
Que s’est-il réellement passé dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, au cours de laquelle Cédric Jubillar, un père de famille de 33 ans, a signalé la disparition de sa femme Delphine Jubillar, dans leur pavillon de Cagnac-les-Mines (Tarn) ? Depuis, en dépit de vastes recherches menées par la gendarmerie (et la population) sur le terrain, aucune trace d’elle n’a été retrouvée.
D’une cérémonie d’hommage en janvier jusqu’à la fameuse reconstitution de décembre, Actu Toulouse vous replonge dans une année 2022 mouvementée sur cette affaire hors normes.
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8 janvier 2022 : cérémonie d’hommage
Samedi 8 janvier 2022, les frères et la sœur de l’infirmière de 33 ans, mystérieusement disparue depuis un an, organisaient une cérémonie en la cathédrale d’Albi (Tarn). Les gens étaient invités à apporter des bougies pour les disposer autour d’un portrait de Delphine.
« Nous ne perdons pas espoir que le corps de Delphine soit retrouvé mais pour le moment cette situation terrible nous place dans l’impossibilité de lui offrir une sépulture. Il ne nous reste plus que la foi et la spiritualité pour que Delphine, de là où elle est, continue de veiller sur Louis et Elyah, ses deux enfants ».
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14 janvier 2022 : Cédric Jubillar reste en prison
La chambre de l’instruction a tranché : Cédric Jubillar reste en prison. Les avocats de l’artisan plaquiste avaient plaidé pour la troisième fois sa remise en liberté devant cette instance, mardi 11 janvier 2022 à huis clos.
Mes Alexandre Martin, Emmanuelle Franck et Jean-Baptiste Alary avaient tenté d’avancer de « nouveaux éléments » susceptibles de favoriser la libération de leur client.
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17 janvier 2022 : fouilles autour d’une ferme incendiée
Par un froid de canard et un brouillard à couper au couteau, des fouilles à grande échelle avaient débuté lundi 17 janvier 2022, à Cagnac-les-Mines, près d’une ferme incendiée en 2021 dans la commune, pour tenter de retrouver le corps de Delphine Jubillar.
Au petit matin, un impressionnant cortège de véhicules sérigraphiés a débarqué dans ce hameau peuplé d’une poignée d’habitants, dépendant de la commune de Cagnac.
Si la presse est tenue à bonne distance par les forces de l’ordre, les curieux sont invités à rebrousser chemin. Agissant sur commission rogatoire des deux juges d’instruction de Toulouse en charge du dossier, les enquêteurs vont sonder la terre, dans l’espoir de mettre à jour une anomalie topographique. Et, in fine, une sépulture.
De nombreux gendarmes ont été déployés sur les lieux, parmi lesquels des maîtres-chiens. Vers 13 heures, des membres du Groupe national d’investigation cynophile de la gendarmerie (GNIC) de Gramat (Lot) sont par ailleurs arrivés sur le site. Les chiens de cette unité unique au monde sont spécialisés dans les recherches de restes humains, et avaient notamment retrouvé le corps de la petite Maëlys, dans l’affaire Nordahl Lelandais, près de Grenoble (Isère) en 2018, ou encore celui d’Aurélie Vacquier à Bédarieux (Hérault) en 2021.
Delphine Jubillar y aurait-elle été enterrée à la hâte, à la suite d’une violente altercation avec son époux qui aurait dérapé, meurtri par l’aventure extra-conjugale de sa femme et ces fameux SMS et photo intime échangés ce soir-là avec son amant ? Retrouver le corps viendrait définitivement étayer une théorie loin d’être ridicule sur le papier.
Le 4 février 2022, les recherches, qui s’étaient élargies à une décharge sauvage, un cimetière et un champ photovoltaïque, sont interrompues. Toujours aucune trace de Delphine…
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7 février 2022 : la cousine auditionnée
Elle attendait ce moment depuis de très longs mois. Lolita, la cousine de Delphine Jubillar, a été auditionnée, lundi 7 février 2022, à Toulouse, par les deux juges d’instruction.
Accompagnée de son avocat, Me Philippe Pressecq, du barreau d’Albi (Tarn), qui voit en elle un double troublant de l’infirmière de 33 ans disparue depuis décembre 2020, la jeune femme aura pu exprimer ses doutes, ses craintes, sa « soif de justice ».
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11 février 2022 : nouvelle audition de Cédric
C’était sa troisième audition depuis qu’il a été incarcéré, mi-juin 2021, pour le meurtre présumé de son épouse. Et elle a duré quatre heures. Cédric Jubillar a été extrait de la maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne), vendredi 11 février 2022, pour être entendu par les juges d’instruction de Toulouse sur une séquence précise : les supposées confidences faites à son ex-codétenu, surnommé « Marco », croisé à l’isolement.
À l’issue de cette audition, Me Alexandre Martin, Emmanuelle Franck et Jean-Baptiste Alary, ont contre-attaqué.
« Sans entrer dans le détail, ce codétenu a raconté n’importe quoi. Les vérifications qui ont été faites depuis décembre le confirment. On assiste à une accusation qui est en perdition.
Si le métier des gendarmes c’est de chercher des hypothèses, on a l’impression que ces gens-là jouent au Cluedo. C’est la voiture de Delphine, dans ce sens-là, avec de la condensation, en dehors du domicile parce qu’on a entendu des cris. Puis deuxième réponse au Cluedo : c’est la voiture d’un ami de Cédric, avec un couteau, dans la salle à manger. On est en plein délire !
Aucun élément matériel ne vient conforter les élucubrations qui sont avancées ».
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14 mars 2022 : de nouveaux drones déployés
Ce jour-là, les fouilles reprennent à Cagnac-les-Mines (Tarn) et elles sont aériennes. Les enquêteurs de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) ont été mandatés par les juges d’instruction de Toulouse pour engager une nouvelle campagne de fouilles, après les trois semaines infructueuses, courant janvier.
Les enquêteurs continuent de chercher le corps de la mère de famille. Dans une zone de quelques kilomètres carrés, dont l’épicentre demeure le pavillon inachevé du couple Jubillar. Là où tout a commencé.
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17 mars 2022 : l’affaire (déjà) en librairie
C’est cette affaire sans scène de crime avérée et sans cadavre, mais dont les « indices graves et concordants » relevés par les enquêteurs de la SR de Toulouse pointent vers le mari, que Ronan Folgoas, grand-reporter au Parisien-Aujourd’hui en France, dévoile dans son livre « Le mystère Jubillar », paru jeudi 17 mars 2022.
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26 avril 2022 : l’épisode des lunettes cassées
C’est une déflagration dans ce dossier. L’expert mandaté pour examiner les lunettes de l’infirmière, dont la branche, désolidarisée de la monture, avait été retrouvée sous le canapé du salon, par hasard, début janvier 2021, vient de rendre ses conclusions.
L’expert judiciaire estime que les dommages observés sur les lunettes de Delphine sont la « conséquence d’efforts dynamiques », et d’une pression exercée « de l’extérieur vers l’intérieur ». Il exclut totalement l’idée qu’une chute de l’objet en soit la cause. Sans l’indiquer clairement, l’expert suggère qu’un coup porté par un tiers (gifle, coup de poing, contact avec un mur, piétinement ?) a donc brisé ces lunettes.
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13 juin 2022 : la détention provisoire prolongée de six mois
Sans véritable surprise, la détention provisoire du plaquiste est prolongée de six mois.
Voici les cinq raisons principales :
- Les indices graves et concordants pèsent lourd
- Un risque de pression sur les témoins existe
- Ses garanties de représentation seraient minces
- Plusieurs expertises sont en cours
- Le corps de Delphine n’a jamais été retrouvé
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28 juin 2022 : Séverine surprend Cédric à l’audience…
Ils ne s’étaient plus revus depuis de longs mois. « Ça fait plus d’un an déjà », confie-t-elle, dans la salle des pas perdus de la cour d’appel de Toulouse. Séverine était « de passage à Toulouse », ce mardi 28 juin 2022, et, sans l’en avertir, elle est venue « apporter son soutien » à son (ex ?) amoureux, Cédric Jubillar.
La jeune femme trouve qu’il a changé.
« Il m’a dit qu’il était content de me voir, un je t’aime, m’a demandé si j’allais bien. Il m’a fait comprendre qu’il tient le coup. Il a l’air fatigué, un peu, mais je m’attendais à pire. Je lui ai dit qu’il avait la barbichette un peu longue, il m’a répondu qu’il n’avait pas de miroir… ».
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30 juin 2022 : l’échec des drones
Les drones ont quitté les lieux. Après cinq jours passés à Cagnac-les-Mines (Tarn), les gendarmes de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) ont repris la direction de la région parisienne. Sans avoir retrouvé le corps de Delphine Jubillar.
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Été 2022 : l’amant de Delphine et sa femme écartés de la liste des suspects
Les éléments matériels recueillis corroborent l’innocence de l’amant de Delphine et de l’ex-femme de ce dernier, dans l’évaporation de Delphine Jubillar.
Dans l’ombre ou en pleine lumière, l’enquête progresse et des pistes se ferment. À cette heure, seule celle menant à Cédric Jubillar – mis en examen pour meurtre par conjoint – conserve toute son acuité.
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30 septembre 2022 : la Cour de cassation refuse de libérer Cédric
C’est toujours niet. Saisie par la défense, la plus haute juridiction française refuse à son tour de libérer Cédric Jubillar.
Les avocats du plaquiste n’épargnent pourtant pas leur peine, usant de tous les moyens légaux à disposition pour le faire sortir de prison avant un hypothétique procès aux assises. L’instruction est désormais quasi close. La justice a collecté, on l’a vu, un « faisceau d’indices graves et concordants ».
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13 et 14 décembre 2022 : place à la reconstitution
Et soudain, des cris atroces ont déchiré la nuit. Il était 1 heure du matin, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 décembre, lorsque des hurlements de femme ont glacé le sang du peu de personnes encore éveillées à Cagnac-les-Mines.
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Les plus impressionnables ont cru entendre Delphine Jubillar. Car c’est bien dans le cadre de la reconstitution de sa disparition qu’un membre féminin des forces de l’ordre a poussé ces fameux « cris d’effroi » perçus par deux voisines du couple Jubillar, le 15 décembre 2020, peu après 23 h, alors qu’elles se trouvaient sur le pas de leur porte.
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Pour Me Mourad Batthik, l’avocat de la famille de Delphine, ce test a permis de « crédibiliser » le témoignage des deux voisines.
Pourquoi les voisins les plus proches des Jubillar n’ont pas entendu ces fameux cris ? À cause du double (triple) vitrage ? Des volets fermés ? Au moins trois séries de cris ont été entendues pendant cette reconstitution. Qu’en auront finalement retiré les juges d’instruction ?
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