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Atteint d’un cancer, Jérémie Romand rêve de rejouer au hockey devant son fils

Jérémie Romand
Jérémie Romand, 34 ans, est joueur de hockey professionnel à Caen. Cet attaquant, qui a longtemps porté le maillot de l’équipe de France, souffre d’un cancer des os. Il rêve de rejouer au hockey devant son fils Max, qui aura 3 ans le 30 avril. ©Aline Chatel

Sans la veste siglée du Hockey Club de Caen, nous aurions sûrement eu du mal à le reconnaître. En cet après-midi pluvieux d’hiver, Jérémie Romand s’est présenté au rendez-vous un bonnet sur la tête et une écharpe autour du cou. On ne voit plus sa longue chevelure brune ni son épaisse barbe noire. Le hockeyeur n’a plus rien du pirate ou du bucheron qui attiraient spontanément les regards quelques semaines plus tôt. « Les gens ne me reconnaissent pas. Au début, je mettais mon écharpe pour cacher mon visage. Je n’étais pas à l’aise avec mon apparence. »

« Une petite semaine avant de m’accepter »

Jérémie Romand n’a plus qu’un léger duvet sur les joues et sous le couvre-chef. La maladie lui a pris son look reconnaissable entre mille, comme il lui a volé son métier, sa passion. « J’ai coupé avant la chimio, dit-il. J’ai mis une petite semaine avant de m’accepter. Dans la glace, j’avais l’impression de voir mon petit frère. Loin de moi l’idée de dire qu’il n’est pas beau, mais ce n’était pas moi (sourire). »

Comme souvent dans pareilles circonstances, Jérémie Romand a trouvé du réconfort auprès des siens.

Ma chance, c’est que tout mon entourage trouvait que ça ne m’allait pas trop mal. Bizarrement, quand tu es malade, tout te va !

Jérémie Romand

Jérémie Romand se serait bien vu porter un postiche et laissé son jeune fils caresser sa « repousse de bébé » sur le crâne. Mais il a fallu admettre la partie émergée de l’iceberg, celle qui fait comprendre au premier coup d’œil que le cancer a frappé.

La vie du Rouennais a basculé le 14 octobre 2022. Ce jour-là, un coup de fil du chirurgien l’a mis en alerte. « J’avais fait une biopsie quatre jours plus tôt. Je savais que ce n’était pas bon signe qu’il m’appelle si vite. » Jérémie Romand, 34 ans, souffrait d’un cancer des os. 

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« Le pire m’a traversé l’esprit, sans plus »

Il rembobine. « Tout te tombe sur le coin de la gueule. L’annonce est brutale. Ils te balancent tout. Dès le premier jour, tu es au courant de tout ce qui peut t’arriver : la perte de cheveux, la barbe, la chimio, les rayons. Pendant vingt minutes, tu es un légume. Tu attends que ça se finisse. »

Groggy, Jérémie Romand a pensé à son fils Max, bientôt 3 ans, à sa compagne, à sa famille. Mais la première question qui lui est venue à l’esprit, « bizarrement », concernait le hockey. 

On t’annonce qu’il y a de grandes chances que ce soit fini, c’est encore un coup de couteau en plus. Ça m’a dévasté, mais je me suis tout de suite projeté vers l’après.

Jérémie Romand

La mort, Jérémie Romand n’y a pas vraiment pensé. « Le pire m’a traversé l’esprit, mais sans plus, confie-t-il. Face à l’inquiétude de mon entourage, il fallait que j’aille mieux pour que tout le monde aille mieux. »

Alors Jérémie Romand, en sportif de haut niveau, a pris le problème à bras le corps. Non sans peine. « Les premières heures ont été très, très compliquées. » Comme cette question qui revenait à chaque rendez-vous avec un nouveau spécialiste. « Quand on nous demandait si on avait un enfant, on s’écroulait. »

Une douleur apparue au printemps dernier

Pendant 32 ans, Jérémie Romand a vécu au rythme des coups de patin et des palets. En France, il est l’une des références du hockey sur glace. Il a joué 16 saisons en Ligue Magnus, l’élite nationale, et marqué 143 buts. C’est une force de la nature qui émerge à 1,92 mètre et 95 kilos.

En avril 2022, assistant-capitaine d’Amiens, il ressent une douleur au genou. Les médecins ne remarquent rien. Lui se dit « un peu perturbé ». Quelques mois plus tard, revenu à Caen avec le statut de recrue star, c’est son dos qui le fait souffrir. Puis, de nouveau, le genou. 

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L’athlète connaît son corps. Il le sent, il le sait : quelque chose ne va pas. « J’ai demandé au médecin de faire des examens. Ils ont trouvé une fracture partielle de fatigue au niveau du fémur. Ça m’a rassuré. »

Un mois plus tard, la douleur est toujours là. Jérémie Romand passe un nouvel examen qui révèle un bourgeon sorti du fémur. Onze ans plus tôt, il avait eu une tumeur bénigne. Cette fois, elle est cancéreuse.

J’ai passé plein de nouveaux examens. Tous étaient positifs. Ça remonte le moral.  Dans mon malheur, j’ai quand même de la chance parce que c’est centralisé. Je n’ai pas de métastases.

Jérémie Romand

Un mois après l’annonce, Jérémie Romand subit son premier cycle de chimiothérapie. « J’ai été très fatigué pendant dix jours. J’avais l’impression de vivre un lendemain de soirée sans avoir fait de soirée. » Les suivants ont été moins pénibles, jusqu’au dernier avant l’opération, tout juste achevé. « J’en ai ch… sérieusement ! »

Une prothèse au genou

Le 9 mars 2023, le chirurgien coupera l’os du fémur et mettra une prothèse à la place du genou. Jérémie Romand aura encore trois à cinq cycles de chimio. « Je suis parti jusqu’en juillet. » Si tout se passe comme prévu, il aura alors terrassé le crabe qui le ronge.

Mais après, il y a dix ans de suivi. Et à chaque examen, c’est à nouveau du stress. Ça va être très long.

Jérémie Romand

Jérémie Romand se prépare à une nouvelle existence. Probablement sans crosse à la main. Le hockey, c’est pourtant son fil rouge. « L’une des premières choses j’ai dites à ma copine en repartant de l’hôpital, c’est : ‘mon fils n’aura pas de souvenirs de moi sur les patins’, comme je n’ai moi-même pas vu mon père jouer ». 

Une infime chance de rejouer

Le Normand a mis sa passion « dans une petite case, sur le côté ». « Ce que je veux surtout, c’est pouvoir encore courir après mon fils. Si je dois me contenter de marcher, il va s’embêter le pauvre ! » 

ce sujet, Jérémie Romand a été rassuré. Pour le hockey, un petit espoir persiste. « Le chirurgien que j’ai vu à Paris m’a dit qu’il préférait me voir sur des patins que sur un terrain de basket. » Jérémie Romand s’accroche à son rêve. 

C’est mon petit combat : rejouer au hockey. Je sais qu’il y a très peu de chances mais si ça peut m’aider à guérir plus vite, ou mieux, je le prends. 

Jérémie Romand

La maladie aura accentué un peu plus encore l’amour de ce sport qu’il pratique depuis l’âge de deux ans et demi. « Le monde de la glace est venu au soutien de son camarade. « J’ai reçu un nombre de messages incroyables et ça m’a fait beaucoup de bien. Ça m’a touché, ça m’a ému. Je lisais les messages quand j’étais en chimio et que j’en bavais. Ça confirme le fait que j’aime ce sport et ses valeurs qu’on ne retrouve pas vraiment ailleurs. »

Une reconversion comme entraîneur ?

L’enfant qui s’imaginait signer des autographes et offrir ses crosses aux jeunes fans, celui qui ne voulait surtout pas être « le gars qui sortait par la petite porte après son match », espère arpenter encore longtemps les patinoires. Si ce n’est en tant que joueur, au moins comme entraîneur. Mais les places sont chères.

J’ai tellement le hockey dans la tête… Si je dois aller travailler, j’irai travailler comme tout le monde. Mais je n’ai pas de diplômes, j’ai rien… On en parle beaucoup avec ma chérie. En plus, avec un cancer, c’est compliqué d’avoir un crédit. 

Jérémie Romand

Quand il n’est pas trop fatigué par son lourd traitement, Jérémie Romand file à la patinoire. « Je me mets dans les loges pendant les entraînements. J’essaie de ne pas rester trop proche du vestiaire pour éviter les bactéries. Lors des matchs à domicile, j’ai la chance que Julien (Guimard, l’entraîneur, ndlr) m’accepte sur le banc pour coacher un peu. C’est du kif. » Et c’est la vie qui triomphe.

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