Mais l’expérience a viré au cauchemar. Tout commence en 2020, quand cette ferme à rénover tape dans l’œil du couple. « À l’époque, nous ne vivions pas sur place, alors nous avons cherché un entrepreneur qui faisait des rénovations, se souvient Olivier. On est allé voir des chantiers qu’il assurait en Charente. En août 2021, on a signé avec lui un devis sur 500 000 euros et il devait tout faire. »
Dans la foulée, des démolitions sont entreprises, car certains bâtiments étaient dans un état précaire. Une partie du paiement est alors réalisée.
Départ des ouvriers
Les choses commencent à se gâter début 2022. « Les ouvriers étaient mécontents. Le 7 janvier, tout le monde est parti. L’entrepreneur nous a demandé de repayer 40 000 euros, mais on a refusé. C’est là qu’il a commencé à nous menacer. » Sur ces entre-faits, le couple rencontre des clients dans la même situation qu’eux, surtout des Anglais de la région. « On a tout arrêté et compris qu’on venait de se faire arnaquer. » Une plainte est déposée au parquet de Bergerac. Mais les autres victimes ne suivent pas, en raison de la faiblesse des montants prélevés.

Stéphane Klein/« Sud Ouest »
Olivier et John prennent alors la décision d’engager un avocat, dans le but d’être remboursés des sommes versées alors que la rénovation n’a été qu’à peine commencée. Mais impossible de retrouver ce fameux entrepreneur. « Tout a été très bien organisé : peu de personnes l’ont vu physiquement. Et même dans la ferme, les travaux n’étaient faits qu’en apparence : il y avait du plâtre stocké, mais tout est parti avec les ouvriers. »
Menaces
Au total, les clients ont dépensé 335 000 euros, et estiment que seulement 100 000 euros de travaux ont été réalisés par ce quadragénaire polonais. « Et encore, la maison est dans un état… », se désole Olivier. « Il y a une grange avec quelques cloisons, deux portes-fenêtres et quelques parties démolies. »
« Je n’imaginais pas qu’on puisse ruiner les gens comme ça »
Me Alexis Tordo, qui défend les victimes, a reçu un classement sans suite du parquet, en raison de l’impossibilité de retrouver le suspect. « Maintenant, nous nous sommes constitué partie civile, pour qu’une information judiciaire soit confiée à un juge d’instruction. Le but est d’obtenir une condamnation pénale pour escroquerie, afin d’émettre ensuite un mandat d’arrêt international. On pourra également saisir la commission d’indemnisation des victimes d’infraction », pour déclencher un remboursement en l’absence du suspect (qui reste présumé innocent).
Olivier se trouve traumatisé : « J’ai eu des idées suicidaires. Je n’imaginais pas qu’on puisse ruiner les gens comme ça. Notre rêve a été brisé. On ne reverra peut-être jamais cet argent, qui était un héritage. On veut juste que cette personne ne puisse plus nuire. » John et son mari ont décidé de réaliser une partie des travaux eux-mêmes.