
Trois ans après son retour au club, Yannis Mancelle est proche d’un départ du Caen Handball. L’ailier, meilleur buteur du club en Proligue avec 5,2 buts par match en moyenne, sera en fin de contrat le 30 juin 2023. La tendance est très clairement à une non-prolongation. « La situation est au point mort, nous confie-t-il. Je n’ai pas reçu de proposition de la part du club. La balle est dans le camp des dirigeants. Moi, je fais ce qu’il faut sur le terrain. »
L’envie de rester, mais…
L’hiver n’avait pas encore sonné que Yannis Mancelle ouvrait le dossier de son avenir. Le trentenaire ne le cache pas : il aimerait finir sa carrière à Caen. Mais avec une revalorisation salariale conséquente. « J’ai fait un effort financier pour revenir au club, dit-il. Là, ce serait encore à moi d’en faire un. Il faut que cela fonctionne dans les deux sens. »
Deux passages à Caen
Yannis Mancelle avait rejoint Caen en 2017, lors de la première saison du club en Proligue, après huit ans à Oissel. « Il mérite de s’essayer au niveau supérieur », disait de lui Thomas Lamora. L’ailier avait joué en N3, N2 puis N1 en Seine-Maritime. Il découvrait le monde professionnel à 26 ans. Deux ans plus tard, Yannis Mancelle quittait Caen pour Limoges et son projet de montée en Starligue. L’objectif était atteint mais le temps de jeu du joueur avait été impacté par le recrutement d’un nouveau titulaire à son poste. Yannis Mancelle a manifesté son désir de revenir au Caen Handball, relégué en N1 dans l’intervalle, et qui constituait une solide équipe dans l’espoir de remonter rapidement. Il a très vite retrouvé les responsabilités majeures qui avaient déjà été les siennes lors de son précédent passage.
Yannis Mancelle avait renoncé à « 400 à 500 euros » par mois en passant de Limoges, avec qui il avait connu la joie d’une montée en Starligue, à Caen. Le Caen Handball était alors en Nationale 1 et la masse salariale de la quasi-totalité des clubs avait été impactée par la crise du Covid. Yannis Mancelle avait manifesté sa volonté de revenir dans le club où il s’était révélé en Proligue trois ans plus tôt. Il avait paraphé un contrat de trois ans durant l’été 2020.
Des exigences financières jugées impossibles à satisfaire
Le Normand aspire à poursuivre l’aventure, mais pas à n’importe quel prix. « Cela me semble normal et légitime au vu de ce que j’ai fait à Caen. » À l’inverse, ses exigences sont jugées trop élevées par son employeur.
Je ne conteste pas sa valeur. C’est une gâchette. On ne dit pas que Yannis ne vaut pas plus (que son salaire actuel, ndlr), mais on ne peut pas s’aligner sur ce qu’il nous demande.
Sauf improbable retournement de situation, Caen se prépare à perdre un joueur emblématique de son effectif. « Nous aurions aimé conserver Yannis, assure Thomas Lamora. Nous étions allés le chercher en Nationale 1. Il a très bien répondu sportivement. Il nous avait quittés pour un projet plus ambitieux à Limoges. Nous ne lui en avions pas tenu rigueur puisque nous l’avons repris. »
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Des discussions réduites
À l’heure où les effectifs se forment, les chemins semblent sur le point de se séparer. Thomas Lamora s’étonne du peu de discussions établies avec Yannis Mancelle et son entourage. « Les envies des joueurs de renouveler leur contrat se jugent souvent au nombre d’échanges avec les joueurs eux-mêmes ou avec leur agent. Dans le cas de Yannis, il y a eu très peu d’échanges… »
On s’est même demandé s’il n’avait pas déjà signé dans une autre formation sans que nous soyons au courant comme cela avait été le cas il y a cinq ans. Nous le respectons. Les joueurs vivent de leur activité, ce sont des professionnels, ils ont une carrière à gérer.

« On compte à l’euro près »
Yannis Mancelle expose un discours moins définitif.
Est-ce que je suis déçu ? Oui et non. C’est la loi du haut niveau. S’ils ne me proposent rien, tant pis. S’ils me proposent quelque chose de correct, c’est à voir. Mais s’il n’y a pas d’effort de leur côté, ça va être compliqué. On est dans l’attente.
Un effort impossible à fournir dans la proportion réclamée, aux dires de Thomas Lamora, qui déplore qu’il n’ait pas été possible de renouveller aux mêmes conditions. « On se bat tous les ans pour augmenter notre budget, rappelle-t-il. Nous sommes un club qui doit compter à l’euro près. Avec l’entrée dans le nouveau Palais des Sports, les évolutions financières des deux prochaines années vont plutôt être structurelles que sportives. On ne peut pas grossir partout. Il n’y a pas d’argent magique. »
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« Je ne sais pas tricher »
Caen n’entend pas augmenter de manière significative la masse salariale de son effectif. Quitte à voir partir un Normand très apprécié du public. « Quand on ne trouve pas de terrain d’entente, on fait d’autres paris. » Yannis Mancelle, qui espère être fixé « le plus vite possible », assure que la suite des événements n’aura aucun impact sur son rendement personnel.
Je ne sais pas tricher. Jouer des playoffs, c’est quelque chose. Je vais me battre avec les gars pour atteindre cet objectif. Je ne vais pas les lâcher.
Thomas Lamora n’a « aucune inquiétude » à ce sujet, lui qui avait immédiatement validé la proposition de Dragan Mihailovic d’attirer le joueur en 2017. « C’est un grand compétiteur, il l’a prouvé depuis toujours. » La saison prochaine, il continuera de le faire loin d’un club où, pourtant, il s’épanouit pleinement.