Alertée par un SMS qui sonne faux, elle prévient le 17. En débarquant chez Rémi Bauzet, à Pons, les gendarmes découvrent en effet Élodie Texier qui sort du garage, soulagée. « J’ai fait une connerie…
Alertée par un SMS qui sonne faux, elle prévient le 17. En débarquant chez Rémi Bauzet, à Pons, les gendarmes découvrent en effet Élodie Texier qui sort du garage, soulagée. « J’ai fait une connerie », répète son ravisseur. Que se serait-il passé sans cette intervention ? « Il m’aurait rouée de coups. Je serais morte de sa folie », présume Élodie Texier devant la cour d’assises de la Charente-Maritime, basée à Saintes, jeudi 23 février.
Quinze jours avant les faits, elle avait quitté Rémi Bauzet pour aller vivre chez sa mère, à Soubise. Ce soir-là, il l’intercepte à son arrivée du travail, l’oblige à monter dans sa voiture sous la menace d’un couteau de cuisine. Il casse et jette son téléphone en découvrant la photo d’un homme dessus. À un kilomètre de chez lui, il la cache dans son coffre, mains et bouches entravées avec du scotch.
Violent avec les femmes
Le passé de ce Landais d’origine dessine le portrait d’un homme d’une jalousie maladive, qui peut devenir extrêmement violent quand il est abandonné. Sa première compagne, à 18 ans, avec laquelle il a eu deux enfants ? « Elle ne voulait jamais travailler, ça créait des tensions. Elle a pris des gifles. Je l’ai poussé une fois quand elle était enceinte », reconnaît-il devant la cour. Il a été condamné par quatre fois à Dax pour des appels malveillants, des menaces de mort, des dégradations à son encontre.
À l’époque, j’étais un gros connard, il faut dire ce qui est. J’ai payé mes dettes
Une autre a raconté ceci à l’enquêteur de personnalité : « Un jour, dans une crise de jalousie, il m’a attrapé les cheveux et les a coupés. Je me suis retrouvé les cheveux courts. Une autre fois, il a tenté de m’étrangler avec un fil électrique. » Une troisième a été frappée par-derrière avec une barre de fer alors qu’elle venait de rompre, toujours dans les Landes. Rémi Bauzet a passé près d’une année en prison pour ça, en 2018. « À l’époque, j’étais un gros connard, il faut dire ce qui est. J’ai payé mes dettes. » Il tempère : « J’en ai eu 15, des copines. Il n’y a pas eu des violences à chaque fois. Quand il y en a eu, c’était qu’il y avait un ex qui était venu me provoquer. »
Chantage au suicide
Rémi avait 5 ans quand ses parents se sont séparés, dans un climat de violence. Il a été vivre chez son père à partir de 7 ans. « L’ex-femme de mon ex-mari a une grande responsabilité. Elle ne l’aimait pas, elle l’a beaucoup fait souffrir », affirme sa mère. La suite sera émaillée de placements en foyer et de moments difficiles. Mais cet intérimaire dans le bâtiment est également décrit comme quelqu’un de travailleur, généreux. « Ce n’est pas un saint. Ça peut être quelqu’un de bien et, sous une autre facette, être un monstre », analyse sa mère.
Le Landais rencontre Élodie Texier sur les réseaux sociaux. En décembre 2018, il vient la rejoindre en Charente-Maritime. « Elle a réussi à me faire arrêter la drogue, tout ça, à me faire revoir mes enfants », souligne-t-il. Mais la jalousie pèse sur la relation. Après une rupture, en novembre 2020, il se filme en train d’avaler des médicaments et envoie la vidéo par Messenger. Elle revient, avant de fuir après une ultime poussée de fièvre, début janvier 2021.
« J’ai commis un viol »
Une semaine plus tard, le 13 janvier, alors qu’elle passe chercher des affaires, Rémi Bauzet impose une relation sexuelle. « Je pleurais tout du long. Je lui ai dit de faire ce qu’il avait à faire. Il a fait deux va-et-vient. Et puis il a dit : « j’ai fait n’importe quoi, j’ai commis un viol » », relate la victime. Entre le 17 et le 21 janvier, il la harcèle, 1 417 messages échangés en tout.
Trois amis ont affirmé que Rémi Bauzet leur avait annoncé son intention de tuer sa compagne. La défense conteste le viol et la volonté d’homicide. Aurait-il libéré sa proie si les gendarmes n’étaient pas intervenus ? Le ravisseur avait été alerté de leur arrivée par une membre de la famille. C’est après cet appel qu’il a ouvert le coffre, assure Élodie Texier.
En état de récidive, Rémi Bauzet encourt la perpétuité pour viol et tentative d’assassinat. Mais il a des projets. Il a une nouvelle compagne, avec laquelle il va se marier. « Chaque relation est différente, tout le monde a droit à une seconde chance. Il sera capable de rebondir avec moi, car il sait pertinemment que je suis quelqu’un qui suis capable de l’encadrer », a-t-elle assuré à la barre. Le procès doit se terminer ce vendredi 24 février.