Par Sudouest.fr avec AFP
Keneff Leauva a porté cinq coups de couteau à Moussa, alias Mamadi T., sous les yeux d’une amie de ce dernier. Son avocat soutient qu’il ne cherchait qu’à se défendre face à un adversaire imposant et menaçant
Quand la culture toxique du clash sur les réseaux sociaux aboutit à la mort d’un homme : le procès d’un influenceur accusé d’avoir assassiné en 2021 un autre internaute après une dispute en ligne s’est ouvert vendredi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.
Comparaissant en gilet gris et polo dans le box des accusés, Keneff Leauva, 40 ans, est poursuivi pour avoir poignardé Mamadi T., alias « Moussa VR6 ». Le procès d’une semaine s’annonce comme celui de la violence virtuelle qui finit par déborder sur le réel.
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Cinq coups de couteau
Fils de l’actrice Firmine Richard («Huit femmes », « Romuald et Juliette », « Les Profs 2 »…), Keneff Leauva était une figure de la petite communauté du live-streaming, qui a migré sur le réseau niche de vidéo en direct Bigo Live. Sorte de « trash influenceur », l’ex-chauffeur de VTC y avait gagné ses galons en se radicalisant dans une posture d’agressivité constante. Insultes, menaces de mort et propension à la bagarre amenaient buzz et abonnés à cet accro des réseaux.
Un temps amis dans la vraie vie, Moussa et Keneff Leauva étaient brouillés depuis quelques années pour une histoire de femme, qui avait déjà valu à Moussa de frapper Leauva. Alimenté en ligne, le feuilleton de leur discorde faisait bruisser la communauté Bigo. À 05 h 30 du matin le dimanche 11 avril 2021, les deux hommes s’écharpaient en visioconférence devant cinq cents spectateurs lorsque la dispute a dégénéré. Excédé, Moussa a pris la mouche et lancé à Keneff Leauva : « eh, tu sais quoi ? Bouge pas j’arrive ! »
Conduit par une amie, Mamadi T. a débarqué une demi-heure plus tard à Pantin (Seine-Saint-Denis) au domicile de Keneff Leauva. Lors d’une bagarre qui lui a valu d’avoir la mâchoire fracturée, Keneff Leauva a porté cinq coups de couteau à Moussa. La victime est déclarée morte une heure après. La défense de Keneff Leauva, passible de la réclusion à perpétuité, soutient qu’il ne cherchait qu’à se défendre face à un adversaire imposant et menaçant. Le verdict est attendu le 10 février.