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Centre hospitalier public du Cotentin : le déficit dépasse les 90 millions d’euros !

Malgré de nombreuses crises et une situation financière complexe, le Centre hospitalier public du Cotentin affiche une dynamique positive sur l'activité, le recrutement et les projets.
Malgré de nombreuses crises et une situation financière complexe, le Centre hospitalier public du Cotentin affiche une dynamique positive sur l’activité, le recrutement et les projets. (©Jean-Paul BARBIER)

Fin 2021, le déficit cumulé du Centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) dépassait les 90 millions d’euros, selon le rapport arrêté en juin 2022. Cette année-là, le déficit annuel s’est élevé à un peu plus de 8 millions d’euros.

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Ce qui, à défaut de faire de Cherbourg l’un des établissements les plus endettés, représente tout de même un pourcentage du budget annuel de l’hôpital. La dette sociale de Pasteur atteignait les 54 millions d’euros à la fin de l’année 2022, avec en plus 13 millions de pénalité.

Des prestations sociales, à l’instar des charges patronales dues à l’Urssaf, ne sont plus versées. Dans l’enveloppe de 21,2 millions d’euros attribués en 2022 au Centre hospitalier public du Cotentin dans le cadre de la partie investissement du Ségur, seize millions seront justement dépensés pour rembourser une partie de la dette du CHPC envers l’État.

En quelques chiffres

8,1 millions : Le déficit annuel comptable du CHPC s’élevait à 8,1 millions d’euros à la fin de l’année 2021.

92 lits fermés : 10 lits de chir. viscérale, 11 lits de chirurgie A, 12 lits de pneumologie, 8 lits de cardiologie en 2013 ; 40 lits en moins en 2014 ; fermeture des Urgences de Valognes, remplacées par le centre de soins non programmés en 2015 ; 2 lits en moins en 2016 ; 10 lits gynéco obstétrique (les lits sur le pôle femme/enfant) en 2019.

13,4 millions : Le montant total du stock de pénalités sociales et fiscales, relatives aux difficultés de l’hôpital de paiements des cotisations sociales et fiscales, s’élevait au 31 décembre 2021 à 13,4 millions d’euros, contre 11,3 millions d’euros fin 2020.

6 millions : 6 millions d’aides en exploitation au titre de 2021 pour réduire la dette sociale ont été assignées au Centre hospitalier du Cotentin. Dans le cadre des surcoûts que représentaient, pour l’année 2021, la crise Covid et les augmentations du Ségur, l’hôpital avait reçu une dotation de plus de dix millions d’euros.

216 millions : Le montant du budget de dépenses du CHPC. 70 % concerne le personnel, 16% les dépenses médicales et pharmaceutiques, 8 % les dépenses hôtelières et logistiques, et enfin 5 % les amortissements et frais financiers.

Des crédits de restauration de son investissement courant, en fait. Un établissement en difficulté financière, souvent, renonce aux investissements courants. Cela crée un cercle vicieux, avec des difficultés dans les services.

L’hôpital n’est certes pas une entreprise à la recherche de rentabilité, mais il est tenu de répondre à certains impératifs financiers. Même si la crise Covid a fait baisser la tension de ce côté-là… tout en impactant significativement les comptes.

La masse salariale augmente après le Ségur, mais…

S’agissant de la continuité d’exploitation, l’équilibre en trésorerie est subordonné au non-paiement des charges sociales et aux versements des aides exceptionnelles par l’ARS. Si les travaux de modernisation et les investissements vont redonner un peu d’air à des établissements le plus souvent exsangues financièrement, en même temps qu’il va leur permettre de renforcer leur offre de soins pour les patients dans la proximité, le Ségur ne constitue pas le « grand soir » pour le système de santé.

En 2020, les soignants avaient perçu une revalorisation, avec 183 € nets par mois supplémentaires, assortie de modifications de la grille indiciaire. Une hausse salariale comme les professionnels n’en avaient pas connu depuis plusieurs décennies. Pourtant, les infirmières et aides-soignantes restent bien moins payées que leurs homologues peuvent l’être chez certains de nos voisins européens.

En 2021, 70 % du budget de dépenses concerne le personnel. Plus de 2 200 personnels non médicaux (en hausse de 2 % entre 2020 et 2021) et plus de 260 médecins peuplent les différentes structures du CHPC.

Depuis 2004, les hôpitaux sont incités à réduire leurs coûts et à augmenter leur activité. Mais l’enveloppe budgétaire étant fermée, les prix ont baissé, accroissant la pression sur les établissements. Moins de lits, moins de personnels, moins de temps pour les patients… mais pas moins de dettes. Et, par-dessus, une crise des vocations.

L’activité 2021 en hausse

De fait, ce mode de rémunération de l’activité hospitalière valorise mal les soins non programmés et les actes complexes chronophages, qui explosent avec le vieillissement de la population et sont essentiellement pris en charge par l’hôpital public. C’est vrai des maladies chroniques, mais aussi de l’activité en pédiatrie ou en psychiatrie.

De nombreuses réorganisations ont été imaginées ces dernières années, dans ce cadre que Maxime Morin, l’ancien directeur, avait un jour comparé à « un puzzle qui part un peu dans tous les sens ».

En comparant avec la dernière année de référence, 2019, l’activité 2021 était en hausse au global, en notant néanmoins un fort développement de l’ambulatoire (séances et hôpital de jour), compensant un recul conséquent de l’hospitalisation complète (conversion, mais aussi saturation liée aux séjours très longs + fermeture conjoncturelle de lits pour cluster Covid).

Une dynamique de projets

Ces derniers mois, l’hôpital a nourri une dynamique de projets pour renforcer à la fois la qualité des soins, l’attractivité du site pour poursuivre les recrutements et l’activité. L’installation d’un plateau de coronarographie, en 2020, est un exemple très notable.

En 2021, le budget investissement était ainsi en hausse, avec 7,4 millions d’euros (contre régulièrement autour de 4 dans les années précédentes). Un peu plus de 3 millions ont été mis sur la radiothérapie, entre la machine et les installations qui étaient à construire.

Un projet longtemps à l’arrêt, faute de marges de manœuvre financières, mais qui a aujourd’hui vu le jour et accueille des patients, avant un nouveau renforcement avec une nouvelle machine en service dans les prochains mois. Une preuve que malgré les difficultés et une situation financière complexe, l’hôpital avance et se projette.

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En 2022, l’établissement a enregistré un record de 75 internes accueillis et la direction se fixe désormais l’objectif d’arriver à 80 rapidement. Depuis la fin d’année 2022 et début 2023, 18 nouveaux professionnels médicaux ont intégré le CHPC dans 10 spécialités différentes.

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