
Se dirige-t-on vers un nouveau scandale, une semaine après les perquisitions dans les bureaux et chez des élus de la métropole Nice Côte d’Azur (Alpes-Maritimes) ?
Un reportage sera diffusé, dimanche soir, sur M6, dans l’émission Capital, à propos des déchets acheminés depuis Nice vers une décharge publique, en Espagne, mettant en cause l’entreprise Enso, sous-traitant de la métropole, chargée du tout venant.
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Des capteurs pour suivre les poubelles
Les journalistes ont introduit des capteurs dans des sacs poubelle, pris en charge dans trois endroits de la métropole. La benne contenant le tout venant, c’est-à-dire tous les matériaux non pris en compte en déchetterie, est ensuite acheminé dans une déchetterie professionnelle appartenant à l’entreprise Enso, à Contes, où le « tri semble sommaire », dans un commentaire du reportage.
Puis, un camion est entièrement chargé de 22 tonnes de déchets qui sont ensuite acheminés jusqu’à une décharge publique, en Espagne, à Saragosse, après un bref arrêt à Marseille. « La solution de proximité s’éloigne », précise le journaliste.
Mais surtout, franchir la frontière avec ces déchets pour les mettre dans une décharge serait illégal, tel que le définit la directive européenne 1013/2006. Un autre camion est également suivi jusqu’en Espagne, vers une autre décharge.
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Les écologistes réclament une enquête administrative
Les élus écologistes de Nice montent au créneau. Ils ont signé, avec Caroline Roose, députée européenne, et Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône, un courrier envoyé à Christian Estrosi, président de la métropole, à Christophe Mirmand, préfet de région, et à Renaud Muselier, président de la région PACA, pour demander l’ouverture d’une enquête administrative.
Si ce qui a été fait par ce sous-traitant est illégal et avéré, il faudrait que le procureur se saisisse de cette affaire.
Caroline Roose dénonce « le choix de l’argent plutôt que de l’environnement » par cette « entreprise choisie par la métropole ». « C’est scandaleux : ses actions doivent être condamnées immédiatement. »
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La métropole ne serait pas au courant des actes de cette entreprise
Ils ne prennent pourtant pas la collectivité pour responsable dans cette affaire : « Comme toute personne morale, on est censé être responsable de ses sous-traitants. Mais s’ils font des choses en douce, on ne peut pas incriminer la métropole », précise la cheffe du groupe Nice Ecologique.
Métropole qui ne serait pas au courant de cette pratique de l’entreprise Enso, sous-traitant ses déchets. Contactée par nos soins, la collectivité explique qu’elle prendra ses dispositions si ces faits sont avérés. Dans un communiqué, elle indique avoir diligenté une enquête de l’Inspection générale des services.
La métropole somme l’entreprise Enso de s’expliquer
Dans des courriers qu’actu Nice s’est également procuré, Christian Estrosi demande des comptes à l’entreprise Enso et a saisi le préfet des Alpes-Maritimes. « Nous avons sollicité le prestataire afin qu’il nous fournisse des informations et éléments complémentaires pour faire la lumière sur les événements qui nous ont été rapportés et vérifier la conformité du contrat », précise-t-il. L’entreprise a jusqu’à ce vendredi pour fournir des explications.
Interrogé par M6, le directeur général des services, Olivier Breuilly, s’indigne : « Je suis outré, c’est inadmissible car si les faits sont avérés, on déroge complètement à la règlementation européenne ». « Nous allons prendre toutes les mesures pour stopper ces irrégularités », ajoute-t-il.
« Responsable mais pas coupable » répond la société mise en cause
Actu Nice a donc contacté l’entreprise mise en cause. Jérôme Kester, le président d’Enso, nous a répondu, à propos de ce reportage : « Un camion a été affrété par Enso pour prendre ces déchets depuis Contes et aller dans un centre de tri à Marseille, exploité par une société espagnole », retrace-t-il.
Cependant, cette société espagnole aurait indiqué à Enso que le centre était déjà saturé. « Ils ont préféré l’expédier vers un autre centre de tri de leur société, en Espagne ». Ce qui ne précise pas l’arrêt d’un autre camion à Gérone avant de repartir vers une autre décharge espagnole. Jérôme Kester l’admet : « Je suis responsable, mais pas coupable ». Et précise à actu Nice qu’il a arrêté de travailler avec cette société.
Quel est le rôle de la société Enso ?
Interviewé par l’équipe de M6 à ce propos, Olivier Breuilly, le directeur général des services, explique le rôle du sous-traitant : « (Enso) doit prendre les déchets que nous ne pouvons pas revaloriser. Elle doit trier les déchets et les répartir soit vers la valorisation énergétique, c’est-à-dire l’incinération, soit vers le traitement, c’est-à-dire qu’on recycle et donne une deuxième vie à nos déchets, ou vers l’élimination, ce qui représente 8% des déchets restants. Mais tout doit se faire localement, conformément à la réglementation. »