
Se voir sans voir. C’est l’expérience insolite que propose Christelle Augustink avec Black’Oz. Le concept est simple : les participants sont amenés à prendre part à toute sorte d’activités, qu’il s’agisse d’aventures en famille, de balades méditatives ou encore d’ateliers mêlant méditation et création. Tout cela en ayant les yeux bandés. Pourquoi ? Pour apprendre à se connaître. Après avoir conquis la région parisienne et le nord de la France, Black’Oz s’attaque depuis plus d’un an maintenant à l’Hérault.
Un concept initialement thérapeutique
Le projet Black’Oz n’a pas germé par hasard dans la tête de Christelle. Psychomotricienne de métier, elle a donné consultation sur consultation pendant une vingtaine d’années en hôpital psychiatrique puis en cabinet. Beaucoup de patients venaient consulter pour des problèmes liés à la gestion du stress. Christelle témoigne : « Je leur donnais quelques mouvements à exécuter les yeux fermés pour qu’ils soient en introspection sur leurs corps. ».
À lire aussi
- Montpellier : un jeu de piste et un défi pour sensibiliser à la pollution des mégots
Sa rencontre avec un petit garçon va pourtant tout bouleverser : « Un soir, un jeune patient est arrivé très excité au cabinet et aucun exercice de détente classique ne fonctionnait. Alors, j’ai eu l’idée d’un petit jeu où il incarnait un super-héros et devait trouver un maximum d’odeurs et de bruits dans le village les yeux fermés. Il est passé d’un petit garçon énervé à un petit garçon tout calme. ».
« Un soir, un jeune patient est arrivé très excité au cabinet et aucun exercice de détente classique ne fonctionnait. Alors, j’ai eu l’idée d’un petit jeu où il incarnait un super-héros et devait trouver un maximum d’odeurs et de bruits dans le village les yeux fermés. Il est passé d’un petit garçon énervé à un petit garçon tout calme. »
Après avoir testé ce concept auprès d’autres patients en leur proposant de petites missions à effectuer en ville les yeux fermés, la psychomotricienne a commencé à mettre en place de petites balades méditatives qui ont hélas été rapidement stoppées par la pandémie de Covid-19 : « Je me suis un peu éloignée du foncièrement thérapeutique pour aller vers le ludique afin que tout le monde puisse vivre des aventures les yeux fermés. ». Black’Oz est né !
Se voir sans voir
Balades méditatives, aventures en famille, contes de fées ou coucher de soleil à ressentir : Christelle propose à chacun évènement à son image. Toutefois, même s’il n’est pas évident de prime abord, l’aspect thérapeutique est bien là, enfoui quelque part. La fondatrice de Black’Oz reçoit souvent des demandes de la part d’entreprises pour une prestation adaptée à leurs besoins.
À lire aussi
- Près de Montpellier : quand la psychologie rencontre la création à des fins thérapeutiques
Elle se remémore un moment particulièrement fort : « J’ai effectué une prestation sur Paris où le chef d’entreprise m’a demandé de faire vivre à ses employés une journée de travail classique les yeux bandés. La productivité n’était certes pas au rendez-vous mais ils en ont tiré d’autres enrichissements. ». Fédérer une harmonie d’équipe autour de jeux pour favoriser les interactions ou apprendre au personnel à se détendre et à se déconnecter : Christelle sait y faire.
« J’ai effectué une prestation sur Paris où le chef d’entreprise m’a demandé de faire vivre à ses employés une journée de travail classique les yeux bandés. La productivité n’était certes pas au rendez-vous mais ils en ont tiré d’autres enrichissements. »
L’expérience Black’Oz offre ainsi bien plus qu’une simple aventure aux participants : une autre image d’eux-mêmes.
Un concept entre succès et surprise
À l’été 2020, Christelle commence à nouer des liens avec les offices du tourisme de Montpellier et de La Grande-Motte. Touchés par le concept, les deux établissements permettent au projet de voir le jour début 2021 et de lancer les premières activités. Plus d’un an après, le bilan est plus que satisfaisant : « Certains arrivent tout contents de vivre une expérience pas ordinaire et repartent tout aussi satisfaits. ».
Toutefois, la fondatrice de Black’Oz l’admet : « Au début, beaucoup sont un peu frileux et viennent accompagner ceux qui participent. ». Pourtant, au fur et à mesure de l’activité, l’effet de surprise s’installe jusqu’à convaincre. Christelle l’affirme : « Ils ont vu qu’il y avait une multitude de richesses intérieures dont on n’a pas connaissance ».
« Ils ont vu qu’il y avait une multitude de richesses intérieures dont on n’a pas connaissance »
Ce genre de situations se produit souvent lors des activités en famille, comme lorsque des parents ont le vertige et refusent d’abord de participer mais parviennent finalement à gravir les obstacles avec leurs enfants. Même chose pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer. Christelle explique que cela arrive fréquemment : « Les personnes âgées qui se déplacent avec une canne doutent beaucoup au début et ne veulent pas suivre leurs petits-enfants sur les parcours. Dès que je leur bande les yeux, que je les prive de la vue et qu’elles doivent seulement écouter, certaines arrivent à marcher sans leur canne. ».
« Les personnes âgées qui se déplacent avec une canne doutent beaucoup au début et ne veulent pas suivre leurs petits-enfants sur les parcours. Dès que je leur bande les yeux, que je les prive de la vue et qu’elles doivent seulement écouter, certaines arrivent à marcher sans leur canne. »
À lire aussi
- Montpellier : l’opéra Comédie en bleu pour célébrer les droits de l’enfant
Un projet mené de front
Pour mener à bien un projet d’une telle ampleur, Christelle est…seule. Parfois rejointe par son conjoint passionné par ses activités, elle fait tout de même appel à une petite équipe mobile qui vient prêter main forte pour de grosses prestations : « Quand j’ai des entreprises de plus de 300 personnes qui réservent une prestation, c’est sûre que je ne peux pas tout faire seule ! ». Pour le moment, cette équipe de renfort ne contient aucun professionnel de la santé ou de la motricité. L’idée ne tombe cependant pas aux oubliettes pour autant. Christelle s’explique : « J’ai le projet de former une équipe afin de leur donner toutes les clés pour gérer l’humain. ».
« J’ai le projet de former une équipe afin de leur donner toutes les clés pour gérer l’humain. »
Le juste prix
Les prestations de Black’Oz ne sont évidemment pas gratuites. Les prix varient en fonction du nombre de personnes et des moyens mis en œuvre pour organiser les activités. Christelle tient à apporter quelques précisions : « Par exemple, pour les balades méditatives, si elles sont suivies d’une dégustation à l’aveugle, le prix ne sera pas la même que pour une promenade seule ».
À lire aussi
- Montpellier : ils créent un jeu vidéo inspiré de la Flûte enchantée de Mozart !
Une balade méditative simple d’une heure et demie sans aucun matériel coûte 12 euros par personne. Inversement, pour un atelier mêlant méditation et création où les participants repartent avec leurs œuvres, il faut compter 40 euros par tête. Parfois, Christelle reconnaît recevoir de petits coups de pouce financiers pour organiser de grands évènements : « Les offices du tourisme me donnent des enveloppes pour que je puisse organiser pour eux des journées bien-être ». Néanmoins, les prix pratiqués restent relativement abordables. Une règle à laquelle la fondatrice est très attachée : « Faire en sorte que ça puisse être ouvert au maximum de gens, c’est vraiment une valeur qui m’est chère. ».
« Faire en sorte que ça puisse être ouvert au maximum de gens, c’est vraiment une valeur qui m’est chère. »
Alors n’attendez plus et osez vous plonger dans le noir le plus complet. Black’Oz quoi !