« On a vécu des moments forts, des moments vrais. C’est le rôle de l’art de relier les gens, en particulier la danse qui va au-delà de la parole. » Mercredi 8 février 2023, dans le hall d’accueil du centre hospitalier Pierre-Hurabielle de Bourg-Achard (Eure), une vingtaine de résidents, certains accompagnés par des membres de leur famille, écoutent religieusement la prise de parole de Héloïse Rémy.
Derrière elle, une télévision s’apprête à diffuser une vidéo de quelques minutes retraçant le partenariat artistique de quelques semaines mené entre la danseuse et les résidents. Parmi les moments forts, on découvre la danseuse réaliser une chorégraphie de danse contemporaine dans la chambre d’une résidente qui assiste à ce spectacle, confortablement installée dans son fauteuil.
La compagnie Lamadeo
Héloïse Rémy dirige la compagnie Lamadeo, basée à Évreux, qui propose des chorégraphiques réalisées avec des publics spécifiques.
Depuis 2010, j’ai l’habitude de monter des projets artistiques dans les écoles, en service de pédiatrie et dans les structures d’accueil de personnes en situation de handicap.
Grâce au dispositif « Culture santé » soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), la Région et le Département, qui permet de financer des actions culturelles au sein du milieu hospitalier, la chorégraphe a pu intervenir à l’hôpital Hurabielle.
L’origine du projet remonte à 2020. Sur la base du volontariat, une dizaine de résidents ont accepté de participer pendant près de six semaines à des ateliers de danse, animés par Héloïse. « La personne la plus âgée avait 96 ans », note Michèle Huvé, responsable animation au sein de l’hôpital. Elle ajoute que tous les résidents pouvaient intégrer ces ateliers :
Il n’y a pas eu de sélection. Parmi les résidents, certains étaient en fauteuil, ne pouvaient pas bouger les jambes, d’autres étaient malvoyantes.
La séance débutait par un petit échauffement sur de la musique zen : « Puis je choisissais des musiques pop qui donnent de la joie et du bonheur », déclare Héloïse Rémy.
« La danse permet de s’oublier soi-même »
Pour la directrice de la compagnie Lamadeo, l’objectif n’était pas d’apprendre une chorégraphie, mais d’inviter les résidents, grâce à la danse, à se laisser aller en réalisant des mouvements libres : « La danse permet de s’oublier soi-même », sourit Héloïse. Et de se dépasser. Elle garde en mémoire le souvenir de cette résidente qui pensait ne plus être capable de lever ses bras… La danse lui a fait prendre conscience que rien n’était impossible.
Dans la chambre des résidents
En parallèle de ces ateliers collectifs, la chorégraphe est intervenue dans la chambre des résidents qui le souhaitaient pour interpréter un petit spectacle improvisé. Munie d’une petite enceinte, « elle offrait une danse comme on offre un bouquet de fleurs », résume Michèle Huvé.
Afin d’immortaliser ce projet artistique, l’hôpital Hurabielle a fait appel à Vincent Brien, photographe indépendant dans l’Eure, chargé de saisir les émotions des résidents tout au long de ce projet artistique. Mercredi dernier, chaque résident participant a eu la surprise de se voir offrir une belle photo souvenir.
