
À Sideville (Manche), le 16 juin 2022, à 21 h 35, sur la RD 650, la « route touristique », une collision frontale entre deux véhicules a entraîné la mort d’un jeune homme de 22 ans.
Les circonstances ont été relatées lors de l’audience de ce mardi 24 janvier 2023 devant les juges cherbourgeois qui avaient à juger la responsabilité du jeune homme qui conduisait la voiture par laquelle l’accident est advenu.
Au volant comme « un débile »
Le prévenu a lui aussi 22 ans, l’âge du jeune qui a été d’une certaine façon sa victime. Le garçon est un fou de vitesse. Il était un volant d’une Mazda, à conduite sportive. La sienne était à conduite à droite, qui présentait l’avantage pour lui d’être moins chère à l’achat : « 3 000 € au lieu de 10 000 € pour une conduite à gauche », a-t-il précisé. Mais un désavantage : le manque de visibilité pour dépasser un véhicule.
La route est limitée à 80 km/h. Ce n’est pas un problème pour le jeune. « Je roule régulièrement comme un débile », avait-il dit aux gendarmes après l’accident. Il reconnaît que les lignes blanches ne sont pas un obstacle pour lui, pas plus que les limitations de vitesse. Sur la RD 650, il s’était déjà signalé en « collant au c… » une voiture qui le précédait.
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« J’ai été remise à ma place sur mon siège »
Puis, en accélérant, il a entrepris d’en dépasser une autre. « J’ai été remise à ma place sur mon siège », se rappelait sa passagère, surprise par la violence de l’accélération. Sans visibilité à cause de son volant à droite, et malgré une bande blanche, il s’est débusqué de la voiture qui était devant lui.
« Je pensais qu’il n’y avait personne, je savais que c’était interdit. » En face, venait une Peugeot à vitesse normale, un jeune de 22 ans au volant. Le choc a été terrible, les deux voitures réduites à l’état d’épaves. Dans sa Mazda, lui et sa passagère ont été blessés.
La victime commençait sa vie professionnelle…
En face, c’était le drame. Il a fallu désincarcérer le jeune conducteur grièvement blessé pour tenter de le sauver. L’hélicoptère Dragon 50 l’a transporté d’urgence vers le Centre hospitalier du Cotentin à Cherbourg. Mais il a succombé d’une importante hémorragie interne.
À l’audience, la mère du jeune disparu a dressé de lui un portrait sobre, d’une émotion contenue, accompagnée de son mari, qui tenait une photo de leur fils. « Il était espiègle, dit la maman, il aimait les chats, il aimait la vie. Adolescent, il se cherchait, il voulait être architecte. Jeune adulte, il était protecteur, honnête. Il commençait sa vie professionnelle. C’était un jeune homme plein de rêves. Il avait 22 ans, sa vie devant lui. Il a été tué sur la route par quelqu’un qui a pris la route comme un jeu. »
Deux ans et demi de prison ferme requis
Le prévenu avait déjà eu des accidents. Une fois, il avait perdu le contrôle de son véhicule parce qu’il roulait trop vite sur une départementale sinueuse. La voiture a fait un tête-à-queue, il y avait trois passagers à bord. Il avait été verbalisé trois fois pour excès de vitesse et pour franchissement d’une ligne blanche. Ça ne l’a pas calmé.
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Lors de l’accident de Sideville, il conduisait en chaussons, les pneus de la Mazda étaient lisses. Il n’avait même pas fait le changement de carte grise. La vitesse seule l’intéresse. « Comprenez-vous le danger de votre conduite ? L’interpelle la juge. « Avant, non, maintenant oui. » « Il faut donc arriver à la mort de quelqu’un pour que vous rentriez dans le rang ! »
Les réquisitions du substitut du procureur ont été rudes. La magistrate a demandé au tribunal de condamner le jeune à une peine de 48 mois de prison dont 18 mois avec sursis, soit à 2 ans et demi de prison ferme, sans possibilité d’aménager la peine, ce qui veut dire que s’il est reconnu coupable, il sera dans ce cas incarcéré.
Il est demandé que son permis soit annulé et qu’il ne soit autorisé à en repasser les épreuves que dans 4 ans. Trois amendes de 135 € chacune sont également proposées : pour excès de vitesse, dépassement de ligne blanche, et pour l’état de sa voiture. Délibéré au 7 février.