
Ils étaient plus de 200 personnes à manifester à la sortie des cours, vendredi 3 février 2023, devant le lycée de Gaillon (Eure), pour s’opposer à la fermeture d’une classe à la rentrée prochaine.
Élèves, parents, professeurs, et élus s’étaient rassemblés sur le parvis du Lycée André-Malraux à la suite de l’annonce de la nouvelle répartition de la dotation horaire globale (DHG) qui prévoit une nouvelle diminution du nombre d’heures d’enseignements pour la rentrée de septembre 2023.
Une classe de seconde fermée à la rentrée
Entre la rentrée 2021 et celle de 2023, « le lycée aura perdu 174 heures d’enseignements. Ce n’est pas acceptable », s’insurge un enseignant. Conséquence de cette baisse du volume horaire, le lycée devrait voir le nombre de classes de seconde passer de 7 à 6 classes lors de l’année scolaire 2023-2024.
« On nous annonce entre 15 et 20 élèves en seconde moins et on nous enlève une classe. Plutôt que de maintenir 7 classes qui auraient environ 28 élèves par classe, on préfère en supprimer une. Et l’an prochain, on risque de se retrouver avec des classes surchargées qui compteront 33 élèves », poursuit Karine Houchard, professeure de Lettres.
L’enseignante dénonce « une logique purement arithmétique » qui va « nuire aux conditions d’enseignements et d’apprentissage pour les élèves ».
L’option Italien menacée

En plus de la fermeture d’une classe, le corps enseignant craint, à plus long terme que les options proposées au lycée de Gaillon ne soient également amenées à disparaître, l’Italien en tête. « Cela donne l’impression que l’on organise la fermeture d’une option », estime Marie-Agnès Neveu, qui enseigne cette langue vivante depuis 25 ans au lycée. Le nombre d’heures dédiées à cet enseignement passerait de 11 h à 6 h hebdomadaires.
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Ce qui n’équivaut pas à un poste complet pour l’enseignante contrainte de trouver des compléments d’horaires dans d’autres établissements. « On réduit les heures d’enseignement de l’Italien au lycée Malraux au prétexte qu’il y aurait moins d’élèves et l’existence même du poste se trouve menacée alors même que 32 élèves ont commencé à suivre cette année cet enseignement en seconde », s’indignent ses collègues qui sont aussi inquiets pour l’option Histoire des arts.
Une petite structure en péril ?
Pour les enseignants, ce qui fait la spécificité de l’établissement de Gaillon et ses 500 élèves est en jeu : « Le lycée Malraux est une petite structure. Il est d’autant plus important de maintenir une offre d’enseignements attractive : avec 7 enseignements de spécialité sur les 12 possibles dans les lycées de France, les options peuvent et doivent contribuer à cette attractivité du lycée Malraux. »
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Pour Laurent Boissier, secrétaire départemental de FO , « cette baisse de la dotation horaire est la suite logique de la réforme du lycée voulue par les années Blanquer et poursuivie par notre ministre actuel. Dans des départements comme le nôtre, les élèves des secteurs ruraux auront moins de choix dans les enseignements qu’ils pourront suivre que leurs camarades des villes. »

Alexis Rousselin, militant SNES FSU, enseignant à Louviers, est lui aussi venu assurer ses collègues de son soutien. « Je suis là aussi en tant que parent d’élèves. La baisse des dotations horaires globales est le lot des petites structures. C’est intolérable. Il faut maintenir des établissements à taille humaine dans nos campagnes ».
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Nouvelle mobilisation vendredi
Odile Hantz, maire de Gaillon, et Philippe Collas, son homologue du Val d’Hazey, présents vendredi dernier devant l’établissement, ont affiché leur soutien aux enseignants. Tout comme le député Philippe Brun qui faisait visiter l’Assemblée nationale à un groupe d’élèves lundi matin.
À l’issue de cette forte mobilisation, les enseignants prévoient une nouvelle action, vendredi 10 février, à la sortie des classes avant les vacances d’hiver.