Par Ivan CAPECCHI Publié le Actu Strasbourg Voir mon actu Suivre
Pour Yves Hansmann, chef du service des maladies infectieuses, c’est officiel : « Nous sommes dans une phase très particulière, celle de la troisième vague« , a-t-il déclaré lors d’un point presse organisé, ce jeudi, par les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).
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Une situation devenue « très tendue » ces derniers jours
« Depuis le mois d’octobre, nous avons, en permanence, des patients hospitalisés dans les secteurs dédiés à la prise en charge des patients Covid-19, […] avec des hauts et des bas qui ne suivent pas forcément les courbes d’incidence », développe le professeur tout en admettant, pour ce dernier point, « qu’il y a encore une part d’incompréhension à ce niveau-là ».
Ceci étant dit, « nous observons, depuis quelques jours, une nouvelle augmentation du nombre de patients, en particulier des formes sévères, pour lesquels nous sollicitons beaucoup nos collègues de réanimation« .
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Des capacités d’accueil augmentées
De fait, donc : « La situation devient très tendue depuis plusieurs jours en termes de nombres de lits disponibles pour les patients Covid« .
Face à ce constat, poursuit Yves Hansmann, « nous avons été obligés d’augmenter la capacité d’accueil, ce qui n’était pas arrivé depuis la fin de la deuxième vague ».
« Actuellement, on oscille entre 40 et 50 % de déprogrammation« , glisse par ailleurs Paul-Michel Mertes, chef du service Anesthésie-réanimation chirurgicale.
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493 patients en réanimation depuis le début de la 2ème vague
Au niveau des réanimations, à l’échelle des HUS, 489 patients ont été hospitalisés dans ces services lors de la première vague (du 01 mars 2020 au 31 août 2020), contre 493 depuis le début de la deuxième vague (à compter du 01 septembre 2020 jusqu’à aujourd’hui).
L’âge moyen des patients entre la première et la seconde vague n’a quasiment pas bougé (63 ans contre 64 ans).
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Une meilleure prise en charge des patients
En revanche, la durée moyenne de séjour (DMS) est passée de 16 jours à 14 jours.
Une progression qui s’explique par une meilleure connaissance du virus et une meilleure prise en charge des patients. « Nous sommes allés moins rapidement dans l’intubation des patients », constate, par exemple, Ferhat Meziani, chef du service de médecine intensive-réanimation médicale.
Concrètement, il y a, actuellement, « 50 à 60% des malades qui ne sont pas intubés », précise le professeur. Les décès, dans le service de Ferhat Meziani, représentent « 15% » des cas, contre « 20% » lors de la première vague.
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La situation pas comparable à la première vague
« Comparé à la première vague, nous n’avons clairement pas affaire à la même chose, que ce soit en termes d’importance ou de gravité. Nous sommes dans un système qui semble relativement maîtrisé », conclut M. Meziani.
A tel point que les HUS ont pu accueillir « des patients de la région Grand Est, notamment de Metz et de Thionville« .
Toujours est-il que la durée de la crise et l’absence d’horizon de fin pèsent sur le moral des équipes : « C’est vrai que c’est compliqué », concède le professeur Hansmann. « Il y a une forme d’épuisement », ajoute-t-il.
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Le variant anglais prépondérant
Au niveau des variants, les HUS ont constaté, ces dernières semaines, « une évolution tout à fait significative du variant anglais« . « Sur les derniers prélèvements, on atteint presque 80 % de souches qui sont des variants anglais identifiés », détaille M. Hansmann.
« Concernant le variant sud-africain, il y a eu un pic, mais qui était lié à un cluster en Moselle« , complète le professeur.
Quant au variant brésilien, « il n’y a pas encore de gros problèmes liés à ce dernier ».
Retour du beau temps n’est pas synonyme de circulation moins active du virus
Les températures extrêmement douces de ces derniers jours, et plus globalement le retour du beau temps vont-ils influer sur l’épidémie ? Yves Hansmann se veut « très prudent » :
« Je ne dis pas que ça n’a aucun rôle, mais la vérité est qu’on ne sait pas quelle est l’importance réelle des phénomènes climatiques ».