
Florence Corcuff va-t-elle décrocher une nouvelle médaille ? « Je l’espère. » Greffée d’un foie à l’âge de 4 ans – elle en a aujourd’hui 39 -, l’habitante de Quimper (Finistère) s’envolera pour l’Australie pour participer aux Jeux mondiaux des transplantés du 15 au 21 avril 2023.
Une compétition dédiée exclusivement aux personnes greffées qui ne lui fait pas peur : « J’ai déjà participé cinq fois à ces épreuves internationales », confie la championne qui va s’élancer dans le bassin pour cinq courses de natation (dont un relais).
52 pays, 3000 athlètes
Une première fois, d’ailleurs, déjà en Australie à Sydney en 1997, puis en Hongrie à Budapest, au Japon, en France à Nancy et au Canada en 2005. Sa dernière participation. « À chaque fois, c’était incroyable. En plus de la natation, à l’époque, j’étais aussi en lice pour le tir à la carabine. »
Et des médailles, elle en a ramenés des dizaines et des dizaines. Ses parents les gardent précieusement dans la maison familiale. « Elles sont accrochées sur un grand tableau », confie Claudine Corcuff, sa maman.

Mais voilà, avec les études à Bruxelles en Belgique, le fait d’avoir un travail et d’être maman (de deux enfants de 11 et 14 ans), « je ne pouvais plus assurer les déplacements à l’étranger. »
Les souvenirs des épreuves précédentes sont encore gravés dans sa mémoire :
C’était vraiment magique : l’ambiance, l’esprit d’équipe, les autres athlètes. On est dans un village avec la délégation française. C’est un monde à part, comme pour les Jeux olympiques. Il y a 52 pays représentés pour 3000 athlètes.
Malgré la compétition qui existe dans toutes les disciplines sportives, avec un haut niveau, « le cadre est bienveillant et il règne une franche camaraderie ».
« Une vie normale »
Pour comprendre son histoire, revenons en arrière. La pédiatre de l’époque annonce à la famille Corcuff que la petite Florence – après seulement trois semaines de vie – souffre d’une absence de voie biliaire, due à une malformation au niveau du foie. Un coup de massue.
Fort heureusement, on lui trouve un donneur compatible. Même si elle va – avec le courage exemplaire de ses parents – enchaîner les allers et retours entre Paris et Quimper, pour des contrôles à l’hôpital, Florence confie « avoir eu une vie normale ».
Aujourd’hui, elle doit seulement faire une prise de sang tous les six mois pour contrôler si tout va bien.
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« J’y vais pour gagner »
Cette année donc, sportive dans l’âme, la Quimpéroise a décidé de retenter l’aventure.
C’était toujours ancré en moi. Et là, je me suis dit : « allez, on repart ». J’avais encore envie de revivre les mêmes sensations. J’y vais pour gagner.
Sa participation est possible grâce au concours de l’association Trans-Forme, l’Association fédérative française des sportifs transplantés et dialysés. « C’est par le biais de cette structure que l’on peut s’inscrire pour les Jeux mondiaux. »

Comme l’explique Trans-Forme, « aucune sélection sportive n’est demandée pour rejoindre l’équipe de France. En revanche, les pré-requis médicaux sont rigoureux. Deux certificats médicaux, un du médecin de transplantation, un du cardiologue, et une épreuve d’effort sont nécessaires aux transplantés pour participer aux Jeux. Il leur est également demandé d’être entraînés et de certifier leur entraînement régulier ».
Même si ses derniers Jeux Mondiaux remontent à loin, la Finistérienne est affûtée puisque chaque semaine, elle enchaîne les cours de badminton et de natation. C’est sa préparation pour être au top en Australie. Pas question pour elle d’arrêter la pratique, elle est faite pour l’effort.
« Ca sera difficile, je l’imagine, puisque j’ai des adversaires en face qui ont un niveau très élevé comme les Britanniques ou encore les Américaines. Mais je vais tout donner. »
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Une cagnotte
Au sein de la délégation de l’équipe de France, Florence Corcuff pourra compter sur le soutien sans faille de sa mère Claudine. Inséparables, la maman et la fille partiront dès le 13 avril au pays des kangourous.
Puisque le déplacement et les frais inhérents à son voyage sont coûteux – 4000 euros par personne – Florence a lancé une cagnotte Leetchi afin de l’aider. « Les appels aux dons auprès d’organismes publics et privés n’ont rien donné », déplore la sportive.
Cette fois encore, Florence jettera toutes ses forces et son énergie pour se dépasser, et donner de l’espoir et de la vie.