Malgré l’intervention très rapide et en nombre des pompiers et des urgentistes du Samu, le coup porté au thorax s’est avéré mortel. L’annonce du décès de cette enseignante…
Malgré l’intervention très rapide et en nombre des pompiers et des urgentistes du Samu, le coup porté au thorax s’est avéré mortel. L’annonce du décès de cette enseignante de 52 ans, appréciée de tous, a été officialisée par le procureur de la République de Bayonne vers 11 heures. Une nouvelle terrible, tombée quelques minutes seulement après le recueil par « Sud Ouest » de témoignages de lycéens qui avaient fui l’établissement scolaire au pas de course, « en panique ».
« Les mots manquent »
Le sentiment de sidération provoqué par ce passage à l’acte, jusqu’à preuve du contraire imprévisible, a été suivi d’une onde de choc d’ampleur nationale. Deux ans après l’assassinat de l’enseignant des Yvelines, Samuel Paty, dans un contexte très différent, ce drame indicible a en tout cas motivé le déplacement immédiat à Saint-Jean-de-Luz du ministre de l’Education nationale.
« Les mots manquent », relevait avec émotion depuis le groupe scolaire luzien, Pap NDiaye. « Je partage la douleur de sa famille, de ses collègues, de ses élèves, de nos enseignants qui consacrent leur vie à transmettre le savoir aux générations futures. La nation est à vos côtés », complétait quelques minutes plus tard le président de la République, Emmanuel Macron.
Qualification d’assassinat
Aux côtés du ministre lors de la conférence de presse, le procureur de la république de Bayonne, Jérôme Bourrier, s’est limité hier à indiquer qu’une information judiciaire avait été ouverte pour assassinat, autrement dit pour meurtre avec préméditation. Des précisions sur cette enquête confiée à la police judiciaire de Bayonne doivent être données ce jeudi après-midi lors d’une nouvelle conférence de presse, après l’autopsie du corps de la victime.
Seule certitude, l’auteur présumé des faits était suivi sur le plan psychologique, considéré comme « fragile ». D’abord placé en garde à vue au commissariat de Saint-Jean-de-Luz, le lycéen rapidement neutralisé par un autre enseignant du lycée, a été transféré dans l’après-midi dans les locaux de la police judiciaire de Bayonne, en charge de l’enquête.
Quels précédents ?
Les agressions d’enseignants par des élèves ou par des parents d’élèves sont malheureusement fréquentes, mais elles sont très rarement mortelles. Moins d’une dizaine de meurtres de ce type sont ainsi recensés en France sur les quatre dernières décennies. Outre le décès de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 dans les Yvelines par un jeune homme islamiste radicalisé, une institutrice de 34 ans avait été poignardée à mort par la mère d’une élève en juillet 2014 dans une école d’Albi. En août 1996, alors qu’il se promenait à la feria de Dax, un professeur d’anglais de 51 ans avait aussi été tué par deux jeunes, dont un de ses élèves qui avait été recalé au baccalauréat.
Minute de silence
Vu du Pays basque, l’incompréhension est d’autant plus forte que cette scène d’horreur s’est nouée dans « un établissement très calme, réputé pour son sérieux et sa sérénité scolaire », selon les mots du ministre Pap NDiaye. Le lycée Saint-Thomas d’Aquin est en effet considéré par beaucoup de parents comme le meilleur groupe scolaire de la ville de Saint-Jean-de-Luz. Une ville que tout le monde pensait à l’abri de tels faits divers. À commencer par son maire, Jean-François Irigoyen, « sous le choc comme tout le monde ici ».
À noter qu’une cellule d’urgence médico-psychologique a été aussitôt ouverte. Cet accompagnement est en priorité destiné aux élèves des autres classes, restés confinés dans les salles avec leurs professeurs durant l’intervention des secours. Ce soutien nécessaire sera toutefois proposé à tous les élèves et professeurs qui en ressentent le besoin, y compris dans les établissements voisins.
Le ministre de l’Éducation nationale a également indiqué qu’une minute de silence sera respectée ce jeudi à 15 heures dans tous les établissements scolaires de France, en hommage à cette professeure exemplaire, qui faisait preuve d’un « dévouement exceptionnel » pour ses élèves..