
Rien n’à voir avec les 300 personnes du samedi 11 février 2023, mais Mathieu Mateos, secrétaire de l’union locale de La Ferté-Bernard, était satisfait. « Cent-cinquante personnes, un jeudi, pendant les vacances scolaires… C’est très bien », commente-t-il, en direct du Cosec, lieu de départ du cortège.
« C’est dommage »
Durant la manifestation, il ajoute : « Les grèves se sont enchaînées… Je peux comprendre que perdre trois jours de salaire sur le seul mois de février, on les sent passer. Surtout que dans le milieu de l’agroalimentaire, nous n’avons pas de gros salaires », souffle Mathieu, qui vient de prendre la responsabilité de l’union locale de la CGT. « Cela fait deux mois, je ne pensais pas devoir organiser des manifestations, quelque temps après mon arrivée. Mais ça forge », note-t-il, sans se départir de son sourire.
Si la CFDT est au rendez-vous – bien que le doute subsistait jusqu’au dernier moment – FO est absente. Une absence qui interroge dans les rangs, voire qui agace certains. « C’est dommage, mais je ne peux pas parler pour eux », glisse subtilement le représentant de la CGT.
« Unis pour la même cause »
De son côté, Tatiana Fournier, responsable de l’antenne fertoise de la CFDT tente de se montrer compréhensive. « À la Socopa, je sais que les salariés FO voulaient venir, mais c’était une consigne départementale de se rendre directement au Mans et de ne pas se rendre sur les petits rassemblements », explique-t-elle au cœur du cortège.
Cependant, dans ce moment de lutte collective, elle veut oublier les couleurs des syndicats.
On est tous unis pour la même cause, il faut le garder à l’idée. Et c’est pour ça qu’on est dans la rue.
Avant de poursuivre, « avant ces rassemblements, mes collègues de la CGT, on se croisait et c’est tout. Mais il ne faut pas oublier que l’on est des êtres humains, il faut dialoguer. On se respecte, nous avons des idées qui se regroupent… »
Annick Surut, militante CGT de la première heure, ne fait pas tant dans la dentelle. « Ils ont certainement leurs raisons, que je ne comprends pas certes. Mais, nous, on est là », lance-t-elle l’œil malicieux.
Des soignants « en grève »
Retraitée depuis plusieurs années, l’ancienne aide-soignante fera tout pour les générations futures. « Moi la première, je n’ai pas attendu ma retraite à taux plein pour partir. À 58 ans, j’ai arrêté. »
Et sans détour, elle explique pourquoi. « Dans le milieu hospitalier, on fait déjà de la maltraitance passive, car on ne s’occupe pas assez de nos patients. Mais cela aurait pu se transformer en maltraitance active, tant j’étais usée, tendue… J’aurais pu envoyer balader quelqu’un, voire pire… J’ai donc préféré arrêter avant. »
Tout en précisant, « car j’avais un mari qui avait une retraite convenable en tant qu’agent de la DDE, sinon, seule, je n’aurais pas pu ».

Quelques mètres plus loin, plusieurs soignants sont au balcon, dans l’Ehpad Saint-Julien. Ils brandissent une pancarte en grève qui provoque la folie dans le cortège. Pendant ce temps, des résidents applaudissent des manifestants très bruyants.
Alors que la manifestation va bientôt toucher à sa fin, tout le monde a déjà les yeux rivés sur le 7 mars 2023
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