Home En bref Alençon. Entre clichés et réalité, en quoi consiste la vie de forain aujourd’hui ?
En bref

Alençon. Entre clichés et réalité, en quoi consiste la vie de forain aujourd’hui ?

forains
Eric Guéneau et Raymond Rech démontent les clichés qui collent à la peau des forains. ©L’Orne hebdo

Comme chaque année, la fête foraine a pris ses quartiers sur l’esplanade du Hertré, près du parc des expositions d’Anova. Environ 80 forains venus de toute la France font étape à Alençon pour trois semaines au moment de la Chandeleur. Mais la vie de forain, aujourd’hui, elle ressemble à quoi ?

Eric Guéneau est bien placé pour le savoir. Forain depuis plusieurs générations, ce gérant d’un manège pour enfants est habitué aux railleries sur son métier. 

Des clichés qui collent à la peau

« Les clichés persistent ! », s’exclame l’homme. « On nous pense taquins, machos, festifs… Pourtant, nous sommes juste des commerçants indépendants. »

« Les gens pensent que l’on se suit tous, mais non ! », assure le professionnel. « Quand les fêtes se suivent, on s’emboîte le pas, mais sinon, nous sommes indépendants », explique Eric Guéneau qui revient de Granville tandis qu’à ses côtés, Raymond Rech, industriel forain lui aussi, rentre de La Flèche.

« Cet été, j’étais dans le Sud », ajoute-t-il. « On change beaucoup d’endroits, mais on essaie d’établir une région, un parcours prédéfini. » Et c’est ce qu’il aime dans son travail. « Nous avons certes des obligations, mais aussi une certaine liberté. »

Leurs obligations ? « Faire perdurer les traditions ! » La fête de la Chandeleur alençonnaise en fait partie.

Une vie compliquée

Si les deux hommes aiment leur métier, ils s’accordent à dire que « la vie de forain est une vie très compliquée ». « Surtout avec des enfants ! », notent-ils.

Les enfants de forains déambulent d’école en école, d’ami en ami. Avant d’embrasser, bien souvent, la carrière de leurs parents. « C’est compliqué pour l’intégration », admet Eric, « au niveau de l’administration aussi ».

« Nous ne sommes pas assez reconnus par l’État », regrette-t-il. « Car être commerçant indépendant c’est moins glorieux, on a moins de pouvoir qu’un commerçant sédentaire. » Pas de syndicats « aussi forts que la CGT » pour les soutenir, par exemple.

Malgré les difficultés, hors de question pour Eric ou Raymond d’interrompre leur « métier plaisir ».

Arrêter, ça serait un crève-cœur ! C’est une tradition familiale, nous faisons ça de génération en génération. C’est un mode de vie.

Eric Guéneau

Faire vivre la commune

« On fait vivre les gens pendant un mois », rappelle Raymond.

La fête foraine est un endroit public pour se divertir, on est accessible, ce n’est pas comme les parcs d’attractions où il faut payer pour entrer ! Ici, les manèges ne sont pas une obligation.

Raymond Rech

S’ils font vivre les habitants, ce sont les petits commerçants des alentours qui peuvent se réjouir, eux aussi. Car lorsqu’une centaine de caravanes s’installe pour un mois, les dépenses vont bon train. « On n’est pas juste là pour prendre votre argent et repartir ! »

Pourtant, faire sa place en ville reste une des principales difficultés de la vie de forain. « Beaucoup de mairies refusent que l’on s’installe. Mais quand on arrive, notre venue est autorisée, on ne s’installe jamais par moyen de force. »

Se faire sa place malgré les préjugés

« Les mentalités sont différentes selon les endroits », attestent les professionnels de la foire. « Nous restons très bien accueillis dans la plupart des villes ».

Si certaines communes restent réticentes à leur venue, les industriels forains ne se voilent pas la face, ils savent pourquoi.

Les gens ont une mauvaise perception de nous. On arrive avec nos grosses caravanes… Mais elles ne sont pas plus grandes qu’une maison !

Leurs belles voitures, un autre sujet qui fait jaser… « Nous n’avons pas tous des voitures hors de prix ! Et pour ceux qui en ont, c’est parce que nous passons beaucoup de temps sur la route ». Leur patrimoine circule avec eux.

« De toute façon, en France, quand vous réussissez, on vous jalouse », glisse un forain occupé à retaper son matériel.

Les préjugés sont ont encore la peau dure… « On ne voyage pas avec toute notre famille », sourit Raymond Rech, qui parcourt les foires avec sa femme et son bébé. « On nous imagine souvent avec les parents, les frères et les sœurs, mais majoritairement, ce n’est pas le cas ! Si toute la famille est foraine, nous sommes souvent dispersés. »

Une vie de famille, couplée à une vie avec le voisinage. « On ne vit pas les uns sur les autres, mais les uns avec les autres ».

Related Articles

En bref

Abbeville. Le lycée St-Pierre s’illustre au concours d’expression orale

Les participants du concours avec les membres du jury et les organisateurs....

En bref

A Rennes, son chien se coince sous terre : la frayeur de cette propriétaire

Jaede, avec sa propriétaire Mathilde, juste après avoir été sortie par les...

En bref

Fête des Bœufs Gras 2023 à Bazas : les images d’une édition record

La place de la cathédrale de Bazas était bondée à l’occasion de...

En bref

Villers-sur-Mer : vaste opération de secours pour deux promeneurs en diffculté

Les pompiers ont récupéré les promeneurs sur le port de Dives-sur-Mer (Calvados)....