
« Je me laisse 8 à 12 mois pour trouver une solution. En l’absence de solution, je démissionnerai… » Cet aveu, c’est le maire de Liercourt (Somme) Philippe Walrave qui l’a fait lors de sa cérémonie des vœux, surprenant à la fois les habitants présents et les membres de son conseil municipal.
Huit années de baisse des dotations de l’Etat
L’élu se dit incapable d’assurer le bon fonctionnement du village, après huit années successives de baisse des dotations de l’État : 91 000 € en 2014, 46 000 € en 2022. « Malgré des efforts colossaux, je ne peux plus vous servir et améliorer votre cadre de vie, peste Philippe Walrave. Même le simple entretien de la commune est devenu problématique. »
Le maire assure pourtant avoir « serré toutes les dépenses », économisant partout où c’était possible. « Mais pour la quatrième année consécutive, notre budget ne dégage plus aucune capacité d’autofinancement. »
Si nous étions un commerce ou une entreprise, on appellerait ça une faillite !
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Dans ces conditions, les principaux chantiers qui attendent la commune restent en suspens.
C’est le cas surtout des travaux qui doivent permettre de sauver l’église de la ruine. Un diagnostic a été réalisé en 2022 (pour un coût de 20 000 €, dont 6 000 à la charge de la commune), dont le bilan doit être adressé à la mairie dans les prochains jours.
Les travaux de l’église pourront-ils être réalisés?
« Pourrons-nous entreprendre les travaux ? Rien n’est moins sûr » lance Philippe Walrave, qui s’attend à une facture particulièrement salée. 500 000 € ? 1 million ? Plus encore ? Même si la commune obtient un maximum de subventions, 20 % resteront à sa charge.
Où vais-je chercher ces 20 %, sans un radis dans les caisses ?
Il y aura bien des travaux en 2023 : la création d’un bassin de rétention des eaux pluviales route de Paris, sur un terrain acheté en 2022 (pour 11 740 €), et surtout la nouvelle tranche de raccordements à la station d’épuration.
« Ces travaux sont couverts par le financement des usagers du service et une contribution de la commune, environ 6 000 € cette année », précise le maire.
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« Je ne peux me résoudre à l’inutilité »
Pour le reste : beaucoup d’incertitudes, et un sentiment d’impuissance que l’élu résume avec son sens de la formule…
Je suis devenu l’esclave de notre république, et vous en êtes les clochards !
Incapable de mener à bien ses projets, Philippe Walrave menace donc de démissionner d’ici la fin de cette année, s’il ne trouve pas de solution.
« Un maire sans moyen, sans projet, n’est absolument pas utile : la secrétaire se chargera très bien de payer les factures ! clame-t-il encore. Je ne suis pas élu pour amener les chiens égarés à la SPA, couper les arbres tombés sur la RD3, reconnaître un cadavre sur la voie ou laver les vitres de la mairie, même si je m’acquitte volontiers de ces tâches ingrates. Je ne peux me résoudre à l’inutilité ! »