
Il n’y a pas encore de date, mais Ange Diaz a demandé à ce que le tableau soit prêt pour septembre 2023, « pour les Journées du patrimoine ». Le patrimoine, c’est la passion d’Ange, qui a créé l’association des Amis de l’église de Tourville-la-Campagne (Eure), en 2015.
L’association veut préserver et mettre en valeur le patrimoine de l’église, riche. Alors, depuis plus de deux ans, c’est Ange Diaz et les autres bénévoles de l’association qui ont monté le dossier pour que le tableau du retable, tout au fond de l’église, soit restauré.

Une copie de Jean Jouvenet
Le tableau est l’iconographie de l‘Ascension du Christ au ciel. « Jésus monte au ciel, entouré de deux anges. La seule femme présente est sa mère, la Vierge, et plusieurs apôtres figurent sur le tableau, dont les deux principaux : saint Pierre et saint Paul », explique Ange. Non signé, le tableau est une copie de l’œuvre de Jean Jouvenet, L’Ascension du Christ, qui date de 1711. Le retable et le tableau qu’il contient ont été classés monument historique en 1956 à la demande de Marcel Delaunay, fondateur de l’association des Amis des monuments et sites de l’Eure.
L’état général du tableau est très mauvais.
Aujourd’hui, l’œuvre a besoin d’un nouveau coup de jeune. C’est Pierre Jaillette, restaurateur et conservateur neubourgeois, qui s’en chargera et qui a réalisé le diagnostic. « L’état général du tableau est très mauvais », indique-t-il sur son constat. Dans les années 1950, le tableau avait été restauré et c’est cette restauration qui « s’est détériorée ».

Moisissures et pertes de peinture
Pour réparer les trous et déchirures, le restaurateur de l’époque a utilisé de la « colle de pâte », composée de farines et colles animales, « une méthode inappropriée à un climat froid et humide » comme celui de l’église de Tourville. Résultat : de nombreuses moisissures sur l’ensemble du tableau « qui ont affecté la lisibilité ». L’œuvre présente également des craquelures, des taches blanches dues à la perte de peinture et le vernis est « oxydé ». En clair : le restaurateur a du travail. Pierre Jaillette prévoit d’y passer « environ trois mois ».
La restauration se fera au Neubourg
C’est dans son atelier, au Neubourg, qu’il travaillera sur l’œuvre. Il interviendra en plusieurs étapes pour restaurer le tableau : enlever le rentoilage existant et assainir de toute trace de colle animale, enlever les moisissures, enlever le vernis et les repeints (peinture laissée par le précédent restaurateur). Ensuite, dans les endroits où la peinture a disparu, par exemple là où l’œuvre a été trouée ou déchirée, Pierre Jaillette fera des « retouches », ce qu’il appelle la « réintégration chromatique ». Après les retouches, la pose d’un vernis terminera en beauté le travail.

Plus de 15 000 € de travaux
Tout ce travail sera surveillé de près par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et par le conservateur des Monuments historiques, Vincent Simonet. Au total, la restauration coûte un peu plus de 15 000 €. L’association finance 40 % du prix, la DRAC et le Département, via l’opération « Mon Village, Mon Amour », 50 % et le reste, la TVA, est à la charge de la commune.
Pour Ange Diaz, c’est une grande fierté que ce tableau puisse aujourd’hui être remis en beauté. « C’est anormalement beau pour une petite commune comme Tourville. À l’époque, ça devait être soit un seigneur, soit un prêtre très riche qui l’a acheté », imagine-t-il. L’artiste de l’œuvre reste aussi inconnu, mais, comme le dit Pierre Jaillette, « il arrive qu’on découvre, lors de la restauration, une signature ».