A une semaine de la date anniversaire du début de l’invasion russe, Kiev craint de plus en plus que Moscou ne veuille marquer le coup en lançant une nouvelle offensive de grande envergure. Volodymyr Zelensky urge ses alliés occidentaux d’accélérer la livraison d’armes et à se décider sur l’envoi d’avions de chasse, alors que les chars promis devraient arriver fin mars. Sur le front, les combats se concentrent toujours sur Bakhmout, où « le hachoir à viande est en marche », selon le chef du groupe Wagner. La guerre a aussi d’importantes conséquences économiques, entre un prix du gaz qui a explosé cet été et un bouleversement des routes commerciales avec la Russie.
Comme chaque vendredi, 20 Minutes fait le point en quatre infographies sur cette nouvelle semaine de guerre et en décrypte les enjeux.
L’armée russe bute sur Bakhmout
Dans l’est de l’Ukraine, si Kiev a réussi à reprendre les territoires au nord de Sloviansk et Kramatorsk, un temps menacées, Bakhmout est toujours sur la ligne de front. La Russie tente depuis plusieurs mois de prendre la ville, devenue un symbole de l’âpreté des combats à défaut de représenter un véritable enjeu stratégique. « Bakhmout ne sera pas prise demain, parce qu’il y a une forte résistance, un pilonnage, le hachoir à viande est en action », a déclaré Evguéni Prigojine, le patron du groupe Wagner.
Il estime que la ville, autrefois peuplée de 70.000 habitants, peut résister jusqu’au printemps. « Je pense qu’on aurait pris Bakhmout s’il n’y avait pas cette monstrueuse bureaucratie militaire, et si on ne nous mettait pas des bâtons dans les roues tous les jours », fustige-t-il, regrettant notamment que le groupe Wagner ne puisse plus recruter de combattants dans les prisons russes. Sur le champ de bataille, les officiers ukrainiens affirment « tenir bon » et assurent que le moral reste au beau fixe.
Kiev s’appuie sur les livraisons d’armes occidentales
Pour résister, Volodymyr Zelensky appelle ses alliés occidentaux à « accélérer » les livraisons d’armes. Le sujet revient régulièrement sur la table depuis le début de la guerre. Après avoir obtenu du matériel de défense puis des missiles antichars lors des premiers mois, le président ukrainien a obtenu des drones, de l’artillerie, des systèmes de défense antiaérienne et plus récemment la promesse que des chars lourds lui seraient livrés.
Avec le feu vert de Berlin, les pays européens vont ainsi fournir des Leopard 2, après avoir regroupé les dons en Pologne et formé les soldats ukrainiens. L’Allemagne a précisé que les premiers chars pourraient être utilisés à partir de la fin du mois de mars. Mais lors de sa visite à Londres, Paris et Bruxelles début février, Volodymyr Zelensky a aussi demandé des avions de chasse.
Le prix du gaz repasse sous son niveau d’avant-guerre
Au cœur des sanctions européennes contre la Russie, le cours du gaz naturel s’était envolé dans les premiers jours de la guerre puis tout au long de l’été. Depuis le début de l’année 2023, alors que l’embargo sur le gaz russe est bien en place en Europe, le marché s’est calmé. Le prix du mégawattheure est même repassé sous la barre des 50 euros, un niveau plus vu depuis septembre 2021.
En se tournant vers d’autres fournisseurs comme les Etats-Unis, et en lançant de grands projets de construction de terminaux de GNL, notamment en Allemagne, l’Europe s’est adaptée. De quoi rendre furieux Vladimir Poutine, qui cherche à défendre Gazprom, fleuron énergétique national. « Malgré une concurrence déloyale, pour le dire franchement, et des tentatives directes de l’extérieur pour entraver et freiner son développement, Gazprom avance et lance de nouveaux projets », a lancé le président russe à l’occasion des 30 ans du géant gazier ce vendredi.
Le commerce international bouleversé
Il n’y a pas que le gaz naturel russe qui a été frappé par les sanctions internationales. Engrais et produits électroniques sont notamment soumis à des embargos. De nombreuses entreprises occidentales se sont retirées de Russie, et celles qui y restent sont parfois dans la tourmente, comme Auchan, accusé par Kiev d’être « une arme à part entière de l’agression russe » après la publication d’une enquête du Monde.
Les échanges commerciaux entre la Russie et de nombreux pays occidentaux se sont ainsi taris depuis le début de la guerre, comme l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis. Mais Moscou, en quête d’alliés et d’opportunités économiques, redéploie ses routes commerciales, en particulier vers l’Asie. L’Inde s’est ainsi mise à importer massivement des produits depuis la Russie, tandis que la Corée du Sud s’invite sur le marché russe. La Turquie, qui tente de se placer comme intermédiaire principal dans les discussions entre la Moscou et Kiev, a également intensifié ses échanges dans les deux sens depuis un an.