
Le succès de ce film, par essence populaire, est déjà assuré pour l’heure avec près de deux millions d’entrées. Cela dit, avec un budget, pharaonique à l’échelle française, de 60 millions d’euros, il y a encore du chemin pour que le voyage de nos chers gaulois dans la Chine moyenâgeuse se transforme en opération rentable. D’autant que les vents lui sont contraires, tant du côté du bouche à oreille que de la presse parisienne. Etat des lieux !
L’histoire
Que nous propose Guillaume Canet réalisateur ? Un scénario qui amène nos deux héros dans l’Empire du Milieu, le surnom de la Chine. Pour quoi faire ? Délivrer l’Impératrice de Chine des geôles d’un prince félon, Deng Tsin Qin. Ils ont été prévenus de l’affaire suite à la visite dans leur village de la fille de ladite impératrice, la très belle princesse Fu Yi (Julie Chen), accompagnée pour cette occasion de sa fidèle et redoutable Tat Han (Leanna Chea). Fu Yi est venue demander de l’aide aux Gaulois. Cupidon passant par-là, Astérix et Obélix tombent raides dingues des deux belles chinoises et ne se font pas prier pour partir derechef vers ces contrées lointaines. Sauf que le prince félon a, lui, demandé l’aide de César (Vincent Cassel aux abonnés étrangement absents).
Les cohortes romaines s’ébranlent direction l’Empire du Milieu. Voilà pour l’histoire et l’inévitable affrontement que cela présuppose. Et qui aura bien lieu, je vous rassure. Avec l’issue que vous imaginez car Astérix a emmené avec lui une fiole d’une certaine potion. Alors, justement, au sujet de cette fiole, est-elle ici à moitié pleine ou à moitié vide. C’est la question que l’on peut se poser sur ce film.
Un film devenu formaté
Guillaume Canet l’avoue en toute franchise dans un excellent entretien qu’il a donné au magazine Première (n°537). Pour résumer, lorsque l’on a en main en budget de 60 millions, il faut assurer. Il s’est donc soumis à un test réunissant 600 personnes de tous âges. À la suite de cela, il a modifié son film, le remontant ciseaux à la main, afin qu’il réponde aux remarques du public choisi pour le test. Le résultat est un film devenu formaté, un peu à l’image de ceux concourant pour les Oscars américains. On sent bien ici la sélection des scènes à punch lines, une recherche qui du coup enlève du lien naturel à l’action, les personnages prenant souvent la pose. Pour le côté à moitié plein, il faut saluer un casting propre à faire rire les plus grincheux : Manu Payet, Marion Cotillard, Franck Gastambide, Angèle, Jérôme Commandeur, Pierre Richard, José Garcia, Ramzi Bedia, Jonathan Cohen, McFly et Carlito, Bigflo et Oli, Philippe Katerine, Orelsan, Audrey Lamy, etc. Même si souvent leurs apparitions à l’écran sont éphémères, force est de reconnaître le plaisir de les deviner sous leur casque et autre moustache.
Bon produit familial
Et puis il y a Zlatan Ibrahimovic en soldat romain se faisant un claquage à la cuisse au moment du combat et demandant son changement à César. Fou rire assuré ! Enfin et surtout le duo infernal : Astérix et Obélix : Guillaume Canet en amoureux transi, tout comme Gilles Lellouche qui ne l’est pas moins. Ils sont parfaitement touchants et leur amitié un moment en danger est certainement la bonne trouvaille scénaristique. Au final, peut-être pas le film que l’on attendait du réalisateur de Rock’n Roll (2016) mais un bon produit familial à destination de toutes les générations.
À lire aussi
- Toulouse. Les rois du cinéma d’animation lancent un jeu de société autour du film « Pattie »
Guillaume Canet : Astérix me voilà !
Ce passionné d’équitation voit le jour dans les Hauts-de-Seine et compte bien faire une carrière comme jockey. Un accident après, le voilà au Cours Florent pour embrasser la profession de comédien. Le théâtre l’accueille dans un premier temps, mais très vite le cinéma va regarder de près ce jeune comédien. En 1997, il a à peine 24 ans, il va côtoyer Jean Rochefort pour un long métrage. C’est le début d’une carrière dans le 7ème art, carrière qui deviendra internationale auprès de Leonardo di Caprio (La Plage, en 2000). L’inévitable arrive en 2002. L’acteur décide de passer aussi derrière la caméra. Il se met en scène lui-même dans Mon idole. C’est un succès qui annonce un couronnement, le César du meilleur réalisateur en 2006 avec Ne le dis à personne. Si le film purement générationnel Les Petits mouchoirs et sa suite Nous finirons ensemble appartiennent à l’anecdote, Rock’n Roll est certainement la pépite de sa filmographie
Robert Pénavayre
.