
Le concessionnaire du projet d’autoroute Castres-Toulouse et le cabinet d’études environnementales qui l’accompagne ont-ils porté atteinte à la biodiversité sur le tracé de la future A69 ? C’est l’accusation lancée par le collectif La Voie est libre dans un communiqué publié mercredi 1er février 2023.
Ces opposants au projet de liaison autoroutière entre Castres et Toulouse assurent en effet avoir constaté dans plusieurs arbres le « rebouchage de plusieurs cavités servant de nids ou refuges à des espèces protégées ». Des « atteintes graves à la biodiversité » que le collectif considère donc comme « illégales » puisque l’arrêté délivrant les autorisations environnementales – dernière étape à franchir avant le démarrage des travaux – n’a toujours pas été pris par les services de l’État.
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Signes rouges sur les arbres et cavités rebouchées
Il y a plusieurs semaines déjà, plusieurs membres de La Voie est libre avaient été intrigués par l’apparition de signes rouges sur de nombreux arbres situés le long de l’itinéraire de la future autoroute.
Après avoir aperçu des cordistes à l’action sur certains arbres la semaine dernière et mené une rapide enquête, les opposants au projet ont fini par découvrir, sur plusieurs de ces arbres marqués à la bombe, des cavités ayant été bouchées. Ils ont alors sollicité l’Office français de la biodiversité (OFB) pour effectuer des constatations.
Ce sont des niches écologiques indispensables à la biodiversité qui ont ainsi été condamnées, privant des espèces protégées de leurs refuges pour passer l’hiver, ou même les enfermant. Cette attitude irresponsable témoigne de la toxicité de ce grand projet inutile et de la volonté de passer en force, sans le moindre respect des écosystèmes. Et cela en dépit de l’expression citoyenne qui a condamné quasi unanimement l’absurdité de ce projet dans l’enquête publique environnementale qui vient de prendre fin.
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Le procureur de Castres ouvre une enquête
Pour l’association La Voie est libre, l’atteinte grave à la biodiversité est avérée d’autant plus qu’aucune autorisation environnementale n’a encore été délivrée. Elle saisit donc l’association France nature environnement Midi-Pyrénées qui dépose une peine pénale auprès du procureur de Castres dans la journée du lundi 30 janvier. « Il lui a été demandé de faire cesser ces pratiques et de sanctionner ce comportement bafouant la loi », précise le collectif.
La réponse du parquet ne tarde pas. Le procureur de Castres, Chérif Chabbi, confirme ce vendredi 3 février l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’encontre de la société NGE – Atosca pour l’infraction suivante : « altération ou dégradation non autorisée de l’habitat d’une espèce animale protégée non domestique par obturation de cavités sur 16 arbres sur plusieurs communes dont celles de Teulat, Montcabrier, Cuq-Toulza, Soual et Saïx ». Le magistrat ordonne par ailleurs au concessionnaire de faire rapidement marche arrière.
J’ai donné pour instruction la suppression de tous les dispositifs en géotextile obstruant les cavités. Mandaté, l’OFB a constaté hier, jeudi 2 février, la bonne exécution de cette remise en état. J’apprécierai, après audition des représentants légaux d’ici vendredi, la réponse pénale que je prendrai. Celle-ci tiendra notamment compte de la réversibilité de l’action illégale, de l’absence d’atteinte constatée et de la cessation sans délai de l’infraction.
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Le collectif interpelle le préfet et Carole Delga
Après cet épisode, la Voie est libre met désormais la pression sur le préfet au moment où celui-ci est appelé à donner son feu vert au démarrage des travaux :
Comment un préfet pourrait-il délivrer une autorisation environnementale face à ces actes hors-la-loi ? Le discours d’Atosca-NGE qui a osé prétendre que ce projet serait « exemplaire » sur le plan environnemental vient d’être balayé. […] Dans de telles conditions, nous attendons de la préfecture du Tarn une réaction à la hauteur de ces actes impardonnables.
Les opposants à la future A69 appellent par ailleurs à la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, à « cesser de cautionner une infrastructure délétère qui ne répond à aucun besoin durable ». Avant de rappeler leur détermination à obtenir l’arrêt de ce « projet irresponsable, symbole de la fuite en avant de nos décideurs et d’un déni impardonnable des problématiques environnementales ».
Contacté par nos soins, le directeur général d’Atosca, Martial Gerlinger, nous a fait savoir qu’il ne souhaite pas communiquer sur le sujet pour le moment, au regard de l’enquête judiciaire en cours d’instruction.