
« Comme de longs échos qui de loin se confondent » : voilà le titre donné à l’exposition anniversaire du LAAC, présentée dans le musée d’art moderne de Dunkerque (Nord) depuis cette fin d’année et jusqu’au 7 mai 2023.
40 ans, déjà !
Alors que le Louvre-Lens affiche sa courte existence – « j’ai 10 ans » -, que le LaM prépare le 40e anniversaire de son ouverture à l’automne 1983, à Dunkerque le Lieu d’art et Action Contemporaine (LAAC) souffle ses 40 bougies et propose une nouvelle visite de son histoire dans cette expo visible pendant plusieurs mois.
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C’est l’occasion de rappeler la mémoire de Gilbert Delaine, un collectionneur, « sans fortune propre mais riche d’idées » qui a su créer une collection qui porte haut et fort la création plastique contemporaine du milieu du XXe siècle et qui a su convaincre la ville de lui donner un abri.
Le musée construit par l’architecte Jean Willerwal est installé en face des cathédrales industrielles que furent les bâtiments du chantier naval, la construction dialogue désormais avec le Frac – Grand Large des Hauts-de-France, qui leur a donné un double contemporain.
Fruit de la force industrielle d’un territoire
Gilbert Delaine, ingénieur aux Voies Navigables de France, a su mobiliser les grosses entreprises du secteur. Elles ont pu ainsi profiter de la loi Malraux sur le mécénat culturel, leur permettant de bénéficier d’importantes facilités fiscales, en contribuant à créer un patrimoine artistique. Il le rappelle dans un entretien vidéo présenté : « J’ai envoyé 1 000 lettres, j’ai reçu 60 réponses ». Cela a suffi à lancer la collection. Usinor, EDF les chantiers navals sont ainsi devenus les premiers mécènes d’une collection non constituée pour eux-mêmes mais pour un usage d’emblée collectif.
56 artistes de la collection et 13 invités
L’exposition permet de voir la grande diversité des artistes approchés. Beaucoup d’artistes originaires de la région (Herbin, Dewasme, Pignon Duchêne), mais aussi Arman, le Niçois, Vasarely, l’Aixois, Arp, le Strasbourgeois, ou encore Miro Soulages, Poliakoff, Niki de Saint-Phalle… Rarement des œuvres majeures, certes, mais toujours la possibilité de rappeler l’univers de ces artistes et de donner envie d’en voir davantage.
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L’exposition anniversaire revisite les grandes œuvres de la collection en permettant à des jeunes artistes de se confronter avec elles. Sonia Delaunay trouve place dans une grande salle dont les murs peints par Maya Hayuk, une artiste finlandaise, l’enveloppent tout entière pour lui servir de mise en valeur. Maxime Thieffine tisse des liens entre sa propre approche et celle d’Eugène Leroy. Jean Dewasme, l’artiste Hellemmois, est revisité par Pierre-Yves Brest.
Le musée en beauté
L’accrochage permet la valorisation de cette étonnante construction composée de niches dans lesquelles trouvent place des artistes tellement dissemblables que rien ne rapproche, sinon la période de création. Ainsi Peter Klasen, le peintre de l’univers industriel, peut-il apparaître auprès de Karel Appel, l’artiste qui a su mettre en valeur les arts du cirque avec sa série Circus. Ce musée mérite d’être visité une fin d’après-midi d’hiver, quand son éclairage réussi crée un lieu de magie dans la nuit noire qui l’entoure…
Jean-Michel Stievenard