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Après le séisme, les Kurdes du Mantois craignent que l’État turc détourne les dons

La communauté kurde du Mantois, avec au premier plan son porte-parole, Sahin Polat, se rassemble au centre culturel de Mantes pour suivre l’actualité.
La communauté kurde du Mantois, avec au premier plan son porte-parole, Sahin Polat, se rassemble au centre culturel de Mantes pour suivre l’actualité. (©Renaud Vilafranca)

La solidarité s’organise dans le Mantois, une semaine après qu’un puissant séisme a frappé la Turquie, faisant 33 000 morts, un bilan qui ne cesse d’évoluer au fil des jours. La diaspora de ce pays, bien implantée dans ce secteur des Yvelines, centralise les dons pour les expédier en zone sinistrée.

Vêtements, denrées, médicaments affluent notamment au centre culturel Franco Kurde de Mantes-la-Jolie, basé tout près de l’Agora. Le Kurdistan, région du sud du pays, a justement été particulièrement ravagé par ce tremblement de terre.

Sans nouvelles de leurs proches

Dans la salle principale du centre culturel, tout le monde a les yeux rivés vers les chaînes d’informations turques. Personne ne parle. À l’écran, défilent les images de villes dévastées, de bâtiments par terre. Ces paysages rappellent amèrement à certains leurs terres d’enfance. Crispés, nombre d’entre eux attendent désespérément des nouvelles de leurs proches bloqués sur place.

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« Je connais plein de gens ici dans la région qui ont perdu des frères, des sœurs, des cousins, des neveux, morts sous les décombres ou disparus. »

Sahin PolatPorte-parole de la communauté dans le Mantois

« La solidarité s’est mise en place spontanément. Dès le lendemain du séisme, les gens venaient nous déposer des dons. Pour l’argent, on conseille aux gens de donner directement à la Croix Rouge kurde, la « Roja sor », depuis leur site Internet », poursuit-il. Jeudi dernier, jour de notre passage, un camion rempli de dons était stationné à Freneuse en attendant de prendre la route pour la Turquie.

Nos interlocuteurs reçoivent de leurs proches sur place des images du désastre. Ici, un village près de Kahramanmaras.
Nos interlocuteurs reçoivent de leurs proches sur place des images du désastre. Ici, un village près de Kahramanmaras. (©D.R.)

L’aide humanitaire serait difficile à organiser depuis la France, dénonce-t-on au sein de la communauté kurde du Mantois. « Nous nous sommes rapprochés des autorités étatiques françaises et d’associations sur place pour organiser la redistribution à la population. Le gouvernement saisit tout à la frontière. Je crains qu’il ne privilégie le peuple turc au détriment des Kurdes », déplore Sahin Polat, qui conseille à ceux qui veulent aider d’adresser leurs dons à des associations reconnues en France, comme le Secours populaire, le Secours catholique.

Pillages à la frontière ?

H. (elle a souhaité rester anonyme), une trentenaire d’origine kurde vivant à la frontière des Yvelines et l’Eure, compte beaucoup d’amis sur place. « Ils vivent à Kahramanmaras, l’épicentre, et à Diyardakir, qui a bien été frappée. Je suis en contact avec eux par Whatsapp tous les jours, témoigne la jeune femme. Il y a des blessés mais pas de mort dans mon entourage. Mais tout le monde n’a pas cette chance. On m’a parlé d’un village de 300 personnes où on n’a retrouvé que deux survivants. »

Des régions sont sous la neige. Ce qui ne facilite ni le travail des secours, ni la survie des sinistrés.
Des régions sont sous la neige. Ce qui ne facilite ni le travail des secours, ni la survie des sinistrés. (©D.R.)

Sur la base des récits de ses proches sur place, H. affirme que l’État turc ne remplit pas sa mission. « Les secours ne s’aventurent pas dans certains villages reculés et difficile d’accès, surtout en zone kurde. Des endroits sont complètement sous la neige aussi. Ça ne facilite pas la survie des sinistrés. »

En colère, elle aussi pointe du doigt l’organisation de la redistribution des dons par l’État : « Quand les camions arrivent à la frontière, les autorités pillent le chargement pour s’approprier ce qu’il y a de mieux. »

Un point sur lequel tous nos interlocuteurs interrogés s’accordent aussi, c’est sur le bilan humain, « largement sous évalué » selon leur point de vue.

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