
Le mandat de la stabilisation. Le cap est toujours fixé ainsi. Pour Jean-Guy Cornu, le président de la communauté d’agglomération Clisson Sèvre Maine, « la période est d’abord à la digestion ».
Il faut continuer à structurer notre collectivité (ndlr. 16 communes pour environ 55 000 habitants), née d’une fusion entre deux communautés de communes, au milieu du dernier mandat, et qui a dû absorber beaucoup de nouvelles compétences (transports, cycle de l’eau, urbanisme…) et se doter de nombreux plans d’actions (climat, déplacement, habitat…)
Des services qui comptent désormais 158 agents, quasiment le double d’avant 2017. Faisant sauter tous les indicateurs financiers : explosion des charges de fonctionnement, diminution de la capacité d’investissement et forte hausse de l’endettement.
Nous sommes principalement une collectivité de services. Demandés par la population. Cela a d’énormes coûts.
Cela n’empêche pas la communauté d’agglomération d’avoir quelques ambitions. En écrivant son projet de territoire pour 2030 : « la crise sanitaire nous a pris un peu de retard car on a pu se réunir comme on le souhaitait (ndlr. le projet de territoire a nécessité des enquêtes d’habitants – plus de 900 réponses – et une bonne vingtaine d’ateliers de concertation entre élus et agents), » rappelait Hélène Barthélémy, directrice générale des services, alors que le document était prévu pour l‘été 2021.
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L’environnement, une priorité
A défaut de forts investissements, dans un contexte budgétaire très contraint, elle a lancé de grandes intentions. Avec cette principale difficulté, qu’elle n’est pas toujours seule à maitriser les sujets sur lesquels elle veut agir. Par exemple, concernant l’environnement, un axe qu’elle souhaite fort, si l’agglomération a déjà acté un plan vélo pour développer les pistes cyclables (enveloppe de 6 millions d’euros) ou peut intervenir sur les réseaux d’assainissement non-collectifs en réalisant des contrôles et donner des conseils en énergie avec les espaces-conseils créés à cet effet, elle devra fortement collaborer avec le privé et les habitants pour établir un schéma directeur des énergies renouvelables. Eolien, solaire, méthanisation… les projets sont souvent aussi polémiques que longs à mettre en place.
« Il y a des partenariats à créer. On peut impulser. On va d’ailleurs commencer par équiper nos bâtiments (piscines, Quatrain….) » reste optimiste Jean-Guy Cornu. L’écriture de ce schéma reste cependant une étape majeure de la feuille de route car la marche est ambitieuse : l’objectif est d’atteindre les 33% de production d’énergies renouvelables (contre 11% en 2016).

Une résidence jeunes travailleurs
Autre exemple, concernant l’habitat, l’intercommunalité souhaite la construction d’une résidence jeunes actifs et de locatifs sociaux pour aider des acteurs économiques en mal de recrutement. Là aussi, l’agglomération devra composer avec les communes. Même chose pour le développement de circuits courts en matière de restauration collective (cantines, maisons de retraite...).
L’idée est de se rassembler pour constituer des groupements de commandes et réaliser des appels d’offres qui soient adaptés aux producteurs pour qu’ils puissent y répondre.
Une ambition plusieurs fois testée à l’échelle du Pays du vignoble nantais, mais pas vraiment aboutie.
Nous sommes conscients des difficultés et des obstacles. Ces freins ont d’ailleurs maintes fois été évoqués par les élus lors des ateliers. Mais nous voulons appliquer la théorie des petits pas. Pour arriver un jour au bout du chemin.
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Parcs économiques : il y aura des arbitrages
Sur certains sujets, la communauté d’agglomération pourra davantage maitriser son projet de territoire. A commencer par son développement économique.
« Avec le zéro artificialisation nette, même si les décrets d’application sont en cours de modification, nous nous devons d’être vertueux en consommation d’espaces fonciers. On va poursuivre des extensions de parcs d’activités, faire occuper des bâtiments qui ne le sont pas, mais avec une stratégie qui sera vertueuse. Avec des entreprises qui devront l’être. En clair, pas d’Amazon sur notre territoire. Quant aux nouvelles zones économiques, il faudra faire des choix. Là aussi, celle prévue au Garré, à Vieillevigne, il faut l’oublier », prévient Jean-Guy Cornu.
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Pour les séniors, par le Clic (centre local d’information et de coordination) qu’elle finance, l’agglomération souhaite aller plus loin avec cet organisme qui apporte des solutions aux personnes devenant dépendantes en favorisant le maintien à domicile. Pour les plus jeunes générations, elle souhaite conforter l’offre qui va de la petite enfance (relais, lieu accueil parents-enfants…) aux adolescents (espaces jeunes) en passant par les centres de loisirs : « pour la caisse d’allocations familiales, nous sommes une vitrine tellement nous avons de service à la population », souligne la directrice.
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1,2 million d’euros
Reste que cette feuille de route fera surtout appel à de l’ingénierie d’ici 2030. Recrutement de personnel et études la composeront. D’ailleurs, 1,2 million d’euros, soit 120 000 euros par an, lui seront consacrés. Car l’agglomération veut surtout retrouver une santé financière : « les 3,5 millions d’euros d’autofinancement sont visés en 2026 (ndlr. 2 millions d’euros actuellement) et un délai de désendettement à 3 ans et demi (ndlr. contre 135 années d’ici la fin du mandat selon une estimation du cabinet Calia) », concluait Jean-Guy Cornu. Petits pas, mais grandes ambitions.