
Auteur de 76 victoires internationales en 2022 et actuellement troisième du classement mondial, Julien Épaillard, cavalier originaire de Cherbourg (Manche), revient sur les faits marquants de son année.
Actu : Avec 76 victoires internationales en 2022, assiste-t-on à la naissance d’une légende ?
Julien Épaillard : C’est vrai que j’ai eu une année extraordinaire, avec des chevaux extraordinaires dans mon écurie, des chevaux hors normes. Cela ne s’est pas construit en un jour. Il a fallu mettre au point une méthode, un système, une façon de travailler.
« Lyon est mon meilleur souvenir, et Genève ma déception »
Depuis le début de l’année, les succès se sont enchaînés…
J. É. : J’ai débuté l’année avec Billabong du Roumois, Gracieux du Pachis, qui sont vendus. J’ai eu ensuite Donatello d’Auge et Caracole de la Roque, mes chevaux de tête. C’est un piquet incroyable, avec une jument très rare comme Caracole. Mais le succès, c’est un ensemble, avec une équipe derrière moi, une méthode de travail. Il faut en profiter dans ce sport avec des hauts et des bas, savoir apprécier sans attraper le melon et se remettre en question, toujours avec les chevaux.
Les grands événements, Herning, Barcelone, Saint-Lô, Lyon, Madrid, Genève ont marqué 2022…
J. É. : J’adore Saint-Lô, où j’ai gagné pour la troisième année consécutive le 4 étoiles dans ma région. Cette année, j’ai remporté les trois Grands Prix avec Caracole et je suis toujours honoré par la reconnaissance du public. J’avais amené le bon cheval, il en suffit d’un ! Mais Lyon est parmi les plus beaux concours au monde. Jamais personne n’avait gagné les trois Grands Prix du 5 étoiles. Je l’ai fait ! Quand on arrive avec une osmose aussi parfaite avec un cheval comme Caracole, ce sont des moments formidables. Il faut savoir les apprécier, mais surtout ne pas penser qu’on a tout compris. C’est une éternelle remise en question.
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« Pour gagner, il faut d’abord avoir la confiance de ses chevaux »
Quelle est votre plus grande déception cette année ?
J. É. : J’ai fait un mauvais concours à Genève. J’ai mal géré cet événement, avec des erreurs dans l’organisation de mon premier Top Ten. Je me suis trompé, aussi bien avec Donatello que Caracole. Donatello est tendre à 9 ans, il aime bien faire une petite épreuve à 1,40 m pour découvrir la piste. Je l’ai mis dans la qualificative du Grand Prix, à 1,60 m. À l’inverse, avec Caracole, j’ai voulu faire un tour pour la contrôler sur une 1,40 m. Or c’est une jument qui rentre en piste pour être compétitive dès le premier jour, compte tenu de sa personnalité. À trop vouloir la contrôler, on va contre elle. Lyon est mon meilleur souvenir, et Genève ma déception.
Un programme chargé en 2023
Julien Épaillard participera notamment à la finale de la Coupe du monde à Omaha (États-Unis), puis aux championnats d’Europe à Milan. Le tout, en perspective des Jeux Olympiques de Paris, dernier obstacle à franchir en 2024. « Je ne sais pas avec quel cheval je ferai la finale de la Coupe du monde. Caracole n’est toujours pas vendue, malgré les rumeurs. Elle prend des vacances. Pour l’instant, elle est sur le marché. Ce sera la finale avec Caracole ou Donatello, qui participe cette semaine à son premier Grand Prix Coupe du monde à Malines, en Belgique. J’aime beaucoup aussi Chana de Valème, 8e du Grand Prix 1,60 m à Londres, qualifiée pour Omaha. Sans oublier Dubaï du Cèdre, qui ira à Bordeaux. En 2023, j’ai le choix. En août, je serai aux championnats d’Europe à Milan. L’année pré-olympique est bien remplie, en attendant les JO », souligne le Cherbourgeois.
Avec vous, l’équitation semble être une science exacte : vous montez, vous gagnez…
J. É. : J’essaie de gagner le plus souvent. J’ai 45 ans, je suis né dans les chevaux, dans une famille qui m’a donné les bases d’une équitation classique. Je commence à savoir ce qu’est un cheval, même si j’en apprends tous les jours. J’ai une méthode qui fait ses preuves. Je m’ouvre à plein de choses, j’échange avec les autres. Pour gagner, il faut d’abord avoir la confiance de ses chevaux.
Propos recueillis par Pierre DUCLOS