Par Rédaction Flers Publié le L'Orne Combattante Voir mon actu Suivre
Ce mercredi 31 mars 2021, la cour d’appel de Caen examinait l’affaire d’un ancien magnétiseur, poursuivi pour plusieurs agressions sexuelles sur deux mineures, qui auraient été commises dans les communes de Mézidon-Canon et de Clécy (Calvados). Le prévenu, condamné à un an de prison avec sursis probatoire de deux ans en première instance, a de nouveau contesté les faits.
Des attouchements sexuels de la part d’un ami de son père
À l’origine de cette affaire, un signalement effectué par le service pédiatrique du CHU Caen en janvier 2016 après l’hospitalisation, pour des crises d’épilepsie, de l’une des victimes présumées.
Alors âgée de 15 ans, elle expliquait avoir été victime d’attouchements sexuels, deux ans plus tôt, de la part d’un ami de son père, le prévenu, qui l’avait hébergée.
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Elle avait décrit plusieurs épisodes survenus chez son père, ou l’ami de celui-ci à Mézidon-Canon. Il était question de caresses sur la cuisse lors d’une sortie en extérieur, d’une main posée sur la poitrine dans la salle de bains. Une autre fois, elle indiquait avoir été magnétisée et s’être réveillée sur le canapé, la ceinture ouverte, sans savoir ce qu’il s’était passé.
Il aurait « tripoté » l’ado
Entendu à l’époque, son père, lui-même magnétiseur, avait précisé qu’un projet d’association avec cet ami avait été évoqué mais n’avait pas abouti. Il n’avait jamais remarqué de gestes déplacés envers sa fille.
Placé en garde à vue, le mis en cause avait contesté s’être retrouvé seul avec elle. Selon lui, l’ado avait menti en raison de la brouille liée au projet d’association avorté avec son père.
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En parallèle, un autre signalement avait fait surface en décembre 2016, provenant cette fois-ci de l’assistante sociale d’une école, où était scolarisée la seconde victime présumée. Âgée elle aussi de 15 ans à l’époque, l’adolescente avait mis en cause le même homme, qui lui aurait « tripoté le corps » à plusieurs reprises, en remontant jusqu’au sexe.
Elle l’a vu « assez souvent » la toucher au niveau des seins
Sa mère avait été une cliente du mis en cause. Ils s’étaient mis en couple et s’étaient installés, avec leurs enfants respectifs, à Clécy. L’adolescente avait dénoncé des caresses, dans une majorité de cas au-dessus des vêtements, qui seraient survenues d’octobre 2015, jusqu’à la séparation du couple en mars 2016.
Sa sœur, alors âgée de 10 ans, disait avoir vu l’homme « assez souvent » la toucher au niveau des seins.
Ce mercredi, le prévenu de 52 ans, qui n’a aucune condamnation sur son casier, a commencé par contester l’ensemble des faits reprochés, sous les yeux des deux victimes présumées, accompagnées de leur mère respective.
« Je ne suis pas un pervers »
Selon lui, la séance de magnétisme, qu’il pratiquait depuis plus de 10 ans, avec la première ado n’a jamais eu lieu. De toute façon, « quand je magnétise quelqu’un, je mets une main devant, l’autre derrière. Je n’ai pas trois mains pour passer sous le tee-shirt. «
J’ai une conscience, je suis quelqu’un de droit, pas un pervers, j’ai rien fait, voilà c’est tout. Je suis fatigué de tout ça.
À la barre, la première victime présumée a maintenu sa version. Sa mère, en pleurs, a estimé qu’on lui avait « pris son adolescence ».
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Après leur passage devant les juges, le prévenu a ensuite mis en cause son ancienne compagne de Clécy, la mère de la seconde adolescente. « Cette femme-là est plus que dangereuse », a-t-il lâché en évoquant un complot contre sa personne. « Comment la mère peut manipuler sa fille alors que la fille n’avait rien dit à sa mère ? », s’est interrogé le juge.
« Monsieur a produit des attestations de ses clients avec une expression qui revient : ‘Il a bon cœur’, a enchaîné l’avocat de la première adolescente. Mais cela ne m’intéresse pas. Ce n’est pas la parole de l’un contre l’autre, mais la parole de l’un contre deux victimes, voire même une troisième que je pourrais inclure. Un triple complot, ça fait beaucoup. »
La défense plaide la relaxe
L’avocate de l’autre jeune femme, qui était basée à Clécy, s’est dite lassée de la posture du prévenu :
Il reste fidèle à lui-même : être la victime de ce dossier, évoquant une enquête mal faite des gendarmes ou la manipulation de ses ennemis. Ma cliente aussi, est fatiguée de l’entendre nier l’évidence. On attendait, à tout le moins, des excuses.
A dix sous le même toit
Pour la défense du prévenu, l’avocate a commencé par rappeler qu’il avait pris un « risque », en faisant appel, de voir sa peine aggravée. Puis elle a mis en doute les propos de la sœur de la victime présumée de Clécy, en précisant qu’à cette époque-ci, ils vivaient à dix sous le même toit.
Soit neuf témoins éventuels. Peut-on imaginer une minute qu’il n’y ait pas eu au moins un autre témoin ?
« Oui il y a de la souffrance (chez les deux adolescentes) mais la souffrance n’est pas une preuve, elle a des origines multiples. Prenons le temps d’accueillir la parole des plaignantes au même niveau que celle du mis en cause », a-t-elle réclamé en demandant la relaxe.
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De son côté, l’avocat général n’a pas été convaincu par le discours parfois « hors sujet » durant l’audience de l’homme, en qui il a perçu un « sentiment d’impunité. Il est le seul à faire apparaître la notion de complot. La révélation des faits est pourtant le fait de professionnels. »
Le magistrat a requis trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire.
La cour d’appel a mis son arrêt en délibéré. L’homme sera fixé sur son sort le 28 avril prochain.
SH – PressPepper