
Ils demandent plus de temps. Le Collectif des maires pour un urbanisme maîtrisé, qui réunit 22 édiles du Val-de-Marne, ont écrit une lettre ouverte au ministre délégué au Logement Olivier Klein le jeudi 16 février 2023 pour protester contre l’ »application aveugle » de la loi sur la création de logements sociaux (SRU).
Dix villes sanctionnées dans le Val-de-Marne
C’est « une loi à l’objectif louable mais aux modalités hors-sol », juge Charles Aslangul, maire de Bry-sur-Marne, membre du collectif créé en 2021. Avec les 21 autres signataires de la lettre ouverte, parmi lesquelles se trouvent les maires de Maisons-Alfort, Nogent-sur-Marne, Choisy-le-Roi, L’Haÿ-lesRoses, Thiais ou encore Saint-Maur-des-Fossés, il appelle à un assouplissement de la loi SRU.
Celle-ci prévoit des sanctions aux villes encore sous le seuil imposé des 25 % de logements sociaux. Une situation dénoncée par le collectif : « Dans le Val-de-Marne, dix villes sont en constat de carence avec de lourdes amendes infligées et quatre d’entre elles ont vu, en plus, leur compétence urbanisme en grande partie récupérée par l’État, qui concrètement, délivre depuis trois ans les permis de construire en lieu et place des maires. »
Des délais intenables
Une sanction jugée extrême, inefficace et démocratiquement discutable par le collectif, qui estime les délais imposés par l’État impossibles à tenir, malgré une rallonge de neuf ans prévue dans la loi « 3 DS ».
« Il faudrait 11 à 30 ans pour atteindre les objectifs » assurent les élus, s’appuyant sur un rapport de la commission nationale SRU, rendu le 27 janvier 2021, qui préconise de prolonger au-delà de 2025 les obligations de rattrapage du déficit de logement social.
« Bétonner » et « végétaliser » : une équation impossible ?
Les maires évoquent des »injonctions contradictoires majeures« , entre l’obligation de construire plus de logements sociaux et le défi de préservation de l’environnement, « qui exige de maîtriser l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols, mais aussi de créer de nouveaux espaces verts en milieu urbain. (…) On ne peut pas demander aux maires de bétonner toujours plus et « en même temps de végétaliser », critique le collectif.
S’il se dit favorable à la mixité sociale, et donc à la production de logements sociaux, le regroupement des 22 maires demande une nouvelle concertation pour l’aménagement du territoire.
« Dans l’intérêt de nos administrés, notre exigence est double, d’une part, que la mixité sociale soit pensée au regard des réalités et contraintes de nos territoires, d’autre part, qu’elle soit réalisée en harmonie avec le cadre de vie, dans le respect de l’environnement et la qualité de vie des habitants », déclarent les édiles.