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Avec le Covid-19, les 18-24 sont devenus les plus touchés par la dépression

Paris n’est plus une fête. Dans la capitale comme ailleurs, depuis trois ans, la jeunesse insouciante et les fêtes étudiantes ont laissé place aux cours à distance, aux files interminables devant l’aide alimentaire et à la dépression. C’est le constat dressé par une étude de l’agence Santé publique France, qui a mesuré la fréquence des épisodes dépressifs au sein de la population en 2021.

Et chez les jeunes, les résultats sont effrayants : le nombre de 18-24 ans ayant vécu un épisode dépressif a presque doublé en dix ans. Simple effet Covid-19 ou tendance durable ? Cette étude met-elle en lumière des faits nouveaux ? 20 Minutes fait le point avec Camille Davisse-Paturet, post-doctorante en épidémiologie à l’Inserm spécialisée sur le risque de pensées suicidaires dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

Qu’est-ce que cette étude nous apprend de plus que les autres ?

Depuis plus de deux ans, les études sur l’impact de la crise sanitaire sur différents aspects de nos vies, y compris la santé mentale, se sont certes multipliées. Mais « l’intérêt du baromètre santé de Santé publique France est que l’étude était en place avant la pandémie », pointe Camille Davisse-Paturet. Existant depuis vingt ans, ce baromètre n’a pas été conçu autour du Covid-19 et permet donc « d’apporter une vision avant et pendant » la crise sanitaire.

En l’occurrence, le baromètre « confirme une accélération de la détérioration de la santé mentale », qui avait commencé avant la pandémie. Par ailleurs, « cette détérioration n’est pas uniforme : il s’agit principalement d’états dépressifs caractérisés et cela concerne surtout les jeunes ». Avec 20,8 % de personnes touchées par un épisode dépressif, et 7,4 % ayant eu des pensées suicidaires, les 18-24 ans sont ainsi « devenus LA tranche d’âge la plus concernée » par ces maux, ce qui n’était pas le cas avant, assure la chercheuse.

S’agit-il d’un « effet Covid-19 » ou bien peut-on parler d’une génération durablement marquée ?

« Il est trop tôt » pour mesurer la part de la pandémie dans cette hausse spectaculaire des épisodes dépressifs chez les jeunes, tranche Camille Davisse-Paturet, d’autant plus que la tendance de fond était déjà présente avant. Mais « même si on a l’impression que la crise sanitaire est derrière nous, il y a encore des conséquences qui peuvent toucher la santé mentale » à l’œuvre, prévient-elle.

Mais pour les jeunes, les dommages causés à la santé mentale pourraient avoir des conséquences à plus long terme. « Ce que vous vivez entre 18 et 24 ans ce sont des choses qui ne se rattrapent pas a priori », expliquait à l’AFP Enguerrand du Roscoat, qui a cosigné l’étude, parlant d’un « sentiment d’irréversibilité ».

Comme aux Etats-Unis, les jeunes femmes sont-elles plus sensibles aux pensées suicidaires ?

Lundi, la principale agence sanitaire fédérale des Etats-Unis alertait sur le nombre de lycéennes ayant sérieusement envisagé de se suicider en 2021 (30 %, contre 19 % en 2011). Et en France ? Le baromètre publié par Santé publique France montre bien une tendance plus marquée chez les femmes à tout âge, et en particulier chez les 18-24 ans, dans les cas d’épisodes dépressifs (26,5 % des femmes de 18 à 24 ans contre 15,2 % des hommes du même âge).

De même, le dernier rapport de l’Observatoire national du suicide note une « forte hausse du nombre de gestes suicidaires chez les jeunes, en particulier les jeunes femmes, à partir du second semestre 2020 ». « Il y a plus de jeunes femmes admises à l’hôpital », explique Camille Davisse-Paturet, et « c’est aussi ce qui ressort des témoignages des soignants ». Si, comme pour les épisodes dépressifs, les causes peuvent être variées, la chercheuse émet une hypothèse qui fait le lien entre cette hausse et la crise du Covid-19 : « En général, les femmes vont aller chercher plus de soutien émotionnel dans leur entourage, ce qui a pu être bouleversé avec l’isolement » des confinements.

Toutefois, malgré « beaucoup d’inquiétudes dès le début de la pandémie, on n’a pas vu de nette augmentation des décès par suicide », rassure-t-elle. « Manifestement la crise sanitaire a détérioré la santé mentale », en particulier chez les jeunes, « maintenant il faut travailler à comment faire face à de futures crises sur ce plan », appelle la chercheuse.

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