
Après un peu plein d’un an d’exploitation pleine, en centre-ville de Caen (Calvados), il est temps pour Nicolas Géray et Olivier Cotinat, les gérants du MoHo, de livrer un premier bilan.
Le MoHo, un tiers-lieu unique en Normandie
Ce « tiers-lieu », unique en Normandie, accueille depuis septembre 2021 des étudiants, des entreprises (start-up, PME, grands groupes), des associations, chercheurs et le grand public, selon différentes formules.
Un taux de remplissage près de 80%
Sur les 7 500m2 que compte ce lieu, anciennement concession Renault, 1 500m2 sont accessibles gratuitement à tout le monde. « Tous les jours, nous avons 15 à 20 personnes qui viennent dans la zone gratuite pour y travailler », expliquent les gérants.
Le reste du lieu est réservé aux résidents, qui payent leur emplacement.
Nous sommes à bientôt 80% de taux de remplissage, ce qui est très bien. Nous n’avons pas encore assez de chercheurs en résidence.
2,6 millions de chiffres d’affaires
Au total, 65 entreprises et associations (start-up, des indépendants comme des graphistes, développeurs ou designers, l’école E2SE et une école d’ingénieurs, le Village by Crédit Agricole, la Caisse d’Epargne…) ont établi résidence au MoHo.
Avec 2,6 millions de chiffres d’affaires, le MoHo « a atteint l’équilibre financier » dès sa première année, se félicite Olivier Cotinat.
40 % du chiffre d’affaires provient des abonnements de résidents, 40 % de l’accueil d’événements et 20 % des programmes créés par le Moho avec des organismes publics ou privés.
Et nous avons dû faire face à des imprévus comme la crise sanitaire à cause de laquelle nous avons eu 100 000€ d’annulation de devis, la guerre en Ukraine qui a fait annuler la venue d’Américains…
La Cour des comptes s’interroge sur le MoHo
Caen la mer est propriétaire du lieu. Elle le loue à la société MoHo qui s’appuie elle-même sur un fonds de dotation composé de 44 partenaires pour financer des actions d’intérêt général.
En septembre 2022, la Cour des comptes s’interroge « sur la viabilité économique du « campus des startups MoHo dans lequel la communauté urbaine s’est engagé à hauteur de plus 20 millions d’euros sans prendre les garanties juridiques qu’aurait justifiées un tel projet. » Une interrogation « infondée » selon Joël Bruneau, président de Caen la mer qui rappelle que « parmi les partenaires qui ont investi dans le projet (de l’ordre de 750 000€ chacun) se trouve les cinq plus grandes entreprises de l’agglomération : Crédit Agricole, Hamelin, Legallais, les laboratoires Gilbert et Agrial, et que ce ne sont pas des petites PME ».
Depuis son ouverture, le MoHo a augmenté ses tarifs pour les adhérents de l’ordre de 20€ en plus. « Pour nous, le loyer a augmenté, l’énergie aussi, on a agrandi notre équipe… », se justifient les gérants.

Pour un poste non fixe (c’est-à-dire que l’adhérent peut s’installer sur une table avec connexion internet), il faut compter 235€ par mois. Pour un poste fixe (c’est-à-dire un bureau fermé), c’est de l’ordre de 310€.
Animer le lieu
En un instant T, le MoHo a déjà compté quelques journées à plus de 1 200 personnes en son sein. L’objectif du MoHo est d’accueillir différents publics et leur offrir un espace de travail, mais pas que. « Cet endroit vit et notre objectif est que plusieurs univers se rencontrent et que des émulations se fassent naturellement ». 25 personnes travaillent activement pour faire vivre le MoHo.
On anime le lieu pour nos résidents. Le matin, le café est offert jusqu’à 10h dans l’espace cafétéria ce qui permet aux résidents de se rencontrer, de discuter, on utilise des outils pour créer des événements, on organise des matches de basket ou badminton dans le gymnase, on met en relation des start-up et des entreprises.
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Exister hors de la Normandie
En un an et demi, le MoHo a accueilli 6 000 visiteurs (hors résidents) et 800 collégiens, notamment à travers des expositions, les MoHo Talks (de grandes conférences comme celle avec Claudie Haigneré) ou des événements nationaux comme le forum LibéCare organisé par le journal Libération en décembre dernier.
Pour autant, il reste au MoHo des marges de manœuvre pour se développer encore plus. « Encore beaucoup de personnes ne comprennent pas ce qu’on fait. On a encore des gens qui nous découvrent ».
Ça prend du temps. On a fait un très bon début, mais on a encore plein de choses à faire. Il faut que les citoyens s’emparent du MoHo.
Pour 2023, les deux fondateurs du lieu souhaitent développer plus de programmes pour exister hors de la Normandie : répondre aux enjeux climatiques, travailler sur l’inclusion des populations. « Nous avons un gros programme à venir sur le plastique, une coalition sur la ville durable et beaucoup d’échange autour des Jeux Olympiques 2024« .