Par nathalie.legendre Publié le L'Orne Hebdo Voir mon actu Suivre
La douche froide. Même si elles étaient plus ou moins attendues (et craintes), les annonces du président Macron mercredi 31 mars 2021 au soir ont été vécues par les commerçants devant fermer boutique comme un énième coup de massue.
Sans prononcer une seule fois le mot « confinement », le président de la République a donc annoncé la fermeture des commerces dits non-essentiels (ainsi que des établissements scolaires) et la restriction des déplacements pour une durée de quatre semaines.
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« On nous pointe du doigt »
Au lendemain de cette prise de parole, jeudi 1er avril, les commerçants du centre-ville d’Alençon (Orne) ne cachaient pas leur déception. Et leur colère, même si beaucoup faisaient preuve de résilience.
« On est dégoûté. J’ai le sentiment qu’on nous pointe du doigt, comme des lieux où l’infection se propage »
La fermeture des commerces dits non-essentiels ne fut cependant pas une surprise pour la commerçante. « Je m’y attendais, j’espère juste que ce sera la dernière fois et quatre semaines, c’est vraiment long ».
D’un regard, elle balaie sa collection printemps-été qui vient de rentrer, « on était optimiste pour la saison… »
Sylvie Thomas pense reprendre le click and collect « pour certains produits car cela demande beaucoup de temps. »

« Un éternel recommencement »
Isabelle Morand, de la bijouterie Vert Emoi, espère également que cette fermeture sera la dernière :
« Je suis consciente de la circulation du virus et qu’on n’a pas le choix mais je crains que cette fermeture soit plutôt de six à huit semaines. Et là, cela nous conduirait à la fête des Mères. J’espère qu’on sera ouvert. »
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Dans la boutique de lingerie Fascination d’Elisabeth Riou, l’ambiance est aussi à la lassitude :
« Je suis dépitée. Mercredi soir, devant ma télévision, j’étais déçue et en colère. On a fait tellement attention, on désinfecte, je n’accueille que trois personnes dans mon magasin, je propose des gants aux clients qui le souhaitent… J’ai le sentiment d’un éternel recommencement, d’être revenue à l’année dernière. J’ai eu le même choc. »
Rester ouvert… Et ne voir personne
Après seulement six semaines d’ouverture, la boutique de vêtements pour enfants « Le Petit Bateau » devra fermer ses portes, comme ses collègues.
« Avril est un bon mois, c’est dommage », regrette Karina Chérot. « Il y a aussi les cérémonies du mois de mai qui se profilent… Mais je m’y attendais, je vais donc reprendre le click and collect qui avait bien fonctionné en novembre. »
La commerçante reste suspendue aux annonces du gouvernement qui pourrait rendre essentiels les magasins de vêtements qui proposent des produits de puériculture.
Certains commerçants, à l’image de Stéphane Montfort de WeeMood (décoration) ou de Delphine Leboucher de Yume (prêt-à-porter), ont choisi de faire des promotions durant le week-end de Pâques, avant la fermeture.
« L’idée m’est venue hier soi. Il s’agit de liquider la collection de printemps mais surtout pour afficher une certaine bonne humeur dans la boutique jusqu’au bout. »

Ghislain Duroy, opticien-lunetier, ne fermera pas la porte de son commerce (autorisé à rester ouvert) mais c’est tout de même avec une certaine inquiétude qu’il envisage les prochaines semaines :
« En novembre, j’avais pu rester ouvert mais je n’ai eu presque personne… On donne le droit à certains commerces de rester ouverts mais on demande aux gens de rester chez eux, de limiter leurs déplacements… Du coup, je ne touche aucune aide et je ne fais pas de chiffre. »
Présent à Alençon depuis 23 ans, le professionnel a décidé de faire des travaux dans sa boutique, « sur un coup de tête mais mon moral en avait besoin. »
Davantage de lumière, une nouvelle décoration et voilà le commerçant prêt à affronter les prochaines semaines.