
Les progrès médicaux n’en finissent pas de nous surprendre ! À Rouen (Seine-Maritime), au sein du centre Henri-Becquerel, un traitement novateur à base d’un produit radioactif est depuis plusieurs mois proposé aux patients atteints d’un cancer de la prostate.
Intitulée Radiothérapie interne vectorisée (RIV), cette cure, qui affiche un taux de réussite de 70%, permet de stabiliser la maladie, de réduire son intensité, mais aussi d‘atténuer la douleur. « Des personnes sous morphine n’avaient plus de douleurs après une semaine », s’enthousiasme David Tonnelet, médecin nucléaire au centre Henri-Becquerel.
Détruire les cellules cancéreuses
Au sein de l’établissement spécialisé dans la lutte contre le cancer, la première injection a débuté il y a six mois. Aujourd’hui, une vingtaine de personnes, âgées entre 45 et 85 ans, sont suivies. L’objectif est fixé à environ 40 par an.
Le cancer de la prostate est celui le plus fréquent, avec 50 000 nouveaux cas par an.
Cette cure médicamenteuse s’adresse aux patients « métastatiques », comme le précise David Tonnelet, c’est-à-dire ceux à un stade déjà avancé de la maladie. Toutefois, seuls les malades qui possèdent des cellules cancéreuses ayant un récepteur bien particulier peuvent bénéficier de la RIV.
Pour résumer, l’élément radioactif est administré par voie intraveineuse, et « il va se fixer sur le récepteur de la cellule malade dans le but de la détruire », souligne David Tonnelet. Plus la maladie avance, plus elle est virulente et plus les cellules peuvent perdre ce récepteur ».

Moins virulent que la chimiothérapie
Ce traitement se décompose en six injections, espacées chacune de six semaines. « Ce n’est pas une chimiothérapie, détaille Pierre Bohn, radiopharmacien au centre Henri-Becquerel. Il y a bien sûr une surveillance des patients pour vérifier qu’il n’y a pas d’effets secondaires, mais globalement, c’est un traitement bien mieux toléré que la chimiothérapie. »
Pour ce traitement, remboursé à 100% par l’Assurance maladie, il faut compter environ 20 000 euros par dose.
De plus, une grande organisation est nécessaire pour les injections. « Une fois que le médicament arrive au centre, il doit être administré le jour même. Nous fonctionnons à flux tendu », poursuit-il.
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La difficulté de l’approvisionnement
Déjà utilisé depuis plusieurs années aux États-Unis ou encore en Australie, ce traitement novateur est autorisé en France depuis 2021. En France, une vingtaine de centres spécialisés, à l’instar de celui de Rouen, le proposent. « Becquerel a été l’un des premiers et traite aujourd’hui le plus de patients », précise David Tonnelet.
Actuellement, la principale difficulté demeure l’approvisionnement. « C’est un médicament commandé en Italie, et une seule usine est capable de le produire pour le monde entier », détaille Pierre Bohn. Le marché est donc particulièrement en tension.