
Pour sa troisième édition, le Colors festival frappe fort à Paris : 4 500 m² de fresques répartis sur cinq étages, plus de 80 artistes, mais aussi un bar, un minigolf et un stand de tir de Nerf… Laissez-vous guider par Combo, le street-artiste à l’origine de ce musée éphémère.
Des œuvres de street art partout, du sol au plafond
Dès l’entrée, le public est happé par la couleur rouge qui habille l’espace du sol au plafond. Illuminées par des puits de lumières, les fresques sont omniprésentes et se mélangent dans un joyeux bazar. Le tout s’articule autour d’un arbre qui traverse les cinq étages, « un clin d’œil à l’ancien nom de ce bâtiment, Sequoia », glisse Combo.
Après s’être emparés d’anciennes écuries lors de la précédente édition, c’est un ancien immeuble de bureaux qui fait désormais office de terrain de jeu pour l’artiste et ses équipes. En attendant qu’il soit réhabilité en logements, l’immobilière des 3F leur a donné carte blanche.
Des œuvres qui existent grâce aux visiteurs
Au rez-de-chaussée, la silhouette d’une femme en apesanteur signée Lesli Molina côtoie la charrette en partance pour Marrakech de Mouad Aboulhana. Des fresques, mais pas que. « Comme les années précédentes, les visiteurs sont invités à toucher les œuvres« , insiste l’instigateur du projet.
Le public peut dessiner sur les murs à certains endroits, participer à un coloriage géant… Les œuvres ont été réalisées pour éprouver le passage du public. On engage les gens à se mettre en scène dans ces installations qui ne prennent vie que grâce à eux.
Un aperçu des nombreuses disciplines du street art
Les disciplines sont nombreuses et d’un regard, les visiteurs croisent le collage avec Jo Di Bona qui reconstitue l’univers de Stranger Things, se retrouvent sur le quai du métro Châtelet orné de graffitis et admirent les photographies de Kares Le Roy qui rend hommage aux femmes iraniennes.

Animés par l’envie de mêler la culture et le divertissement, les artistes du Colors festival ont rivalisé d’originalité. Sandre a imaginé un parcours de mini-golf, quand Remi Cierco a mis à disposition des pistolets Nerf pour tirer sur sa fresque. Parmi les surprises de cette édition, figure également l’installation musicale du DJ et ancien candidat de la Star Academy, Quentin Mosimann.
Poursuite de la visite dans les sous-sols de l’immeuble
Contrairement au parcours classique d’une exposition, Combo invite les visiteurs à s’enfoncer dans les profondeurs de l’immeuble. Dans les anciens parkings, les fresques plongées dans le noir se révèlent à la lumière des néons.
Portable à la main, Éric immortalise chaque œuvre. « Je suis passionné de street art et de graff depuis tout petit. J’ai grandi avec la culture hip-hop, on faisait de petits tags à gauche à droite, mais jamais, je n’aurais cru assister à la reconnaissance de ce courant ! », exalte-t-il.

À 54 ans, il a parfois « larme à l’œil » face à certaines fresques qui « reflètent la société ».
Les fresques m’émeuvent plus qu’un Monet ou qu’un Picasso. Le street art permet de découvrir une ville différemment et de rencontrer des gens aussi. Quand on est soufflé par une œuvre, on engage facilement la conversation, on parle de la technique, on se refile les bonnes adresses avec les spots incontournables… Je ne me vois pas faire ça devant la Joconde, dire « hé, tu as vu son regard ».
Un événement ancré dans le quartier de La Villette
En seulement deux mois, Combo et ses équipes sont parvenus à monter ce projet, emprunt des enjeux de son époque. « On a travaillé avec des recycleries, tous les matériaux présents ici ont déjà été utilisés et seront réemployés à la fin de l’événement », assure-t-il.
Quant à l’accueil du lieu, il est orchestré par des jeunes éloignés du monde de l’emploi. « Entre l’ancien camp Forceval et le Covid, ce quartier a souffert. Le redynamiser à notre échelle, grâce au Colors festival, donne du sens à notre travail », soutient Combo.

Et il en faudra des forces pour accueillir le public. Cette année, l’organisation attend minimum 100 000 visiteurs quand les 50 000 ont été dépassés l’an dernier en l’espace d’un mois. Pour Combo, « cet événement s’adresse à tous ceux qui n’osent pas rentrer dans une galerie, dans un musée ».
Colors festival, 105 boulevard Macdonald
Du 4 février au 10 décembre 2023
Tarifs : 7 euros (enfants), 11 euros (seniors), 17 euros