
Laurence Borgiallo ne s’était pas destinée de prime abord à embrasser la carrière de potière mais les circonstances, l’envie de découvrir autre chose, de réaliser des objets utilitaires pour elle-même et les siens, l’a amenée à fréquenter l’atelier de poterie de Penny Hewitt, à Larmor-Baden.
« C’est effectivement là que j’ai découvert le plaisir de travailler la terre et de réaliser des objets jolis et utiles à la fois », indique Laurence Borgiallo.
« Penny Hewitt est devenue mon « maître en poterie »
Née d’une mère bretonne de la région de Brest et d’un père originaire du Sud-Est, Laurence Borgiallo a vécu une bonne partie de sa vie d’adolescente puis de jeune femme à Toulon. Professionnellement, elle devient éducatrice spécialisée dans des foyers d’accueil d’enfants, activité qu’elle exerce pendant une quinzaine d’années.
En 1991, elle s’installe en Morbihan et intervient toujours dans l’éducation spécialisée. Mais le hasard des rencontres fait qu’elle découvre l’atelier de poterie de Penny Hewitt.
Rapidement Penny est littéralement devenue mon maître en poterie. Je suis d’ailleurs restée sur la méthode qu’elle m’a enseignée, avec l’utilisation du graphite : matériau réfractaire certainement le plus résistant.
C’est à Grand-Champ que la potière s’installe avec son mari, Colin Vernet, en 2007. Il faudra pratiquement deux années à Laurence Borgiallo pour agencer son atelier, avec l’aide des professionnels employés sur place par la société EBC Environnement Bois Construction, entreprise créée par son conjoint.
Faire connaître son art
En 2010, la potière est opérationnelle et se lance dans la réalisation de différentes pièces qu’elle expose au sein de son atelier à Kérovel, en Grand-Champ, mais également dans une boutique qu’elle partage à Carnac, avec d’autres créateurs : « Les créateurs du coin ».
La potière intervient par ailleurs au sein de l’association Pot’art à Plescop, organise des stages à son atelier pour enfants et adultes (notre encadré), en réalité fait feu de tout bois pour faire connaître son art et apprécier ses productions.
Confection d’objets utiles
Privilégiant les objets utiles à ceux dits décoratifs, Laurence Borgiallo apprécie le travail, le contact avec la terre, notamment lors de l’opération que l’on nomme : le tournage.
On façonne, en partant d’une boule de terre, différents pots, diverses formes, en fonction de l’objectif que l’on s’est fixé. Le tour offre la possibilité de travailler à la fois, l’intérieur et l’extérieur des parois (pour un bol par exemple). Détachée du tour, la pièce est laissée à sécher.
« Lorsqu’elle a la consistance du « cuir » (on peut la prendre sans craindre de déformations), on la retourne et sur le tour, on travaille alors le cul du bol et la forme extérieure : on nomme cela, le tournassage. Les excès de terre se détachent sous forme de copeaux. »
Le tournassage effectué, Laurence procède alors à la décoration de la pièce en question, en réalisant celle qu’elle nomme : l’engobe.
« On applique une sorte de pâte liquide constituée de terre et d’oxyde colorant. Une fois la pièce complètement sèche, on dégourdit notre réalisation : bols, saladiers, tasses, pichets etc. lors d’une première cuisson à 980° dans un four à gaz. Cette opération porte le nom de « biscuit ». Notre pièce est cuite, devenue cassante mais reste poreuse. Il convient alors de la rendre étanche, notamment pour des ustensiles utilisés en cuisine, » confie Laurence Borgiallo.
Alors pour la rendre imperméable mais aussi inaltérable, la potière va procéder à l’émaillage. « Je prépare un mélange composé de différents minéraux et d’oxydes colorants comme on fait pour une pâte à crêpes. Mélangée à de l’eau puis tamisée, la préparation obtenue est alors appliquée sur les pièces précuites, renforçant leur solidité et des couleurs. »

« Comme pour une pâte à crêpes »
Une deuxième cuisson est alors effectuée en haute température, toujours au four à gaz (jusqu’à 1280°C). « Minéraux contenus dans la terre et émail fusionnent pour ne faire plus qu’une seule et une même matière : la pièce prend sa couleur et son aspect vitrifié et peut alors résister à l’usure du temps, » indique Laurence Borgiallo, livrant au passage quelques petits secrets relatifs à la cuisson au gaz.
« On peut intervenir en empêchant l’oxygène de venir, en créant une atmosphère carbone, apte à favoriser voire à révéler certaines couleurs. Cette façon de procéder se caractérise comme étant générée par une cuisson dite en oxydation ou en réduction, » explique cette experte de la poterie qui jamais, ne reviendrait vers l’éducation spécialisée.
Le contact avec la terre, ça a tout de suite fonctionné. L’aspect magique de la chose, c’est de partir de rien pour créer un objet. La transformation de la matière est ainsi poussée à son paroxysme. Le tour, c’est technique, la cuisson, c’est magique !
« Une autre dimension »‘
Effectivement dans une poterie, la cuisson c’est tout !
La professionnelle est forcément tributaire des conditions climatiques : quelques degrés de moins, un peu trop d’humidité… » et ce que l’on pensait obtenir prend une toute autre dimension, » appuie Laurence Borgiallo. » Mais c’est aussi cela qui est passionnant dans cette activité, il faut continuellement allier créativité et fonctionnalité. »