
« Je crois que je vais l’afficher dans mon bureau » se réjouit, fier, David Launay, intervenant social au Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA) de L’Aigle. Dans ses mains, il tient le bulletin scolaire de l’adolescente qu’il accompagne.
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Arrivées en France il y a 6 mois
Originaires du Tadjikistan, un pays d’Asie centrale russophone, Valeriya Goryabina, 12 ans et sa mère ne parlaient pas français à leur arrivée en France en juin 2022.
Prises en charge par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), elles sont d’abord redirigées à Lisieux, puis Caen avant d’arriver au CADA, l’une des missions de l’association Ysos, filiale du groupe SOS.
Valeriya Goryabina est ensuite scolarisée en classe de 6e au collège Molière en septembre 2022, et suit en parallèle une classe pour les élèves allophones arrivant de l’étranger au collège Dolto.
Les félicitations du conseil de classe
Ses matières préférées sont les maths, l’anglais et la musique. Mais elle n’aime pas le rugby. Au premier trimestre, elle obtient les félicitations du Conseil de classe.
« Elle apprend à une vitesse folle, participe en classe et maîtrise de nombreuses compétences », peut-on lire sur son bulletin. Quelle belle intégration réussie pour ce premier trimestre. « Arrivée en France il y a quelques mois, les progrès en langue française sont fulgurants. Votre grand sérieux et votre attitude exemplaire sont tout à votre honneur », souligne l’équipe enseignante.
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« Que ma fille se sente libre dans ce pays »
Des résultats qui rassurent et font la fierté de sa mère Natalya, dont Valeriya est la fille unique. La décision d’un nouveau départ a été prise après avoir constaté que Valeriya n’avait plus d’amis au sein de son école tadjike.
« Ses amis russophones étaient partis et les Tadjiks qui sont restés ne l’ont pas accepté, ne voulaient pas jouer et communiquer avec elle. C’était effrayant. J’ai compris que je ne pouvais pas la sauver de tout le monde » confie sa mère, qui envisage une nouvelle vie en France pour sa fille.
Le rôle du CADA
Géré par David Launay et Hélène Seigas, deux intervenants sociaux, le CADA dispose de 36 places. Il propose aux demandeurs d’asile accueillis un accompagnement administratif, social et solidaire ainsi que des solutions d’hébergement. L’organisme dispose de plusieurs logements diffus sur L’Aigle pour des personnes isolées, avec ou sans enfants. A l’issue de la procédure, si les personnes obtiennent le statut de réfugié, on peut les accompagner durant trois mois et c’est renouvelable une voire deux fois. S’ils sont déboutés, ils rentrent dans leur pays avec une proposition d’aide au retour.Ce prolongement de l’accompagnement a pour but d’ouvrir les droits aux réfugiés. Le plus souvent, une fois que les personnes ont le statut de réfugiés, « elles partent dans les grandes villes pour trouver du travail », conclut l’intervenant social.
« Nous avons choisi la France, car nous y étions déjà venues en 2016 et parce que ’es droits de l’homme so’t respectés. J’aimerais que ma fille se sente libre dans ce pays ». Elle raconte alors qu’au Tadjikistan, un pays très majoritairement musulman, les hommes perçoivent les femmes comme une force de travail domestique, qui doit donner naissance à des enfants.
Désormais, la maman se montre davantage confiante en l’avenir. « Même si parfois c’est difficile, au niveau de l’organisation, tout se passe bien. Je pense que si on fait encore plus d’efforts, tout ira encore mieux. La France l’aidera à avoir encore plus de succès et plus de liber é dans sa vie. » Mère et fille espèrent à l’issue de la procédure déménager à Caen.