
Le sport est une science inexacte. C’est au moment où Nayah Cauvin s’entraîne le moins, parfois seulement deux fois (!) par semaine, qu’elle performe le plus. Jeudi 26 janvier 2023, l’étudiante en génie biologique à l’IUT de Caen a franchi pour la première fois de sa vie la barre des quatre mètres. Au meeting d’Eaubonne, elle a passé l’obstacle avec une aisance intéressante.
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Pas eu le temps de réfléchir
Nayah Cauvin, 18 ans, n’a pas eu le temps de cogiter dans le Val-d’Oise. « On n’était que cinq, relate-t-elle. C’est allé super vite car les barres montaient de vingt (cm) en vingt. J’y suis allée sans trop me prendre la tête. » Quand on court depuis des mois derrière le même objectif, ce relâchement est sûrement la meilleure façon de l’atteindre.
Quand on se retrouve face à cette barre et qu’on ne l’a pas encore passée, il y a l’appréhension de se dire : « ouah, c’est LA barre ».
Nayah Cauvin l’avait déjà dans le viseur la saison dernière. « Ça faisait quelques mois qu’elle n’était pas si loin. C’est un peu un cap. Ça fait plaisir ! »
Ce n’est probablement pas un hasard si la pépite de l’EA Mondeville-Hérouville y est parvenue au cœur de cet hiver. « Franck (Clotet, son entraîneur, ndlr) m’a fait changer d’élan. Et puis, je me mets peut-être moins de pression. Il y a un peu moins d’enjeu vu que je m’entraîne moins. »
Un emploi du temps très chargé
Le rythme scolaire de la jeune femme l’a contrainte à « beaucoup ralentir », puisque la priorité est donnée à ses études. « Quand je suis en entreprise (elle est alternante, ndlr), j’arrive à aller à l’entraînement quatre fois par semaine », expose-t-elle. En cours, c’est moins. Mais les acquis et le travail qualitatif portent leurs fruits.
Voilà donc Nayah Cauvin dans la catégorie des plus de 4 mètres, parmi une quinzaine d’autres Françaises en 2023.
Pour moi, les gens qui font quatre mètres sont les gens qui sont très forts. Je commence à me rapprocher de leur niveau.
Nayah Cauvin devient même numéro 1 aux bilans de sa catégorie, celle des juniors. Dans un peu moins d’un mois, le week-end des 25 et 26 février 2023, elle sera favorite des championnats de France. « Les filles qui sont derrière sont très fortes aussi. Le concours n’est pas gagné d’avance. »
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Néanmoins, l’ambition sera bien de se parer d’or. Nayah Cauvin avait déjà été championne de France cadette en salle, puis vice-championne de France en plein air. Si elle parvient à grimper en haut de la boîte à Lyon, elle sera assurée d’honorer sa première sélection internationale lors d’un match à Liévin, le 11 mars.
« Il faut un talent et beaucoup de travail »
Les perspectives sont pleines de promesses, mais Nayah Cauvin n’est pas du genre à s’enflammer. « J’ai du mal à gérer les études et le sport, dit-elle. On verra plus tard comment ça va marcher pour moi. Si je continue de progresser, j’espère faire partie des meilleures françaises. Pour ça, il faut avoir un talent et beaucoup s’entraîner. » Le talent semble bien là. Le volume d’entraînement laisse imaginer une sacrée marge de progression…