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Délinquance à Guingamp : quelle réalité ? 

Voitures vandalisées gare guingamp
Fin novembre 2022, treize voitures et quatre cars étaient vandalisés près de la gare de Guingamp (Illustration). ©Rémi CHARRONDIERE/L’Echo de l’Argoat

Ce que ressentent les commerçants

Breizh Vélo ferme. En face de la gare, David Le Borgne cesse son activité, découragé. Trois ans et demi après avoir ouvert sa boutique de vente, location et réparation de cycles.

« J’ai déposé une dizaine de plaintes en un an et demi. Il y a eu des vols, des dégradations, des tentatives d’intrusion, du vandalisme pur. »

Il déplore un manque de considération de la part de la municipalité. « J’ai écrit à l’adjointe chargée de la sécurité, sans réponse. Les élus de Guingamp sont sourds et aveugles par rapport à l’insécurité. Ils ne veulent pas en entendre parler, s’insurge le commerçant, reprochant également un délaissement envers le quartier de la gare. Nous sommes considérés comme un quartier de seconde zone. Nous sommes abandonnés ! »

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« Quelque chose cloche depuis un moment »

Dans un autre quartier, sur la place du Centre, la gérante de la boutique de prêt-à-porter Icône témoigne. « Je n’ai pas de souci personnellement au magasin, mais on voit bien que quelque chose cloche depuis un moment maintenant », explique Ophélie Riou.

Cette situation est nuancée par Sylvain Derbré, président de Guing’Envie, l’association des commerçants. « Il y a toujours des hauts et des bas. Mais il n’y a pas eu de faits récents survenus à ma connaissance, ou de problème notoire. »

Ce que disent les chiffres

Mais au-delà de ces ressentis, que disent les chiffres de l’insécurité dans la commune ? Chaque année, ils sont présentés et commentés par le préfet. En attendant ceux de 2022, prévus pour le début du mois de mars, voici ceux de 2021, compilés par le ministère de l’Intérieur. 
En 2021 donc, un total de 267 crimes et délits a été comptabilisé à Guingamp, hors agressions sexuelles et vols d’accessoires sur véhicules (chiffres nouvellement ou plus comptabilisés). On en dénombrait 238 en 2019. Cela représente une augmentation de 12,2 %, malgré le confinement du printemps 2021.
Concernant les coups et blessures volontaires en dehors du cadre familial, 7,6 habitants sur 1000 en ont été victimes à Guingamp en 2021. C’est 2,4 fois plus qu’en 2016 (3,2 pour 1000) et 4,2 fois plus que pour le même type d’agglomération en Bretagne (1,8 pour 1000).
En revanche, des baisses sont à souligner. Les vols de véhicules sont passés de 25 en 2018 à 6 en 2021. Les cambriolages ont aussi diminué, de 22 en 2017 à 13 en 2021.

Ce que pensent les élus

De son côté, Philippe Le Goff, maire de Guingamp, condamne tous ces faits. Mais pour lui, « quand on regarde la réalité, on ne peut pas considérer qu’on a une insécurité ».

Il rappelle le travail mené par la gendarmerie : « Nous avons, à Guingamp, l’un des taux d’élucidation les plus forts du territoire », argumente l’élu de gauche, sans donner le détail des chiffres.

Et s’il comprend le sentiment d’insécurité qui peut venir après les méfaits, il relativise : « Quand on compare notre ville avec d’autres collectivités du territoire ou d’ailleurs, je trouve qu’on vit à Guingamp sans ce sentiment de peur. »

Il travaille par ailleurs en direct avec les forces de l’ordre. « Je rencontre le capitaine de gendarmerie de Guingamp à peu près tous les mois. On étudie les chiffres, je lui pose des questions, on réfléchit aux solutions, à adapter les mesures selon les problèmes. »

« Un sentiment d’insécurité »

Les élus de l’opposition sont sur la même ligne. Roger Hervé (divers droite) considère qu’il n’y a « pas une criminalité forte à Guingamp, mais plutôt un climat ».

Il confirme néanmoins un « sentiment d’insécurité », causé par « tous les faits agglomérés, comme les dégradations de voitures, les tapages nocturnes… »

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Quant à Gaël Roblin (gauche indépendantiste), il s’oppose à l’idée d’une insécurité réelle. « Cela me paraît donner une image malhonnête de la ville que de dire cela. »

Pour lui non plus, on ne peut pas parler de criminalité. Et « s’il y a des désordres et des agressions qui choquent et frappent les esprits, ce sont des comportements liés à des problèmes d’addiction ». Que cela relève de la consommation d’alcool ou du trafic de stupéfiants.

Il rappelle aussi qu’il ne faut pas stigmatiser le quartier de Castel Pic, où il habite lui-même.

« Je n’ai pas peur de me faire agresser. Les gens se connaissent, tout le monde se regarde, on fait attention aux enfants des autres. Je pense même qu’il y a plus de solidarité qu’ailleurs. »

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Ce qu’il s’est passé en 2022

En attendant les chiffres officiels pour 2022, plusieurs méfaits se sont produits dans la commune, relayés l’an passé par l’Écho de l’Armor et de l’Argoat.

Parmi les plus significatifs, en mars 2022, un jeune homme de 22 ans violait deux femmes de 60 ans et tentait d’en violer une troisième, dans la même nuit.

Fin novembre 2022, treize voitures et quatre cars étaient vandalisés près de la gare de Guingamp.

Quelques jours plus tôt, un homme échappait à une tentative de racket, à proximité de la place du Centre. Avant de se faire voler trois roues de sa voiture sur l’aire de Kernilien et son matériel de pêche au fond de son jardin.

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« Je me suis vu mourir »

Du côté judiciaire, Frédéric C. nous témoignait en juin d’un sentiment d’abandon par la justice et la gendarmerie, sans nouvelles de l’enquête. Dans la nuit du 26 au 27 décembre 2021, cet homme de 45 ans avait été violemment agressé dans le centre-ville.

Tabassé au sol par une dizaine de jeunes. Pour des cigarettes. « Je me suis vu mourir », racontait-il, sauvé in extremis par un voisin.

Des habitants de Castel Pic, eux, se sont mobilisés en mai 2022. Ils manifestaient leur inquiétude, car leur immeuble avait été victime de trois départs de feu volontaires en moins de dix mois. « Aujourd’hui, nous avons peur. On se sent en danger et démunis ! », témoignaient deux d’entre eux.

Leur pétition à destination du maire de la ville et de Guingamp Habitat avait été signée par la quasi-totalité des résidents de leur immeuble. En réponse, ces bâtiments vont être sécurisés, grâce à des digicodes.

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