
Pour la deuxième fois en moins de trois mois, les médecins généralistes de la maison de santé pluridisciplinaire de Gaillon (Eure) seront en grève ce mardi 14 février 2023.
Ces professionnels de santé répondent à l’appel des six organisations représentatives des médecins libéraux qui appellent à manifester alors que la proposition de loi sur l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé doit être examinée au Sénat.
« Nous sommes opposés à cette loi qui a pour but de combler le déficit en médecins en faisant travailler encore plus des généralistes, comme nous, qui sont déjà épuisés », explique le Dr Malika Hardy.
Aucun rendez-vous assuré mardi
Contrairement au mouvement de décembre 2022, les généralistes gaillonnais ont décidé un mode d’action plus impactant : « Aucun rendez-vous ne sera assuré, ni ceux programmés à l’avance, ni ceux en urgence. Quand on met un brassard en grève et que l’on assure nos rendez-vous, on ne nous écoute pas. Là, nous allons marquer le coup », souligne le Dr Laetitia Vincent, bien décidée, comme ses huit autres collègues, à aller manifester à Paris.
« Grâce au travail des secrétaires médicales de la maison de santé, les patients qui avaient des rendez-vous ce mardi ont été prévenus et leurs rendez-vous ont pu être décalés ».
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Neuf médecins généralistes en grève
Comme lors de la précédente grève, il ne s’agit pas pour les médecins de Gaillon d’oublier leurs patients et le fait qu’ils exercent dans un désert médical dans lequel 10 000 patients sont actuellement sans médecin traitant. « Nous sommes conscients des difficultés du secteur. À notre niveau, nous nous organisons pour tenter d’y pallier. Soit avec un planning pour les gardes du soir et du week-end, soit en s’organisant lorsqu’un collègue est absent », ajoute le Dr Hardy,
Et d’aller plus loin : « Cette loi va nous imposer des quotas annuels pour les gardes mais aussi nous rajouter deux consultations par jour directement fléchées par le SMUR. Cela revient à nous imposer un fonctionnement pour répondre à un problème sur lequel nous avons déjà mis en place des solutions. C’est une remise en cause de notre liberté d’adaptation », estime-t-elle.
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Le prix de la consultation, pas une préoccupation principale
Lors de la grève de décembre, la hausse de la rémunération avait été l’un des mots d’ordre les plus relayés dans les médias. « Ce n’est pas notre préoccupation première », assure le Dr Vincent. Pour autant, avec l’allongement des études, les généralistes sont considérés comme des spécialistes. De ce fait, « le prix de la consultation pourrait être aligné entre spécialistes et généralistes », rappelle le Dr Éva Gosselin.
« Ce que nous voulons, c’est davantage assurer le devenir de la médecine libérale et garantir l’accès aux soins de nos patients. Cette loi nous fait craindre le pire », conclut le Dr Hardy.