À Louviers (Eure), le conseil municipal des jeunes (CMJ) prend ses sujets au sérieux. Lors d’une session plénière organisée ce jeudi 9 février 2023 dans la salle Pierre Mendès France, les 32 jeunes élus issus des écoles élémentaires et des collèges de la cité drapière ont parlé harcèlement, racisme et solidarité. Ces thèmes forts ont alimenté les discussions des enfants pendant près d’une heure.
Stop au harcèlement scolaire
Axel fut la première à prendre la parole au sujet du harcèlement. La petite fille, avec aplomb, aborde un sujet grave que les enfants ont tous connu, soit parce qu’ils en ont été victimes, soit parce qu’ils l’ont vu auprès d’un camarade de classe.
Nesrine Ben Salem est animatrice référente du CMJ pour la Mairie. Elle a encadré les enfants.
On a travaillé sur le harcèlement scolaire, pas le cyberharcèlement. Les jeunes élus ont voté pour s’emparer de ce sujet.
Les enfants ont ainsi réalisé des dessins autour du harcèlement scolaire. Ceux-ci seront sélectionnés par le service communication et serviront de base à une campagne d’affichage qui aura lieu sur les panneaux de Louviers prochainement. « Sur ces grosses affiches, il y aura aussi un QR code qui renverra vers une vidéo créée à partir des micros-trottoirs réalisés par les enfants auprès de Lovériens, toujours sur le thème du harcèlement scolaire », précise Nesrine Ben Salem.
Les jeunes élus n’ont pas hésité à se confier.
J’ai un ami de ma classe qui a été harcelé pendant un an. Moi-même, quand j’étais en CE2, j’ai été harcelée par un garçon populaire. Tout le monde se mettait sur moi. J’en ai parlé, je suis allée voir un psy et le problème s’est arrêté.
Léon poursuit : « Moi aussi dans mon ancienne école je me faisais toujours harceler. Là, j’aimerais faire quelque chose pour que ça n’arrive plus à personne. »
Tous les enfants connaissent maintenant le numéro à appeler s’ils sont victimes de harcèlement (3020). Et ils insistent sur la nécessité d’en parler à des adultes et de ne pas se renfermer sur soi.
Le conseil municipal des jeunes, qu’est-ce que c’est ?
Les élections du conseil municipal des jeunes (CMJ) de Louviers ont eu lieu le 9 décembre 2021. En tout, 32 enfants étaient élus parmi six listes par leurs camarades de CM1 et CM2 des écoles des Acacias, Anatole France, Jules Ferry, Jacques Prévert, Jean Moulin, Saint-Exupéry et Notre-Dame Saint-Louis.
Étaient alors élus :
• Liste « Les verts en action » : Maelys AWONO, Victor BACHELET et Swann LANGENDOERFER
• Liste « Yable » : Layssa ACHBAKOU, Yassine KANEB, Ben-Rafael MADOUNGA, Léon SOMONT, Linaa PREVOT-SCHMITT et Fadwa FERIHI
• Liste « Protéger la ville » : Layana CHAKROUN, Marylou DUJARDIN, Oussama TALBI, Henri SCHIBINESS, Michel LHOMME et Mathéo VOISIN SAGNE
• Liste « Pour une ville meilleure » : Ciela TAPIE, Gabin DELORT, Aissata DIOP, Ryan BUQUET, Gaëlle JOURDREN et Soline TRANNOY
• Liste « Vivre une vie meilleure ensemble » : Louison VERGER, Ibrahim CISSE, Iliès SERNA, Axel PEUDEVIN et Selma BIOCHE
• Liste « Little citizen pour Louviers » : Arthur VARLOIS DESNANOT, Constant BLARD, Valentina GOJARD-GONZALES, Lina SADEQ, Alisse Maria BIZAU et Louisa DAHIREL
Au préalable, les candidats avaient suivi un séminaire le 17 novembre 2021. Objectif : les préparer à la campagne et à leurs futures fonctions.
Les 32 élus du CMJ devaient siéger pendant deux ans, soit jusqu’en décembre 2023. Leurs missions sont « d’être à l’écoute de leurs pairs et de proposer des projets à l’équipe municipale ».
L’équipe actuelle a été installée dans ses fonctions le 28 janvier 2022.
Lutte contre le racisme
Le deuxième débat était tout autant important. Le maire, François-Xavier Priollaud (MoDem), qui présidait la séance, a déclaré en préambule : « La lutte contre le racisme, c’est la définition de la tolérance. Il faut que chacun accepte que l’autre ne lui ressemble pas en tout point. »
On est pareils, on est tous des êtres humains. La couleur de la peau, on s’en fiche !
Le jeune Swann a lui-même été victime de racisme. Il a énuméré de grands noms comme « Nelson Mandela, Martin Luther King ou Rosa Parks ». Louise, de son côté, s’est confiée sur sa situation personnelle : « Moi, ça ne se voit pas, car j’ai la peau blanche, mais je suis Algérienne. J’ai déjà eu des remarques. »
La concrétisation du travail des enfants au sujet de la lutte contre le racisme n’est pas encore décidée. « Les enfants feront leur propre choix », précise l’animatrice du CMJ.
Solidarité
La dernière discussion était centrée sur l’exemple du jeune Ryan. Scolarisé à l’école Notre-Dame Saint-Louis (privée), il a organisé une collecte pour le Secours populaire. « J’ai eu plus de 55 boîtes », dit le jeune élu. Une initiative saluée par l’ensemble de ses collègues du CMJ.
