
Les pays de Normandie possèdent leurs chansons et leurs danses, mais le folklore normand, contrairement à celui de la Bretagne, par exemple, est un cœur qui bat au ralenti.
À Bayeux (Calvados), les membres du groupe folklorique Le Gay-Sçavoir claquent des sabots pour redonner un coup de fouet au traditionnel normand. C’est la principale ambition de sa nouvelle présidente, Karine Bresler, et de la trentaine de danseurs et musiciens qui défendent ce patrimoine.
« Le patrimoine normand ne doit pas tomber dans l’oubli »

Le Gay-Sçavoir, c’est une histoire de famille pour certains. Il y a aussi les amis de la « famille ». Et puis il y a ceux qui ont sauté le pas. C’est le cas de Karine Bresler, la nouvelle présidente de l’association. « J’ai découvert le Gay-Sçavoir lors d’une animation dans une école. Puis aux Médiévales de Bayeux. Le groupe m’a invitée à le rejoindre il y a 5 ans ».
Des costumes d’époque

Les artistes du Gay-Sçavoir dansent des rondes, branles et autres polkas au son du violon, de la vielle à roue et de la clarinette. Particularité de ce répertoire du XVI au XIXe siècles, toutes ces danses sont aussi chantées.
Lors des représentations, le groupe revêt ses plus beaux atours. Costumes de paysans de la fin du XIXe (sabots, bonnette, culotte ouverte, jupon, chemisier, tablier et châle pour les filles ; sabots, chemise en lin, pantalon, ceinture de flanelle, gilet, tour de cou et bretelles à boutons pour les garçons) ou de bourgeois pour les grandes occasions…

Le vestiaire du Gay-Sçavoir est bien garni. « Ce sont des pièces authentiques », révèle Odile Burot, membre du groupe depuis 1975. « Les femmes ont été obligées de refaire des parties de leurs costumes. De les compléter, à partir de gravures. »
Effectifs en déclin

Le groupe bayeusain travaille dur pour sauvegarder et mettre à l’honneur les traditions, la culture et les arts populaires de Normandie. Mais les danses et musiques normandes peinent à percer, notamment chez les jeunes, au contraire du traditionnel breton par exemple.

Depuis quelques années, les effectifs du Gay-Sçavoir compte déclinent, passant d’une cinquantaine de danseurs il y a 5 ans, à une trentaine aujourd’hui. D’une vingtaine d’enfants à une poignée de jeunes dans le même laps de temps.
Répétitions dans la rue

Elue présidente lors de l’assemblée générale du 28 janvier 2023, Karine Bresler entend mettre en œuvre les moyens de remettre le trad normand sur le devant de la scène. « Le patrimoine normand ne doit pas tomber dans l’oubli. »
Pour cela, Karine Bresler espère recruter des danseurs, mais aussi des musiciens. Quitte à aller les chercher directement dans la rue !
« L’idée, quand la météo le permet, c’est de répéter sur l’espace public », annonce la présidente. Pour l’heure, le groupe travaille (sans les sabots) au complexe sportif Eindhoven.
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Tourner, jouer, c’est en effet l’unique moyen de mettre en avant de ce que font les membres du groupe, qui se produit notamment à l’occasion des Fêtes Médiévales.
Folk is not dead*
Fêtes communales et de jumelages ont souvent été animées par le groupe dans le passé. Ses membres ont même fait claquer les sabots en dehors des frontières de l’Hexagone. Angleterre, Pologne, Pays-Bas, Allemagne, Danemark… Le Gay-Sçavoir a déjà pas mal baroudé et il est prêt à remettre ça ! Et désormais, il a sa page Facebook pour l’annoncer.
*Le folklore n’est pas mort
« Nous sommes là pour perpétuer la tradition ! »

Astrid Delaroque, Janel Khouildi, Suzile Gibert, Clémence Delaroque et Tom Doubremelle ont entre 13 et 18 ans. Ils défendent la musique et la danse folklorique normandes qu’ils pratiquent pour certains depuis leur plus tendre enfance.
« C’est regrettable de voir que les groupes folkloriques normands tombent peu à peu dans l’oubli. » La poignée de jeunes qui chausse les sabots au sein du groupe Le Gay-Sçavoir souhaite un autre destin pour le groupe folklorique de Bayeux.
Astrid Delaroque (14 ans), Janel Khouildi (13 ans), Suzile Gibert (16 ans), Clémence Delaroque (18 ans) et Tom Doubremelle (18 ans) défendent la musique et la danse folklorique normandes qu’ils pratiquent – pour certains – depuis leur plus tendre enfance.
S’ils sont pour la plupart les enfants de membres du groupe, ils affirment qu’ils sont venus à la danse et à la musique normande pour faire vivre la tradition en suivant les pas de leurs aînés. Et surtout pas « par obligation ».
Une histoire de famille
À l’image de Suzile Gibert, dont le père n’est autre que François Gibert, joueur de vielle normande dans le groupe. Son oncle, François Gibert, est au violon. Le Gay Sçavoir, c’est une grande histoire de famille !
Toute ma famille fait partie du groupe. J’ai suivi le mouvement. J’ai 16 ans et j’ai toujours été membre du Gay Sçavoir !
Comme Tom Doubremelle, le petit ami de Clémence Delaroque, la sœur d’Astrid, qui joue de la clarinette !
Le parcours de Janel Khouildi, 13 ans, est légèrement différent. « J’ai découvert le Gay Sçavoir à travers les Médiévales de Bayeux. » Elle danse depuis 2 ans.
Tous s’accordent sur un point : « L’ambiance et les gens sont sympas. Et puis cela permet de faire vivre et perpétuer une tradition ».
« Nous recherchons aussi des musiciens »

Frédéric Gibert, au violon, et son frère François Gibert, à la vielle normande, sont épaulés par les clarinettes d’Alain Renaud et d’Astrid Delaroque, la benjamine du groupe, âgée de 14 ans. Sans eux, point de danse ! Le quatuor met en musique les danses et chants du Gay-Sçavoir. Et ne désespère pas d’agrandir le cercle !
« Accordéon, violon, vielle… nous recherchons aussi des musiciens », lance Frédéric Gibert.
Les gardiens d’un répertoire méconnu
Tous issus de l’école municipale de musique de Bayeux, les musiciens du Gay-Sçavoir connaissent la chanson… Mais le répertoire de musiques normandes est un terrain de jeu limité. « Nous possédons une trentaine de morceaux ».
Un répertoire qui s’appuie en grande partie sur 25 danses normandes, un recueil de la musicienne Jeanne Messager (1887-1971), édité à Bayeux en 1950 par l’éditeur René Paul Colas. La musicienne originaire d’Alençon, a d’ailleurs participé à la création du groupe folklorique normand Blaudes et Coëffes, à Caen, au début des années 1930.
« Ces chants et dansent étaient interprétés lors de fêtes, comme à la fin des moissons, ou lors des événements familiaux comme les mariages », explique Frédéric Gibert.
Les danseurs participent d’ailleurs activement à la musique grâce au claquement de leurs sabots. « Il chantent aussi, et parfois, les instruments se taisent au profit du son des sabots, qui marquent les temps. »