Festival de la biographie à Nîmes : une émouvante carte blanche à Marek Halter

Né en 1936 à Varsovie, Marek Halter a connu la Seconde Guerre mondiale et le ghetto. Pour la rencontre organisée par l’association Cartes Blanches au Sémaphore, dans le cadre du festival de la biographie, il avait choisi « Kanal », un film évoquant cette période tragique, tourné par un réalisateur qu’il a bien connu Andrzej Wajda. 

« Je suis très ému, parce que c’est mon enfance », lâche l’écrivain au cœur d’une rencontre bouleversante. Le film évoque de façon tragique la révolte de l’armée nationale polonaise dans les dernières heures de la guerre. Face à l’avancée des nazis, les résistants sont contraints à traverser la ville par les égoûts, plongeant dans un enfer dantesque. « C’est un film très dur, car nous avons oublié ce qu’est la guerre, la déshumanisation des hommes », explique l’écrivain, pour qui la transmission est fondamentale. 

Amoureux de la lumière, Marek Halter n’aime pas la fin sombre du film. « S’il n’y a pas d’espoir, pourquoi se révolter et combattre pour la justice ? » s’interroge-t-il, rappelant l’importance des témoins, de leurs récits pour faire l’histoire. Il refuse l’expression « devoir de mémoire ». « Comment obliger quelqu’un à se souvenir de quelque chose qu’il n’a pas connu ? L’important est la transmission de la mémoire, mais pour transmettre, il faut connaître. » Car, comme il le rappelle en citant la Bible, ses expériences ou ses lectures : « Nous sommes tous pareils et tous différents, nous avons une mémoire commune et des souvenirs différents. »