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Contraception : vers une pilule temporaire pour les hommes ? 

Contraception
Un inhibiteur de sAC (enzyme essentielle à la motilité et à la maturation des spermatozoïdes) permettrait de réduire la fertilité masculine rapidement et provisoirement (© RFBSIP/Adobe Stock)

Un nouveau moyen de contraception masculine, encore jamais testé auparavant, pourrait bien voir le jour. Mardi 14 février 2023, les travaux publiés dans la revue Nature Communications, ont dévoilé une stratégie de contraception « à la demande ».

Grâce à une molécule permettant de réduire la fertilité masculine rapidement et provisoirement, l’homme prendrait une pilule contraceptive peu de temps avant chaque rapport sexuel, uniquement au besoin.

Équité des sexes

Mise au point par des chercheurs du Weill Cornell Medicine aux États-Unis, et actuellement testée sur des souris, cette contraception permettrait d’assurer l’équité entre les sexes et de révolutionner la planification familiale.

Pierre Colin, co-fondateur de l’Ardecom (association pour la recherche et le développement de la contraception masculine), confie à actu.fr que « c’est le genre de contraception qui pourrait fonctionner sur les humains ».

En clair, en prenant cette pilule quelques dizaines de minutes avant d’avoir un rapport sexuel, l’homme se retrouverait temporairement infertile, sans impact sur sa sexualité. Il retrouverait ses capacités dans les trois heures qui suivent la prise.

Réduire la mobilité des spermatozoïdes

Une étude menée sur 52 souris mâles a montré qu’une dose d’un inhibiteur de sAC (adénylate cyclase soluble), enzyme essentielle à la motilité et à la maturation des spermatozoïdes, rend les souris mâles temporairement infertiles. En bloquant cet enzyme, les spermatozoïdes ne parviennent plus à se déplacer pendant plusieurs heures et ne peuvent donc pas féconder d’ovule

L’inhibiteur agit dans les 30 minutes après la prise et pendant deux heures et demie. Il n’a montré aucune influence sur le comportement d’accouplement. « Après trois heures, certains spermatozoïdes commencent à retrouver leur motilité. En 24 heures, presque tous les spermatozoïdes ont récupéré un mouvement normal », détaillent les scientifiques dans la revue Nature Communications.

Le Docteur Mélanie Balbach, associée post-doctorale au département de pharmacologie du Weill Cornell Medicine, pense que cela pourrait « permettre aux hommes de prendre des décisions quotidiennes concernant leur fertilité ».

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Une méthode inédite, sans effets secondaires 

La plupart des efforts actuels réalisés pour développer de nouveaux contraceptifs pour les hommes ont révélé avoir un impact sur le développement des spermatozoïdes, nécessitant des mois de prétraitement continu.

Selon le Docteur Mélanie Balbach, « tous les autres contraceptifs masculins expérimentaux, hormonaux ou non hormonaux, mettent des semaines à réduire le nombre de spermatozoïdes ou à les rendre incapables de féconder les ovules. »

Les traitements agissant de manière aiguë, comme celui-ci, sont moins susceptibles de provoquer des effets secondaires indésirables par rapport aux traitements chroniques.

Pour Nature Communications, ces études démontrent la faisabilité de deux paradigmes novateurs pour la contraception humaine : contraception masculine non hormonale et contraception pharmacologique à la demande.

Quelles sont les méthodes de contraception masculine déjà existantes ? 

La plupart des méthodes contraceptives modernes disponibles sont destinées aux femmes. Pourtant, selon une étude de l’Institut Solidaris réalisée en 2017, jusqu’à 40 % des hommes se disent prêt à prendre une pilule contraceptive. 

Les préservatifs et la vasectomie restent à ce jour les plus connus. À ces deux méthodes s’ajoutent l’injection de testostérone, « un traitement hormonal hebdomadaire par injection, permettant d’arrêter la fabrication de testostérone dans le corps et donc la fabrication de spermatozoïdes », détaille Pierre Colin, co-fondateur de l’Ardecom, et la contraception thermique. « Il s’agit d’un slip avec un anneau dans lequel on fait passer la verge. Les testicules remontent et passent de 34 degrés à 37 degrés, donc la spermatogénèse s’arrête », explique Pierre Colin.

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La pilule pas disponible avant 10 ans en France ? 

Pour l’heure, aucun test n’a été réalisé sur les hommes, il ne s’agit que d’essais précliniques sur le modèle animal. « Il n’y a pas tous les éléments pour juger de la pertinence de cette méthode. On ne la remet pas en cause, cela peut être intéressant, mais là, on ne parle que de souris », insiste Pierre Colin.

Les méthodes n’apparaîtront pas avant 10 ans sur le marché en France, car c’est très long. Il va falloir tester cette technique sur les hommes, ce qui se fera d’ici trois ou quatre ans, puis avoir la validation des autorités de santé.

Pierre ColinCofondateur d’Ardecom

L’objectif est donc désormais de pousser les recherches afin de tester ce candidat-médicament sur l’Homme. Les chercheurs espèrent lancer les effets cliniques d’ici trois ans

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