qui symbolisent leur région d’origine.

L’usage de la chambre photographique est très technique. Il faut compter une heure pour une prise de vue, rajouter le temps de développement. C’est très cher et ça prend beaucoup de temps.

Lydie Turco

Votre travail a permis de retrouver ce type d’endroit à Rouen ?

: Oui, deux lieux d’accueil : au Mont-Gargan et à Saint-Sever. D’ailleurs, la Ville de Rouen réfléchit à un lieu de mémoire – une plaque ou quelque chose de plus original – pour commémorer ces lieux marqués par l’histoire de l’accueil de ces réfugiés espagnols.

Exposition Stratégie de l’effacement, jusqu’au 31 mars à la bibliothèque Simone-de-Beauvoir, Pôle culturel Grammont, rue Henri II Plantagenêt, à Rouen.

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