Si la plupart du temps, la révélation qu’il s’agissait d’une blague et un check…
Si la plupart du temps, la révélation qu’il s’agissait d’une blague et un check de la main suffisent à détendre l’atmosphère, certaines personnes piégées s’estiment victimes et déposent plainte. Ce qui valait à Maxime Alexandrov de comparaître ce mardi 31 janvier pour usurpation de qualité et violences.
En janvier 2022, se faisant passer pour un policier de la BAC, brassard et menottes apparents, il avait contrôlé voire interpellé des passants dont une factrice en les accusant de trafic de drogue. Le 28 décembre dernier, il avait effrayé un jeune qui croyait se rendre à un rendez-vous pour une aventure sans lendemain, en le confrontant à une vision d’horreur : un cadavre au sol, baignant dans une mare de sang dans la salle de bains d’un appartement loué pour rejouer une scène de la série « Monstre, l’histoire de Jeffrey Dahmer ».
« Mon activité professionnelle consiste à faire des canulars et caméras cachées. Je recherche un contenu bien artistiquement et qui donne le sourire aux gens. C’est pour divertir. Ça s’est bien passé avec les autres participants »
Le choc psychologique a été tel pour la victime – que Maxime Alexandrov n’a pas eu le temps de rattraper – qu’une incapacité totale de travail de 15 jours a été fixée.
Tenue étudiée de premier de la classe, voix grave et yeux clairs, raie sur le côté, le vidéaste assure à l’audience que « faire peur n’est pas dans son objectif ». Sa fiche Wikipédia est plus à jour que son Kbis attestant de son autoentreprise.
Amuseur public
« Mon activité professionnelle consiste à faire des canulars et caméras cachées. Je recherche un contenu bien artistiquement et qui donne le sourire aux gens. C’est pour divertir. Ça s’est bien passé avec les autres participants. Et nous avons toujours respecté la loi par rapport au floutage de ceux qui le demandent. »
« Il ne se rend pas compte de la portée de ce qu’il fait et de l’impact que cela peut avoir sur les personnes piégées », déplore Me Chloé Mondon, l’avocate du jeune recruté sur un site de rencontres dédié aux homosexuels. « À aucun moment, il n’est désolé. » Son client craint d’être reconnu sur la vidéo, toujours visible en ligne.
« Il y a un guet-apens et une déstabilisation émotionnelle évidente », note la vice-procureure Catherine Figerou. « Les violences ne sont pas que physiques. Il s’engage dans un jeu dangereux qui ne peut que générer des répercussions psychologiques. C’est une marque de fabrique que la société ne peut tolérer. » Elle requiert trois mois de prison avec sursis, un total de 1 300 euros d’amende et un stage de citoyenneté.
« Les canulars datent de l’ORTF et il n’était pas plus agréable à l’époque de se faire piéger qu’aujourd’hui », fait valoir Me Pierre-Marie Bonneau, l’avocat de la défense qui plaide la relaxe. « Cela peut paraître choquant qu’il fasse rire avec tout, qu’il batte monnaie avec sa chaîne. » Il qualifie son client d’« amuseur public ». « Il n’y a pas de violences, c’est une construction intellectuelle du parquet. Toute réparation d’un préjudice ne passe pas forcément par une condamnation pénale. La responsabilité civile peut être engagée. »
Le tribunal rendra sa décision au cours du mois de février.