
Qu’est-il arrivé à Alassane Sangaré ? Le 24 novembre 2022, ce père de trois enfants est décédé à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), cinq jours seulement après le début de son incarcération. Sa famille et ses proches qui n’ont appris son décès que le lendemain après-midi, se mobilisent depuis cette date, pour réclamer la vérité.
La famille ne croit pas à la thèse du suicide
« Quand ils sont venus nous annoncer son décès, on n’y croyait pas. On se disait que ça ne pouvait pas être lui », se souvient Djeneba, la grande sœur d’Alassane.
Le choc laisse vite place à l’incompréhension. Le soir même puis le lendemain matin, les proches se rendent devant la maison d’arrêt pour demander des explications sur les causes de la mort.
« On nous a répondu qu’une enquête était en cours, mais que la thèse du suicide était privilégié », raconte Djeneba qui exclu catégoriquement cette théorie.
« Il avait déjà été incarcéré auparavant. Quatre jours avant sa mort le Spip (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) m’avait appelé pour me dire qu’Alassane avait demandé des affaires chaudes », précise Kelly, la femme du défunt, encore sous le choc.
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Il était en détention provisoire à la suite d’un conflit de voisinage
Âge de 36 ans, Alassane Sangaré avait été placé en détention provisoire le 19 novembre 2022, en attente donc de sa comparution devant le tribunal correctionnel d’Évry prévue le 9 janvier.
« Il devait répondre de faits de violences en réunion suivie d’incapacité temporaire de travail n’excédant pas huit jours », précise le parquet d’Évry-Courcouronnes auprès d’Actu Essonne.
Des faits qui auraient été commis quelque jours plus tôt, sous fond de conflit de longue date avec plusieurs voisines du logement qu’occupe la famille à Crosne.
Alassane Sangaré n’a finalement pas eu l’occasion de se défendre devant la justice. Comme le confirme le parquet d’Évry, « il a été découvert décédé dans la matinée du 24 novembre 2022 à l’intérieur la cellule qu’il occupait seul ».
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Il se serait pendu, mais l’absence de lésion interpelle la famille
« Les premières constatations sont compatibles avec une pendaison, sans lésion de violence », complète le ministère public ajoutant qu’une enquête a été ouverte en « recherche des causes de la mort » et confiée à la brigade de gendarmerie de Fleury-Mérogis.
Six jours après la mort d’Alassane, le permis d’inhumer est délivré. La famille peut alors voir le corps.
« À ce moment-là, nos doutes se confirment. On nous dit qu’il se serait pendu avec un fil de téléphone, mais on ne voit aucune marque autour de son cou. On considère que c’est suspect », souligne Djeneba.

La famille réclame une copie du rapport d’autopsie, le procureur refuse
Depuis, la famille se bat pour obtenir une copie du rapport d’autopsie. Une demande a été formulée par leur avocat, Yassine Bouzrou, sans obtenir de réponse positive.
Pour faire pression, la famille envoie des mails à l’institut médico-légal du Centre hospitalier Sud-Francilien et se rend sur place, à Corbeil-Essonnes, plusieurs jours de suite.
« Le procureur de la République a refusé la communication de ce rapport, comme il en a le droit au regard du principe du respect du secret de l’enquête qui perdure jusqu’à la clôture de celle-ci », précise le parquet d’Évry.
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Des soutiens sur les réseaux sociaux
« On nous balade, on nous ment sciemment, on bafoue nos droits et on nous laisse dans le doute », s’emporte Djenba dénonçant un « manque de transparence » de la part des autorités.
Dans son combat, la famille peut compter sur le soutien de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux y compris celui d’Assa Traoré, la sœur aînée d’Adama Traoré, mort après son interpellation par des gendarmes et fondatrice du Comité vérité et justice pour Adama.
« Savoir que nous ne sommes pas seuls nous permet de garder la force de nous battre. C’est très important pour nous, d’autres familles n’ont pas bénéficié du soutien que nous avons », salue la Djeneba.
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Une plainte contre X déposée par la famille
Alors que le corps d’Alassane Sangaré a été inhumé le 10 février dernier à Valenton (Val-de-Marne), sa famille et ses proches poursuivent leur combat.
Ce vendredi 17 février, ils annoncent, avoir déposé, sur les conseils de leur avocat, une plainte contre X pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Enfin, ils invitent ceux qui le souhaitent à participer à la marche blanche en son hommage organisée samedi 18 février à Créteil (Val-de-Marne) avec un départ à 14 h depuis le Marché Mont Mesly pour rejoindre symboliquement le tribunal judiciaire de Créteil.