
Quatre nuits par semaine, du lundi au samedi, les policiers municipaux de la Ville de Courtry, en Seine-et-Marne patrouillent dans la commune. Objectif : assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique. À la tête de ces agents, il y a David Bordet, chef de la police municipale de Courtry.
Vendredi 10 février 2023, la rédaction de La Marne a suivi le déroulement d’une nuit d’intervention, de 22 h à 00h00. Reportage.
21 h 45
Les agents de la police municipale sont de garde depuis 12 h, ce vendredi. « Au poste, nos équipes alternent des gardes de 7 h à 18 h ou de 12 h à 0 h. Nous ne travaillons pas de 7 h à 0 h », explique David Bordet, chef de la police municipale. Durant ces gardes, l’effectif se divise en deux équipes. Chaque équipage compte un chef de bord, un conducteur et un équipier. Au total, ils sont huit policiers et cinq agents de surveillance de la voie publique, présents à leur poste du 1er janvier au 31 décembre, avec une permanence téléphonique de 8 h à minuit.
Il est 21 h 45, lorsque Marie, Nicolas, Christophe, Patrick et Steeve partent en intervention.
« Nous partons dans un des quartiers de la ville où nous suspectons du trafic de stupéfiants », explique Nicolas.
Arrivés sur les lieux, les policiers municipaux inspectent chaque recoin de la résidence. Pour cela, ils sont accompagnés de Rafal, un chien de patrouille de police municipale. « Rafal obéit au principe de la légitime défense, il est présent sur les interventions avec nous », explique Patrick, le maître-chien.

L’inspection de la résidence ne durera pas longtemps ce soir, l’opérateur de vidéo protection, le chef de la police municipale prévient son équipe : un homme marche au milieu de la route, à proximité de la mairie. Une fois le message reçu, les deux équipages courent aux voitures et se rendent sur place. « Nous devons changer d’intervention, mais nous restons vigilants. Nous avons senti une odeur de produits stupéfiants et nous avons remarqué des passants au comportement suspect », confie Nicolas.
22 h 04
Les dires de David Bordet sont confirmés. Un homme désorienté marche avec difficulté au milieu de la route.
L’individu est connu des équipages. « Cet été nous sommes intervenus auprès de lui pour les mêmes raisons », expliquent les policiers municipaux. L’homme d’un certain âge dit vivre dans la commune de Le Pin et semble déterminé à s’y rendre à pied.
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« Il présente un danger pour lui-même, il est désorienté et marche au milieu de la route. Pour autant ses propos sont cohérents. Le prendre en charge ne fait pas partie de nos missions. Nous ne pouvons pas le ramener chez lui, pour autant nous ne nous voyons pas non plus le laisser poursuivre son chemin. Il pourrait être percuté par une voiture, créer lui-même un accident de la route. Ce serait trop dangereux pour lui et pour les autres », confie Nicolas.

Problème : ni la police nationale ni les services d’incendie et de secours ne se déplaceront pour prendre en charge ce monsieur. La responsabilité revient donc à la police municipale. « Nous allons essayer de trouver les contacts de proches de ce monsieur afin qu’ils viennent le chercher et en attendant, l’un des deux équipages restera auprès de lui », annonce Patrick. Cette intervention durera une heure. Le fils viendra finalement le chercher.
La complémentarité entre le travail de terrain et le CSU
« Sans le CSU, nous n’aurions peut-être jamais été au courant de cette intervention, l’homme aurait quitté les frontières de la commune et on ne sait pas ensuite ce qu’il se serait passé. Il y a une vraie complémentarité entre le travail de terrain et de travail de surveillance derrière les caméras. Ce sont deux métiers différents, mais indissociables », estiment les policiers municipaux.

Selon eux, ce qui détermine ou non leur envie de travailler pour une ville plus qu’une autre c’est en premier point l’équipement. « Personnellement, je regarde les moyens que donne la Ville à sa police municipale pour intervenir. Je suis aussi vigilant à la question de l’armement. Nous sommes des primo-arrivants. Depuis les attentats en France, la question de l’armement est devenue une préoccupation de grande importance pour les effectifs », explique Nicolas.
En effet, les policiers municipaux précisent : « Lorsque nous sommes armés, il n’y a plus de différence entre les policiers nationaux ou les gendarmes. Nous sommes tous en capacité de nous défendre s’il y a une attaque. Cela dissuade les personnes malveillantes. »
Autre point important qui attire l’attention des policiers municipaux : l’emploi du temps. « À Courtry, nous sommes satisfaits du planning, nous alternons entre grande et petite semaine. »
Aucun policier municipal ne réside à Courtry
Et même si la question de l’armement est une priorité aux yeux des effectifs, il n’est en aucun cas souhaitable pour les policiers municipaux d’avoir à s’en servir. « Avant chaque journée d’intervention, je souhaite à mes équipes de rentrer le soir embrasser leur famille », confie David Bordet. À noter qu’aucun policier municipal de Courtry, ne réside dans la commune. « C’est plus sécurisant pour nous. On ne sait jamais », justifie Marie, la seule femme policière municipale de la commune.
23 h 18
David Bordet contacte une nouvelle fois ses équipes. Une fumée blanche apparait aux caméras. « On suspecte un feu au niveau du Chemin des Glands », annonce David Bordet à ses équipes. Ni une, ni deux, Nicolas, chef de bord, et Christophe, conducteur, se rendent sur place. En effet, sur un campement des gens du voyage, un feu prend forme. Les policiers municipaux ne peuvent que le constater. Les pompiers n’interviendront pas non plus. La raison : le feu ne présente pas de risque de propagation.
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« Nous faisons face à ces incivilités de la part de la communauté des gens du voyage, mais contrairement aux autres services étatiques, nous entretenons des relations cordiales. Nous sommes un service de proximité, nous arrivons à dialoguer avec les personnes qui résident sur le territoire de la commune qu’ils respectent ou non la loi », tient à préciser Nicolas.
23 h 40
C’est l’heure de fermer les espaces publics de la Ville. « Cette mission nous revient. Nous fermons les stades et les différents parkings de la commune », complète Christophe.
Minuit
Le service de nuit est censé se terminer, mais les agents de la police municipale de Courtry souhaitent conclure leur nuit de garde par un contrôle routier. Les deux équipages se retrouvent et garent leur véhicule place du Général-Leclerc. Il ne faut p

as attendre longtemps avant que les premiers conducteurs soient contrôlés. « Il fait nuit, il est tard, les automobilistes négligent le stop et beaucoup le grillent », raconte Steeve. « Nous sommes là pour y veiller. Nous réalisons le contrôle de véhicule et nous pouvons les verbaliser », ajoute Nicolas.
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Selon les agents de la police municipale, Courtry n’est pas une ville de grande délinquance. « Pour autant, c’est une ville de passage, nous avons donc des interventions qui impliquent des individus résidants en dehors de la commune. » En 2022, la police municipale a réalisé 510 interventions de voie publique, 1627 procès-verbaux, 433 opérations de tranquillités vacances et 84 objets trouvés.