
Bien loin de l’image des clowns de cirque, ceux de l’association Les Clowns de Sarah, basée à Beaumont-le-Roger (Eure), rendent visite une fois par semaine aux enfants hospitalisés de tout âge, de la naissance jusqu’à la majorité. Les lundis et vendredis après-midis sont consacrés aux enfants de l’hôpital d’Évreux et le mercredi après-midi à ceux de Lisieux (Calvados). Les enfants présents dans ces deux services de pédiatrie sont atteints de lourdes maladies, telles que des cancers. Les six clowns de l’association, Chamalo, Tagada, Chocolatine, Réglisse, Nounours et Pop-Corn, en binôme, viennent ainsi remonter le moral à une vingtaine d’enfants par demi-journée. En tout, cela représente environ 140 visites et 2000 enfants par an.
La différence fondamentale entre un clown d’hôpital et un clown normal est l’approche psychologique et l’adaptation.
S’adapter aux enfants
« Le clown d’hôpital a un rôle de confident », explique François Allemeersch, le secrétaire de l’association. Contrairement à ceux des cirques, servant à faire rire, les Clowns de Sarah s’adaptent à chaque enfant. « Nous sommes briefés avant par les infirmières, annonce Nicole Barette, la vice-présidente, alias Chocolatine. Par exemple, nous avions un enfant qui avait une tumeur au cerveau très avancée, il fallait que l’on fasse très attention à ce que nous disions. » Suivant son âge, son sexe, sa maladie ou encore son caractère, l’approche des membres de l’association sera différente. Pour les maladies chroniques, les clowns sont amenés à voir régulièrement les familles.

Les clowns ne sont pas seulement présents pour les enfants malades. Ils apportent du réconfort également aux parents. « Ils ont aussi besoin de parler et ils trouvent une nouvelle personne, qui n’est pas habillée en blanc et qui est là pour faire sourire », annonce Joël Lefebvre, le président de l’association. Le personnel des hôpitaux attend également avec impatience la visite de ces bénévoles « pour qu’on leur amène de la gaieté », ajoute-t-il. Pourtant frileux il y a une quinzaine d’années, les médecins demandent maintenant que les clowns viennent rendre visite à leurs patients.
À chaque fois que nous poussons une porte, c’est une nouvelle approche.
Chaque enfant reçoit un cadeau, généralement une peluche. « Les enfants malades la prennent et la mettent tout de suite sur eux », décrit Nicole Barette. Les cadeaux restent pendant longtemps un objet fort pour les enfants, même pour les adolescents. Ces doudous sont issus de dons, lavés, triés, désinfectés et réemballés. D’autres cadeaux peuvent être offerts, comme des petites voitures, des poupées ou encore des ballons.
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Nous sommes très rarement confrontés à des enfants ayant peur des clowns, mais il nous est arrivé que les grandes personnes aient peur.
Pour faire leur travail au mieux, les clowns laissent leur tristesse à la porte de la chambre, pourtant certaines situations sont des plus difficiles, principalement les fins de vies des petits malades. « Il y avait un petit garçon, Sébastien, nous savions qu’il allait partir, il m’a demandé si nous revenions dans quinze jours », se remémore Chocolatine. Après ces visites, il n’est pas rare que les clowns s’éloignent pour pleurer. Plus tard, les membres de l’association en discutent entre eux, « pour essayer de faire retomber un peu la pression », affirme le président.

Un changement depuis le covid
Pendant la crise sanitaire, les clowns ne pouvaient plus faire leur visite dans les hôpitaux. Depuis plusieurs mois, cela est de nouveau possible, mais « ce n’est plus pareil », décrit Nicole Barette. Les bénévoles doivent porter un masque, ce qui ne permet plus de se maquiller. « Il y a la parole, mais l’expression du clown n’est plus la même », regrette Joël Lefebvre. Cela passe maintenant plus par les yeux et par les gestes.
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Diverses animations toute l’année
L’association met également en place des spectacles de Noël dans les services de pédiatrie des hôpitaux de Louviers, Lisieux et Évreux. « Il y a des sketchs de clowns, des danses, des marionnettes », décrit Joël Lefebvre. Des cadeaux neufs sont ensuite distribués aux enfants.
Tous les ans, Les Clowns de Sarah organisent également un voyage pour les enfants hospitalisés. « Nous faisons toujours des sorties ludiques », affirme le président. Cela peut être des concerts ou des comédies musicales dans des zéniths, des cirques ou encore des lieux, comme la Cité des sciences à Paris ou le parc Astérix. Soixante personnes participent à ces sorties, une trentaine d’enfants, un parent et une équipe médicale.
Certains membres de l’association courent également le marathon de Paris, en poussant une personne au fauteuil roulant.
Qui est Sarah ?
L’association beaumontaise se nomme les clowns de Sarah, en hommage à la fille de Nicole Barette. Cette dernière souffrait de graves maladies depuis sa naissance, la cardiopathie et maladie de Lobstein. La première maladie est une malformation du cœur et la seconde est une anomalie quantitative ou qualitative du collagène, cela entraîne une grande fragilité des os. La petite fille a passé de longues années à l’hôpital. À vingt-neuf ans, elle est atteint d’un cancer de la tyroïde, puis un autre des ovaires. « Elle disait »quand j’irai mieux, j’irai faire le clown dans les hôpitaux » », se souvient Joel Lefebvre. Ainsi, quand elle est décédée en 2006, à trente-deux ans, ils ont décidé de créer l’association pour lui rendre hommage.