Au lycée Montaigne, ses tenues vestimentaires, ses coupes et couleurs de cheveux détonnaient déjà avec celles de ses camarades du même âge. « Sa personnalité ne laissait personne indifférent : son caractère extravagant oscillait entre conscience d’un talent précoce pour les choses artistiques et manque de confiance en lui, en quête d’une véritable identité. Collégien, il avait été très vite en contact avec le monde du spectacle grâce à son parrainage par la comédienne Jacqueline Maillan. »
« Il valorisait toujours ceux qui l’entouraient »
Le quinquagénaire indique que le jeune Palmade, « valorisait toujours ceux qui l’entouraient », « donnait beaucoup avec sincérité » et qu’il était « très enthousiasmant d’être à ses côtés ». « Ayant fait partie un temps de ses tout proches, notamment pour les tests de ses premiers sketches dans son appartement, j’ai aussi participé à son groupe de musique, où nous répétions dans la cave de sa mère, quartier Nansouty [son père est mort quand il avait 8 ans, NDLR]. Je me souviens de quelqu’un de très sensible, voire d’imprévisible s’il se sentait blessé. Nos chemins s’étaient séparés. Et un jour, nous avons eu l’occasion de nous recroiser à Paris dans une boîte de nuit, où le contact s’était renoué spontanément… Mais il semblait évident que le contexte de ses nuits parisiennes, qui lui étaient alors chères, nous éloignerait durablement, pour ne pas dire définitivement. »
« Je me souviens de quelqu’un de très sensible, voire d’imprévisible s’il se sentait blessé »
Cet ancien ami, qui habite aujourd’hui à Poitiers, espère que le procès à venir ne sera « pas à charge contre l’artiste » mais plutôt « l’occasion de mettre en lumière l’horreur de ce type d’accidents et l’usage de nouvelles drogues dont nous ne parlons pas suffisamment ». « Les hordes de donneurs de leçons ne devraient pas se jeter impunément sur sa position fragile, d’autant que le Pierre que j’ai connu était un être bon, et il ne peut avoir changé dans sa nature profonde. »

Michel Lacroix
Au lycée Montaigne, Pierre Palmade a aussi marqué les enseignants qui l’ont approché et qui n’ont jamais oublié son talent naissant : « Je ne l’ai pas eu comme élève mais j’étais en relation avec lui jusqu’en prépa HEC, qu’il a quittée après un an pour s’adonner à sa passion, le théâtre. Il avait écrit des pièces et j’amenais mes élèves assister à ses représentations à Barbey. C’était brillant », se souvient Marie-Hélène Menaut, professeur agrégée de lettres classiques au lycée Montaigne, aujourd’hui à la retraite.
« C’est un gâchis monumental. Il a semé le chaos alors que c’était un être de lumière »
Une Bordelaise, qui fut un temps très proche de l’artiste au lycée Montaigne, a confié à « Sud Ouest » sa peine, préférant conserver son anonymat. « Quand il est parti à Paris, c’était un mec combatif. Pour moi, c’est un artiste maudit. J’ai l’impression qu’il n’a plus de valeurs dans sa vie. Cette affaire est triste et sordide, je pense surtout aux victimes de cet accident, à la maman qui a perdu son enfant. Et aussi à la famille de Pierre. »
Mardi, dans un communiqué, l’une de ses sœurs, Hélène Palmade, qui habite toujours Bordeaux, avait fait savoir que son frère « avait honte », « priait » et « demandait pardon » aux victimes. « Il a choisi un tournant dans sa vie, qui l’a mené où il est arrivé. C’est un gâchis monumental. Il a semé le chaos alors que c’était un être de lumière », pense son amie du lycée.